MAGALMA

 

LECTORIUM

 

 

 

Encore la boîte du bouquiniste ou le carton du libraire d'occasions. Tous genres et éditions pêle-mêle, c'est  l'éclectisme assuré. Un livre au hasard qu'on ouvre à une page plus ou moins quelconque et cette courte lecture qui s'ensuit, généralement de quelques lignes tout au plus. Curieux ou pas mal...Au fait de qui est-ce ? Alors en le refermant on regarde sur la couverture le nom de l'auteur et le titre de l'ouvrage. (Ici ces derniers, dans un même esprit et pour inciter peut-être aux devinettes, ne sont dévoilés que le lendemain).

 

 

Page  8  

 

n°240
 

       Le cri de Yahia fit se retourner Malko. - Patron ! II pivota sur lui-même, découvrant une étrange silhouette. Un Noir qui avançait vers lui d'une démarche chaloupée, coiffé d'un feutre sombre, le regard dissimulé derrière des lunettes de soleil en dépit de l'obscurité, le torse nu sous une longue redingote marron. Tout en marchant, il parlait tout seul et semblait très agité. Malko s'immobilisa, le dos à la porte de l'hôtel, de l'adrénaline plein les artères. Soudain, le Noir plongea la main sous sa redingote, en sortit un énorme couteau de cuisine et fonça en direction de Malko avec un hurlement sauvage.

 

Gérard de Villiers - SAS-Féroce Guinée (2013) - (roman)

 

n°239
 

       C'est dans le ciel qu'ils situèrent les demeures, les palais des dieux, parce que dans le ciel on voit le soleil et la lune accomplir leur révolution, parce que là sont la lune, le jour et la nuit et les graves astres nocturnes  et les feux errants du ciel et les flammes volantes, les nuages, la rosée, les pluies, la neige, les vents, la foudre, la grêle et les grondements soudains et les menaçants murmures du tonnerre.

         Ô race malheureuse des hommes, qui attribuèrent aux dieux  ces phénomènes et qui leur prêtaient des colères cruelles ! Que de gémissements il leur en a coûté, que de blessures pour nous, quelle source de larmes pour nos descendants !

 

Lucrèce - De la Nature (1er s. av)

 

n°238
 

       Dans la société grecque, les esclaves étaient-ils une classe ? La question est moins triviale qu'il n'y paraît peut-être, et la poser sous cette forme exige de la part de l'historien de la Grêce quelques éclaircissements.

        Notre conception moderne de la classe sociale me paraît liée à trois ordres de phénomènes bien distincts que j'énumérerai ici tout à fait empiriquement et sans choisir :

             - Une classe, c'est un groupe d'hommes qui occupent une place bien définie dans l'échelle sociale. C'est ce que nous exprimons en langage commun quand nous parlons de la "grande bourgeoisie" ou de la "petite bourgeoisie", de la prétendue "classe moyenne" ou des "classes inférieures". 

 

J-P Vernant / P. Vidal-Naquet - Travail et esclavage en Grèce ancienne (1985)

 

n°237
 

       Les grands poètes, les grands acteurs, et peut-être en général tous les grands imitateurs de la nature, quels qu'ils soient, doués d'une belle imagination, d'un grand jugement, d'un tact fin, d'un goût très sûr, sont les êtres les moins sensibles. Ils sont également propres à trop de choses ; ils sont trop occupés à regarder, à reconnaître, à imiter, pour être vivement affectés au-dedans d'eux-mêmes. Je les vois sans cesse le portefeuille sur les genoux et le crayon à la main. Nous sentons, nous ; ils observent, étudient et peignent. Le dirai-je ? Pourquoi non ? La sensibilité n'est guère la qualité d'un grand génie.

 

Diderot - Paradoxe sur le comédien (1773)

 

n°236
 

       Nous en sommes venus à parler, j'étais curieux de savoir comment il pouvait vivre de sa seule peinture, et j'ai alors appris à mon grand étonnement qu'il vivait du portrait. Il travaillait, me déclara-t-il, pour le tribunal. Je lui  demandai pour lequel. Ce fut alors qu'il m'en parla. Vous êtes mieux placé qu'un autre pour imaginer la stupéfaction que me causèrent ses récits. Depuis ce temps j'apprends toujours à chacune de ses visites quelque nouvelle de la justice et je finis par acquérir petit à petit une grande expérience de la chose.

        A dire vrai, ce Titorelli est bavard et je dois souvent le faire taire non seulement parce qu'il est menteur  - c'est indéniable - mais encore et surtout parce qu'un homme d'affaires qui ploie comme moi sous le faix de ses propres soucis n'a pas le temps de s'inquiéter des histoires des autres.

 

Franz Kafka - Le Procès (1926) - (roman)

 

n°235
 

       La mort du major Palgrave se transforma en un simple incident, un incident désagréable, sans doute, mais de ceux qui s'oublient vite. Le soleil et la mer continuèrent à occuper les estivants dont une macabre visiteuse avait interrompu les distractions, en projetant momentanément sur leurs jeux une ombre déjà dissipée. Après tout, personne n'avait bien connu le défunt, un vieillard plutôt bavard du genre de ceux que l'on rencontre dans les clubs.

          Après une existence vagabonde, sa femme disparue depuis de longues années, il était mort aussi solitaire qu'il avait vécu, ayant promené sa solitude partout où il y avait du monde, ce qui lui assura somme toute une vie agréable. Maintenant ce bon vivant n'était plus, enterré, dans une indifférence générale, et demain il n'y aurait personne pour lui accorder ne fusse qu'une pensée.

 

Agatha Christie - Le major parlait trop (1964) - (roman policier)

 

n°234
 

       L'autorité du droit jurisprudentiel est quelque chose de bien différent. Il ne s'agit pas de chose jugée au sens formel du mot, chose jugée qui, stricto sensu, ne va pas au-delà de l'espèce à propos de laquelle la décision juridictionnelle est intervenue, mais du fait que, lorsqu'une règle est affirmée avec constance dans une suite de décisions concordantes, elle sera appliquée selon toute vraisemblance dans d'autres espèces.

         Le " pouvoir normatif "  de la jurisprudence est assez mystérieux car, comme on va le voir, il s'oppose dans une large mesure à notre système de droit officiel et est d'autre part assez difficile à expliquer sur le plan des principes.

 

Georges Vedel - Droit administratif (1958) -(manuel juridique)

 

n°233
 

       Chaque corps de musique ne comptait pas moins de deux cents hommes ; mais l'ouragan de bruit que produisaient clairons, tambours, sistres, tambourins, et qui eût fait saigner les oreilles dans l'intérieur d'un palais, n'avait rien de trop éclatant ni de trop formidable sous la vaste coupole du ciel, au milieu de cet immense espace, parmi ce peuple bourdonnant, en tête de cette armée à lasser les nomenclateurs, qui s'avançait avec le grondement des grandes eaux.

 

Théophile Gautier - Le roman de la momie (1858) - (roman)

 

n°232
 

       -C'est pas commode ; j'ai essayé, en même temps que je faisais ma médecine ! Nous décrirons deux difficultés principales  : la première, c'est de trouver un théâtre. Vous ne savez pas comme ça peut coûter un théâtre : je parle d'un théâtre où le public peut aller, car avec un ami, on avait bien trouvé près de la barrière d'Issy une petite usine abandonnée qui aurait pu faire un théâtre , mais il n'y avait pas de route. On aurait pu la transformer, l'usine ; mais, dites-moi, quelle qualité de public passerait à travers champs pour voir du théâtre moderne ? Car notre théâtre était moderne, inutile de vous l'affirmer. Nous n'étions pas très sûrs, à vrai dire, de notre pièce non plus : c'était l'autre difficulté. 

 

Louis-Ferdinand Céline - L'église (1952) - (pièce en cinq actes)

 

n°231
 

       Louis avait promis aux Hollandais le secours de sa flotte renaissante, une trentaine de navires. Il fallait d'abord la réparer car la Barbaresque l'avait fort abîmée : l'année 1665 passa ainsi.  En fin avril 1666, Beaufort quitta Toulon pour rejoindre Ruyter ; en juin, il attendait près du Tage la duchesse de Nemours, que Louis XIV avait promise au roi du Portugal.

        La fiancée n'arrivant pas et les portugais ne pouvant ravitailler l'escadre, on revint en Méditerranée : retard imprévu sans doute mais heureux. Enfin, après s'être grossie de quelques vaisseaux à La rochelle, la flotte jeta l'ancre à Brest en fin août. Dans l'intervalle, Anglais et Hollandais s'étaient infligés chacun une défaite navale.

 

Pierre Goubert - louis XIV et vingt millions de Français (1966)

 

n°230
 

       La description du comportement des animaux est une préoccupation constante des zoologistes soucieux de faire une étude monographique, aussi complète que possible, de chaque espèce. Les psychologues, de leur côté, à travers une approche plus expérimentale, ont cherché dans le monde animal, des modèles humains.

        Cependant, au cours de ces dernières décennies, l'éthologie s'est épanouie à travers la violente querelle opposant les défenseurs de l'origine innée ou acquise du comportement, la polémique actuelle de la sociobiologie n'étant qu'un nouvel épisode de ce débat. 

 

L'animal et son univers - Raymond Campan (1980)

 

n°229
 

       "Où voulez-vous aller, malheureux ? Quelle envie de connaître ces maux, d'entrer en ce manoir, où Circé, de nous tous, va faire des pourceaux, des loups ou des lions, pour lui garder, bon gré mal gré, son grand logis ? Avez-vous oublié le Cyclope et l'étable où s'en furent nos gens, lorsque ce même Ulysse, en brave, les suivait; n'est-ce pas sa folie déjà qui les perdit ?"

          Il disait. En mon coeur, j'hésitai : j'avais là, sur le gras de ma cuisse, mon glaive à longue pointe ; allais-je le tirer et, d'un seul coup, envoyer sa tête sur le sol, quoiqu'il fût mon parent, et même des plus proches ?... Mais tous mes compagnons, de leurs mots les plus doux, à l'envi me retinrent. 

 

L'Odyssée (chant X)- Homère (fin 8è s. av.)- (Epopée)

 

n°228
 

       Mais les animaux qui vivent dans le sein des eaux, surtout des eaux marines, et, en outre, toutes les races de petite taille qui habitent à la surface de la terre et qui respirent l'air sont à l'abri de la destruction de leur espèce de la part de l'homme. Leur multiplication est si grande et les moyens qu'ils ont de se soustraire à ses poursuites ou à ses pièges sont tels qu'il n'y a aucune apparence qu'il puisse détruire l'espèce entière d'aucun de ces animaux.

        Il n'y a donc que les grands animaux terrestres qui puissent être exposés du fait de l'homme à l'annéantissement de leur espèce. Ainsi, ce fait peut avoir eu lieu ; mais son existence n'est pas encore complètement prouvée.

 

Lamarck - Philosophie zoologique (1809)

 

n°227
 

       Les inconvénients sont vite apparus lorsque s'est posée la question de la restauration du Saint-Sépulcre. En application de l' Antiquities Ordinance du 31 décembre 1929, la Puissance mandataire, à la suite d'un tremblement de terre qui avait ébranlé le monument, l'avait fait examiner par un architecte officiel, William Harvey, qui avait conclu que le sanctuaire était menacé d'écroulement.

        Les conclusions de l'examen contradictoire auquel s'était livré Marangoni, architecte de Saint-Marc de Venise, agissant au nom de la Custodie, avaient été moins pessimistes, il s'était borné à préconiser la pose de témoins. Néanmoins l'Angleterre, après avoir tout un temps interdit les cérémonies au Saint-Sépulcre à cause du danger, avait fait appliquer à l'extérieur du monument une hideuse armature métallique et avait fait étayer l'intérieur par une forêt de charpentes.

 

Bernardin Collin - Les Lieux Saints (QSJ n°998) (1969)

 

n°226
 

       Au Nord du Thérain, une forte parenté picarde : ces champs à perte de vue, ces parcelles en lanières, tous ces méteils et tous ces moutons sur un plateau limoneux où se serrent les villages. Quelque chose d'austrasien dans ces forêts-frontières où couraient les chasses royales, dans cette forte densité de monastères, de prieurés, de chapitres, d'hommes, de pierres d'Église ; un comte-évêque, seigneur laïque et personnage politique autant que grand prélat, qui rappelle d'autres comtes-évêques, évêques-ducs ou princes-évêques, tous groupés sous des latitudes semblables, ou un peu plus élevées.

        Le travail textile, actif, incessant, à la fois très urbain et très rural,lanifice ou mulquinerie, évoque invinciblement la Flandre, l'Artois, le Cambrésis, , la Picardie, terre de tous les tisserands. 

 

Pierre Goubert - Cent mille provinciaux au XVIIè siècle (1977)

 

n°225
 

       Dans la pratique, tantôt il est nécessaire d'obtenir un résultat numérique avec une grande précision, c'est à dire de savoir le dgré d'approximation du résultat, lequel n'est presque jamais rigoureusement exact ; tantôt, au contraire, on tient surtout à obtenir  le résultat avec rapidité en sacrifiant un peu la précision. Nous avons essayé de fournir aux lecteurs, dans ces deux cas, un outil commode et sûr. 

 

Emile Gau - Calculs graphiques et numériques (1928)

 

n°224
 

       Dans une bibliothèque d'oeuvre, de société, de village, etc. , où tout le monde se connaît, il n'y a pas lieu de prendre de précautions spéciales avant de prêter des livres aux lecteurs.

        Mais dans le cas d'une bibliothèque municipale, par exemple, lorsqu'on n'exige pas le versement préliminaire d'un dépôt représentant la valeur moyenne du nombre de livres prêtés, il est préférable de demander au lecteur, au moment de l'inscription, la présentation d'une pièce d'identité officielle qui prouve qu'il habite bien à l'adresse qu'il donne (quittance de loyer, certificat du concierge visé par le commissariat de police, etc. ).

         La demande de référence est peut-être une précaution illusoire, car le lecteur décidé à tromper donnera le nom d'une personne quelconque, qui ne le connaît peut-être pas. Il semble que la production d'une pièce d'identité soit une garantie suffisante.

 

C.H. Bach - Petit guide du bibliothécaire (1941)

 

n°223
 

       He just hurt. The idea that as long as he was right he couldn't be touched, no longer held. There was more vulnerability in his life now, and a push, perhaps, closer to the line between skepticism and pessimism.

        But he could not, he would not, allow his own self-interests to hurt John Kennedy. His love for Kennedy was so strong. J.F.K. was his friend . For the patriotic American dreamer, this is the ultimate compliment : the President of the United States  was his friend. During the 1960 campaign, J.F.K. had stayed at our Palm Springs home and afterwards Dad put a gold plaque on the door of the little guest room : "John Fitzgerald Kennedy Slept Here. "

 

Nancy Sinatra - Frank Sinatra my father (1985)

 

n°222
 

       Pan a souvent été confondu dans la littérature avec Faunus et Sylvain. Plusieurs auteurs les ont considérés comme une même divinité sous ces différents noms. Les Lupercales même étaient célébrées en leur triple honneur confondu. Cependant Pan est le seul des trois qui ait été allégorisé, et regardé comme le symbole de la Nature, suivant la signification de son nom.

        Aussi lui met-on des cornes, pour marquer, disent les mythologues, les rayons du soleil ; la vivacité de son teint exprime l'éclat du ciel ; la peau de chèvre étoilée qu'il porte sur l'estomac représente les étoiles du firmament ; enfin ses pieds et ses jambes hérissés de poils désignent la partie inférieure du monde, la terre, les arbres et les plantes.

 

P.Commelin - Mythologie grecque et romaine (1960)

 

n°221
 

       Parmi les objets découverts à Pincevent, il existe un certain nombre de fossiles marins : gastéropodes, brachiopodes, échinodermes, dents de requin, bélemnite... plusieurs de ces objets sont perforés pour la suspension ou la fixation. Ces fossiles ont été recueillis par les Magdaléniens dans des sédiments du secondaire ou du tertiaire.

        Les Magdaléniens de Pincevent n'ont jusqu'à présent laissé que de très minces documents artistiques, la tête d'un bâton percé ornée d'incisions géométriques et quelques fragments de schiste marqués d'incisions.

 

André Leroi-Gourhan - Le fil du temps (1983)

 

n°220
 

       Vers 1640, le Français Roberval enseigne une méthode pour tracer les tangentes (touchantes) à une courbe :

          " -Axiome : La direction du mouvement d'un point qui décrit une ligne courbe est la touchante de la ligne courbe en chaque position de ce point-là.

              -Règle générale : Par les propriétés spécifiques de la ligne courbe (qui vous seront données), examinez les divers mouvements qu'a le point qui la décrit à l'endroit où vous voulez mener la touchante : de tous ces mouvements composés en un seul, tirez la ligne du mouvement composé, vous aurez la touchante de la ligne courbe. "

 

François de Gandt - Penser les mathématiques (1982)

 

n°219
 

       J'ai l'honneur de solliciter de solliciter de votre bienveillance d'être admis à faire partie du syndicat de l'émission des valeurs à lots... J'ai groupé à cet effet un certain nombre des meilleurs banquiers des quartiers populeux de Paris, vendant de préférence des valeurs à lots, Crédit Foncier, Ville de Paris, etc. et dont l'action spéciale auprès de la petite épargne s'est en outre affirmée dans tous les emprunts de Panama par le placement d'un très grand nombre de titres...

        C'est par une publicité et une propagande de quartiers très active que j'ai la certitude d'arriver à placer un grand nombre des obligations à émettre, avec le concours des banquiers et changeurs groupés par mes soins... Je vous prie de bien vouloir me faire savoir en outre quelle commission maximum pourra nous être accordée par titre placé...

 

Jean Bouvier - Les deux scandales de Panama (1964)

 

n°218
 

       L'Antiquité n'ignorait pas les phénomènes électriques. Le terme même d' " électricité "  vient du grec elektron , qui désigne l'ambre jaune, l'une des nombreuses susbstances qui ont la propriété de s'électriser par frottement. Au fil des siècles, bien des naturalistes ont tenté de percer le secret de cette étonnante force naturelle, mais sans grand succès jusque vers la fin du 18è siècle.

        Il faudra en effet attendre les célèbres expériences du physicien  italien Luigi Alonsio Galvani (1737-1798) qui s'aperçut - lui ou sa femme ? - que les pattes de grenouilles fraîchement  tuées, se contractaient à la moindre étincelle produite par le conducteur d'une machine électrique  à proximité duquel les grenouilles avaient été suspendues à un fil de cuivre.

 

Les machines - Trésors des mécanismes (Hatier) (1984)

 

n°217
 

       Aspasie ne faisait pas mystère de son goût pour la société des hommes, aussi ses adversaires ne l'accusèrent pas d'être une tribade, mais une " putain de Milet " venue à Athènes pour s'enrichir de la prostitution  et pour préparer les jeunes filles qui fréquentaient son école à vivre dans les bordels d'Athènes  et d'ailleurs. Mais personne ne déniait à Aspasie sa grande expérience amoureuse et son aptitude exceptionnelle à enseigner l'amour. Les leçons d'Aspasie faisaient sensation.

        Son école était fréquentée par les filles et les femmes des familles distinguées, pour qui il eût été peu séant de participer à l'enseignement philosophique des hommes. Il y venait aussi des philosophes curieux de savoir ce qu'avait à dire une femme sur les problèmes controversés de l'existence. On disait que même Anaxagoras comptait au nombre des auditeurs, lui qui dans son livre De la Nature avait mis en doute la divinité du soleil et l'avait décrit comme une masse de feu formée de " spermata " ardents.

 

Paul Frischauer - La sexualité dans l'Antiquité (1969)

 

n°216
 

       " -Tu as encore trop mangé , dit-il, demain je te ratnionnerai. " Puis se tournant vers moi :-

        " -Allons !  à toi maintenant. "  Je fis trois ou quatre pas en arrière pour me mettre hors de la portée du fouet.

        " -Là-dedans ? " dis-je.

        " -Pas encore, mon garçon, montre-nous seulement ce que tu peux et saute-moi ce fossé-là."  Il était large et profond le fossé ; je sautai deux pieds plus loin qu'il n'était nécessaire. Lapolade se montra très satisfait et déclara que je réussirais dans le trapèze.

 

Hector Malot - Romain Kalbris (1869) - (roman)

 

n°215
 

       Il pouvait être midi. Le ciel faisait ses arrangements à lui mais sans s'occuper de nous. Dans le chalet, ils ont essayé encore d'ouvrir la bouche aux bêtes suspectes, empoignaient d'une main leur mufle rose, introduisant les doigts de l'autre main entre leurs dents, tandis qu'elles meuglaient ; là-haut, le ciel faisait ses arrangements à lui. Il se couvrait, il devenait gris, avec une disposition de petts nuages, rangés à égale distance les uns des autres, tout autour de la combe, quelques-uns encapuchonnant les pointes, alors on dit qu'elles mettent leur bonnet, les autres posés à plat sur les crêtes.

         Il n'y avait aucun vent. Le ciel là-haut faisait sans se presser ses arrangements ; peu à peu, on voyait les petits nuages blancs descendre. De là-haut, le chalet n'aurait même pas pu se voir avec son toit de grosses pierres se confondant avec celles d'alentour, et les bêtes non plus ne pouvaient pas se voir, tandis qu'elles s'étaient couchées dans l'herbe, et elles faisaient silence.

 

Ramuz - La grande peur dans la montagne (1926) - (roman)

 

n°214
 

       La maîtrise de la qualité est intégrée à la maîtrise des coûts et à celle des délais ; en d'autres termes, il faut la voir comme la " facette qualité " de la maîtrise intégrée du triptyque Qualité-Coût-Délai (QCD). Le lien de la qualité avec le coût sera examiné plus loin.  Qualité et délai, également, sont liés. Si la qualité est mal maîtrisée, la correction d'anomalies peut entraîner des prolongations de délais : si le délai accordé pour le développement d'un produit est trop court, il court le risque d'en souffrir.

 

Lucien Cruchant - La qualité (QSJ n°2779) (1993)

 

n°213
 

       La mise au ban du paradis est, dans sa majeure partie, éternelle : donc, la mise au ban du paradis est certes définitive et la vie dans ce monde inévitable, mais l'éternité du processus rend tout de même possible que non seulement nous puissions être au paradis en permanence,  mais qu'en plus nous y soyons effectivement  en permanence, indifféremment du fait que nous le sachions ici ou pas.

 

Franz Kafka - Les aphorismes de Zürau (1918)

 

n°212
 

       A travers les fouilles, ce qu'on voudrait retrouver, c'est le "Parisien de Lutèce", savoir comment il vivait, ce qu'il pensait, quels étaient ses métiers. Il y avait naturellement  des hommes riches et puissants, en majorité sans doute les commerçants et mariniers que j'ai déjà évoqués. Ils possédaient de belles maisons dans les parages du Jardin du Luxembourg et même des villas de campagne aux environs, comme par exemple sur la colline de Montmartre. Ils participaient à la construction des thermes ou à celle de l'amphithéâtre où ils faisaient orgueilleusement graver leur nom sur les gradins.

 

Henri-Paul Eydoux - Promenades dans la France antique (1965)

 

n°211
 

       A l'approche de la naissance attendue, les dieux interviennent à nouveau pour que tout se déroule conformément aux désirs d'Amon-Rê. La reine est conduite à une chambre spéciale prévue pour l'accouchement par les deux divinités responsables de la création de l'enfant, Khnoum, le dieu à tête de bélier, et Héket, la déesse à tête de grenouille que l'on voit, sur le bas-relief du temple, marcher la main dans la main avec la reine, discrètement enceinte.

         D'autres dieux se joignent à eux et c'est finalement Amon-Rê qui dirige la procession dans l'étape finale aboutissant à la chambre d'accouchement. Arrivée dans cet appartement, Ahmès est confiée aux soins de Meskhénet, déesse de la naissance . Elle siège sur un trône haut placé dans la pièce et l'accouchement se fait sur un grand lit à pattes de lions. 

 

T.G.H. James - Mythes et légendes de l'Egypte ancienne (1969)

 

 

 

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