TLS

Tirettes-Labyrinthes-Souvenirs

 

Tirettes-Labyrinthes de Souvenirs exacts ou ajustés à des fins de reconstitution totale ou partielle, souvent aléatoire ou décalée, d'un passé incertain et qui devra le rester.

(Page-tableau toujours en cours. En cours tour à tour de continuation, stagnation, répétition, retour en arrière, bond en avant, clarification ou obscurcissement de sens (ou de lumière),  dans un prolongement souhaité sans fin des tirettes...

C'est donc un peu  si on veut une sorte de bloc-notes mais surtout pas un brouillon malgré le manque d'ordre et l'apparent laisser-aller de la présentation ou la qualité souvent médiocre des images rarement aux normes

de l'alignement ou de la continuité. Et ce n'est pas non plus un album !

Ce serait plutôt du tout-venant, du attrapez-moi ça au passage,  et comme en plus ça vient de loin ! Oui c'est bien ça, des tirettes-surprises, labyrinthes quoi...

Et pour mieux s'efforcer de rameuter du plus loin les bribes d'un passé incertain ou problématique, Tom Reg se place intérieurement comme sous le feu de questions au cours d'une sorte d'interrogatoire le sommant de cracher le morceau

comme s'il avait quelque chose à avouer ou à faire enfin resurgir en pleine lumière après bien des atermoiements et des faux-semblants...De quoi s'agit-il au juste ?

Pas facile à dire car on est assez souvent en présence de plus ou moins vagues réminiscences qui bien que parfois encore vives ou semblant l'être, s'apparenteraient plutôt à des renvois d'images brutes, mal digérées ou ne pouvant l'être. Et des renvois

spontanés par l'effet d'une sorte de  mécanisme de remugles sur lequel TR semble n'avoir aucun pouvoir. Il s'en repaît malgré lui, réingurgite tout ça et passe à l'image suivante comme si de rien n'était ! 

On aura peut-être remarqué qu'aucune démarche  du genre exploration psychanalytique de quoi ou de qui que ce soit n'a été mise en oeuvre dans ce procédé pour l'instant totalement inédit et pour tout dire engendrant à chaque instant son

propre mystère ou plutôt n'arrivant jamais à résoudre entièrement ses contradictions, progressant par à-coups, par secousses non-programmées voire non-voulues, perpétuellemnt à la recherche d'une improbable logique ou d'un non-sens

plus ou moins maîtrisé ou quelque peu réorienté, éclairé différemment, présenté sous l'angle de nouveaux rayons !

Oui c'est l' impression pénible qu'on rencontre parfois dans les cauchemars quand on n'arrive pas à avancer suffisamment vite, qu'on se traîne comme ankylosé quand derrière soi une menace, souvent indéfinie ou changeante,  est en marche.

Mais on aura bien senti qu'il s'agit avant tout de retarder le plus possible le moment fatal de cracher le morceau !  Car si ce n'est pas tout à fait une enquête policière, c'est tout comme. On se sent vite enserré dans un  flot de présomptions à son encontre qui met

mal à l'aise, qui fait redouter le pire pour la conclusion. C'est pourquoi ces méandres interminables, ces retours en arrière inconsidérés, ces atermoiements à chaque carrefour. C'est une drôle de route !

 

 

Café brûlant à Marrakech  
-C'est un souvenir déjà ancien ?

-Non, pas vraiment...pas tant que ça...

 

-Alors voilà ce que nous avons déjà trouvé...Cela vous dit-il quelque chose ?

-Oui un peu... peut-être...mais c'est très vague...

-Bien et là, cela se précise-t-il?

-Légèrement mais ça reste vague...cela s'estompe encore davantage, voyez-vous...Peut-on agrandir ?       

-Non. On ne peut que passer au suivant.

-Toujours?

_Non mais la plupart du temps c'est fixé.

-Donc plus loin ou plus en avant si vous voulez, plus avant aussi par conséquent, j'ai ceci qui pourrait vous aider...Alors ?

-Oh non alors vraiment pas! Sauf l'ombre peut-être en bas à droite. C'est une église?

-Là où nous sommes peut-être, à moins que vous vous trompiez sur vos destinations passées, je doute que cela puisse constituer une église !

-Oui vous avez raison c'est une ombre d'église projetée par un bâtiment qui n'en est pas une . Nous ne sommes pas en Occident !

-Je ne vous le fais pas dire. Avançons néanmoins.

 

-Est-ce plus clair ? Vous en sortez-vous ?

-Ah non mais là c'est inconcevable, impossible que j'ai pu me trouver dans un endroit pareil. Et surtout à quelle occasion ? C'est de la moquerie ! Agrandissez !

-C'est pourtant bien toujours le même endroit ! Regardez...

 

-" A peine décalé, ce nouvel avatar de vos manigances passées pourrait-il vous être d'un quelconque secours ? Nous sommes à Genève peut-être dans les années 50, vous seriez sur le trottoir en bas à gauche allant ou venant il faut voir. Et vous remarquerez qu'il n'y a personne d'autre, pas de voiture non plus.

-S'il n'y a pas de voitures comment savoir si nous sommes bien dans ces années-là ?Les deux camionnettes que l'on voit ne font pas l'affaire.

-Elles paraissent abandonnées depuis longtemps...

-Oui c'est bien Genève autrefois mais je ne me reconnais pas dans ce virage incertain du trottoir où je ne passais jamais, ma tante habitant oui l'immeuble  au fond que l'on voit c'est vrai, en partie, sur la gauche, plus petit que l'autre, six étages au lieu de huit...

-"Visez un peu à présent ceci...cette silhouette avec deux ombres, si ce n'est pas de la bispectrie selon vous qu'est-ce au juste ?

-"On en voit qu'une mais il y  a deux personnes, et pour nous seulement, dans le prolongement l'une de l'autre !

-"Peut-être, peut-être...mais derrière ce n'est pas vous ?

-"Comment pourrais-je me trouver là dans cet endroit qui semble montagneux ?

-"C'est Zermatt en Suisse, vous y êtes allé à dix ans avec votre tante, pourquoi n'y seriez-vous pas retourné ?

-"J'y suis allé pour les vacances de Pâques 1960, oui je me souviens parfaitement. Ma tante Taty m'avait acheté des lunettes de soleil et une paire de jumelles pour regarder le Cervin ! Je n'y suis pas retourné depuis."

-Bon, bon, ce n'est peut-être pas vous alors, mais vous y êtes revenu par la suite, cette fois-ci avec vos parents et en août 1968 ! Pour nous, vous êtes peut-être en bas à droite en train de sortir de la photo !

-On ne peut pas être partout à la fois sans franchir des limites, sans s'éclipser quelque peu...  

-Il n'y a pas grand monde sur vos photos !

-Mes photos, mes photos, comme vous y allez ! Ce sont vos souvenirs ! Vos souvenirs visualisés ! Vous avez sans doute cheminé enfant sur ce trottoir que l'on voit ici sous le crènelage tout juste visible, entre les arbres, des Dents du Midi !

- 3260m !

- Ah vous voyez que c'était bien vous !

-Ce n'est pas daté, vous n'en savez rien !

      -"Alors là ne me dites tout de même pas que c'est moi ! Vous me prenez pour la statue du Commandeur ?  C'est une statue ! Oui, debout, à pied sur la place si vous voulez, mais immobile, parfaitement immobile. Mais je reconnais qu'il est assez étrange qu'il n'y ait personne, absolument personne d'autre sur cette grande place de Madrid...

-Pourquoi personne d'autre ? Vous voyez bien que c'est vous ! Ou alors dites il n'y a personne sur cette place de Glasgow...

-Franchement vous m'agacez avec vos subtilités de langage.Vous voyez bien que je ne sais pas où c'est, ni où je suis ! Ce n'est pas moi !

-On cherche à vous localiser quelque part et vous n'êtes pas content !

  -Là tout de même vous reconnaissez ! Coucher du soleil -20h-début septembre-Où étiez-vous exactement ?

-Tout dépend de l'année...cela remonte parfois très loin...Décidez-vous je n'ai pas que ça à faire...Qui pourrait croire que c'est moi qui vous interroge en réalité ! Mais comme vous ne savez rien ou presque, j'ai décidé que c'était moi qui répondrais, qui essaierais de répondre...faisant à mon habitude les questions et les réponses...

-Comme votre solitude l'exige. Ce n'est pas que nous ne savons rien c'est que nous ne trouvons rien, rien de vraiment valable vous concernant...

-C'est toujours ça de gagné car je n'ai aucune confiance en vous.En tout cas cette fois-ci vous avez bien obtenu un agrandissement : c'est la même qu'à gauche et en couleur non ? Comment avez-vous fait ?

-Ce n'était plus fixé, cela s'est agrandi tout seul...

-Mais oui c'est un vrai souvenir d'enfance cette fois-ci, il n' y a aucun doute et le mien certainement ou très similaire, très approchant...On ne peut pas rapetisser un peu ? C'est presque trop fort !

-On va retomber dans le nocturne et perdre l'année !   

-Et là on pourrait croire qu'au fil des saisons vous vous laissiez glisser parfois...

-Oh alors là, si vous voulez me voir partout, vous finirez par me voir partout...

-C'est déjà un peu cela...à cause de la multiplicité extrême de vos souvenirs !

-Ah vous voyez bien que là je n'y suis pas ! Il n'y a personne !

-Il n'y a personne mais c'est peut-être vous qui regardez ! Qui voyez.

-C'est à Saas-Fee et je n'y suis jamais allé ! Ni avec ma tante à l'époque ni plus tard tout seul !

-Comme un grand !

-Exactement, comme un grand. Toujours comme-un-grand, partout.  D'où le malaise, le malentendu perpétuel !

 
                                 
La nuit du grand feu et des lampions.      
-C'est à vous.

-Ah oui c'est vrai...

-Regardez ceci...

- ...J'ai déjà vu cela !

- Forcément c'est un souvenir...

-Encore un ?

-Il n'y a ici finalement guère que des souvenirs. Je vous signale également que ce sont théoriquement  les vôtres.

-D'où la difficulté.

-Je ne vous le fais pas dire ! Les vôtres qu'on essaie d'extirper d'on ne sait trop où ni trop comment...

-Cette incertitude, tout compte fait, vous honore. Elle est sans doute la marque de votre objectivité ou en tout cas d'une absence de rouerie de votre part dans votre tentative plutôt méritoire de m'approcher à travers un passé nébuleux...

-Vous habitiez là-bas, ou plutôt là-haut, enfant, le pays des nuages...

-En été seulement et en juillet. Aussi malgré l'altitude, les nuages n'étaient pas majoritaires. Du reste, j'ai encore sur la peau, tout en haut des bras, un fin granulé qui atteste d'anciennes brûlures dues au soleil des montagnes, bien plus cuisant que celui d'en bas...Regardez.

-Bon bon, admettons que ce soit bien en juillet et que celui d'en haut soit plus chaud que celui d'en bas. Mais il y a un détail que vous n'avez pas su voir. Aussi avons-nous procédé à un agrandissement partiel de cette image d'apparence pourtant bien anodine, insignifiante...

-Seulement j'y ai passé mes premières vacances d'enfant et sans mes parents ! Et pour moi il en reste la marque quelque part dans ce paysage même...Ce sont les Dents du Midi* savez-vous ? Et donc nous ne sommes pas loin non plus de la Tête à Pierre Grept*et même du Grand Chamossaire* au-dessus de la Barboleuse ! On ne les voit guère mais c'est toujours là tout autour et en moi...Comment expliquer cela ?

-Chutt! Chutt! Regardez plutôt ce qu'on a découvert par l'effet d'un simple agrandissement...Là-haut, à droite, à côté de l'autre...

-Là-haut ?

-Oui là-haut à côté. C'est un peu flou et puis dépêchez-vous, cela peut parfaitement s'en aller !

 

* exact (3260m)(2904m)(2110m)

-Ah oui effectivement  je n'avais pas remarqué ce détail de l'enseigne Kodak...

-Un peu délabrée mais toujours significative, non ? Cela ne vous rappelle rien ?

-J'observe que juste au-dessus, la cloche du lampadaire me fait penser à la lampe de mon agrandisseur de photo. Ce n'est pas un hasard ?

-Certainement pas...Du reste regardez un peu la suivante, juste à côté...Vite, elle s'en va.

-Oh vous y êtes retourné la nuit ! Car c'est bien le même endroit n'est-ce pas?

-Oui le même, la nuit. Vous voyez que le soleil a disparu.

-C'était donc le soleil. Et la lampe de mon agrandisseur s'est allumée s'y substituant...

-C'est cela, si vous voulez.

-Je constate que l'enseigne a disparu ou c'est tout comme. Alors ce n'est peut-être pas le même endroit...

-Si si, mais ce n'est sans doute pas à la même époque. Et cela se situe probablement longtemps après la première. Vous voyez, le dernier K a fini par tomber. Vous aviez remarqué qu'il penchait ?

- Bien entendu, il penchait déjà quand j'étais petit et que nous passions devant les jours de pluie pour aller au cinéma voir "Lassie chien fidèle" ou "Les étoiles de midi" !

-Oui, il est tombé et a entraîné les autres lettres avec lui ! Il n' y a plus rien.

-C'est une librairie à présent dirait-on,  et ils ne vendent sans doute plus de pellicules photo ! Mais je pourrais peut-être y retrouver les cartes postales de mon enfance. Car elles sont bien quelque part, alors pourquoi pas là ?

-Je vous indiquerai l'adresse de ce lieu. Elle a changé. De toute façon vous n'y êtes jamais allé. C'était encore un autre endroit !

-Des dizaines de cartes postales avec à chaque fois, une fois par semaine et chaque année pendant sept ans, exactement le même texte. "Je dors bien je mange bien, je m'amuse bien".

-C'est le ton habituel du courrier en pareil cas. Pas question d'y changer un seul mot. Essayez et vous verrez !

-On vient vous tirer de la sieste sous les noisetiers pour vous faire recommencer l'ouvrage et surtout le modifier. J'ai dû remplacer pour ma part "je m'ennuie un peu" par "je m'amuse beaucoup", "je n'ai pas très faim" par "je mange comme quatre" et "j'ai du mal à dormir" par "je dors très bien" sur une carte postale toute neuve, l'autre étant déchirée sous vos yeux...

-Vous voyez, vous avez été contraint de revenir à la conformité la plus stricte et en fin de compte pour votre bien...

-Oui car c'était dû à la mélancolie du   premier soir, mais dès le lendemain ce qu'on me faisait réécrire était déjà redevenu réalité...et chaque année ou presque c'était la même chose. Tout de même, qui dira la mélancolie du soir dans ces montagnes quand les neiges et les glaces passent du jaune-orange au rouge grenat pour finir en un mauve noirâtre? Et dans ce silence étrange qu'un enfant retient par-dessus tout...

-Vous ne vous souvenez que de cela, de ce silence...

-Oui, que de cela, absolument. Rien d'autre. Et le noir pour finir, par la fenêtre du chalet.

-Et cette mélancolie est toujours comme chevillée en vous.

-Oui, elle est toujours là c'est un fait. J' obtiens qu'elle monte quand je le veux. Mais quelquefois elle ne veut plus partir, redescendre...Je dois alors attendre la nuit et impérativement sortir, comme accompagné de l'intérieur mais pourtant bien seul et prêt à tout pour m'en débarrasser...Jusqu'à ce que j'erre dans un état propice à des outrances assez libératoires mais mal contrôlées...

-Vos errances nocturnes ne sont plus à raconter...

-Elles ont fait de ma part l'objet d'un recueil mais je ne sais plus où il est. J'ai dû le perdre certainement, le jeter quelque part n'y tenant plus ou alors au contraire pour me désoler de sa disparition...

-A propos de disparition, visez un peu ce qu'on a retrouvé !

-Quoi donc ?

-Vous !

-Encore ! Où suis-je selon vous cette fois-ci ? C'est à dire où étais-je encore cette fois-là ? Où pouvais-je bien être, me trouver ? Je ne me souviens de rien, de presque rien en général...

-Regardez quand même....

-Là_haut ?

-Là-haut à droite...  

 

 

 

 

-Cette noirceur...C'est l'heure fatidique on dirait, non ? Cela ne me dit rien.

-On a trouvé ça chez vous.

(Ils veulent dire en moi et non chez moi où il n'y a jamais personne. Je le leur ferai remarquer plus tard)

-Etes-vous sûrs messieurs qu'il ne s'agit pas là d'un élément purement matériel du décor ? Je ne vois rien de très humain, immobile ou non, là-dedans ! Et ce réverbère, si c'en est un, m'a l'air bien courbé, bien recourbé...

-Il n'en éclaire pas moins cette silhouette en ombre qui fait litige ou au moins en révèle curieusement la présence...

-Ah vous voyez, vous dites curieusement ! Ce que je trouve curieux moi c'est de ressembler à cette publicité pour le Porto Sandeman dont on voit les immenses panneaux envahir les  plaines caillouteuses de la Castille et ce parfois jusqu'à l'horizon !

-C'est un effet d'optique de plus, probablement. Dans un cas comme dans l'autre...

-Pourquoi aurais-je changé à ce point? C'est quelqu'un qui attend l'autobus voilà tout...

-Pourquoi avez-vous été en Espagne ? Et pourquoi la Castille ? Répondez.

-Parce que c'est la route la plus directe pour le Sud...

-...le Grand Sud voulez-vous dire ?

-Oui, ces grandes plaines donquichottesques, je ne faisais que les traverser... Je descendais plus bas beaucoup plus bas...

-Qu'alliez-vous faire exactement aussi bas comme vous dites, au fin fond des Grands Suds ? Y arriviez-vous d'abord ?

-Très facilement, c'était toujours tout droit. Je partais là-bas pour me changer les idées, prendre un peu d'air et de soleil, me reposer dans une bonne chaise longue, dormir et marcher...

-Il est probable que vous auriez pu faire tout cela sans partir de chez vous ou sans beaucoup vous en éloigner ! Des chaises longues on en trouve partout, dormir, marcher... quant au soleil, il est à tout le monde !

-Et du coup vous avez sans doute  raison, je n'y arrivais peut-être pas, allant chercher je ne sais où ce que j'avais sous la main ou presque...dans la tête plutôt...

-Vous auriez pu rêver un peu plus sur place voilà tout...cela vous aurait évité bien des déplacements inutiles et coûteux... Et cette sorte de fausse fierté d'avoir atteint des contrées impossibles et de vous être prêté, par pur besoin d'imitation, à des promiscuités peu valorisantes...

-Je rêvais aussi là-bas. J'allais faire provision de rêves...

-Nous y reviendrons plus tard... En attendant voici ce que vous avez si délicatement réclamé... 

-Quoi ça ?

-Vous reconnaissez je suppose...

-Pas du tout...

-Ce n'est pas ce vous voyiez le long des routes et dont vous venez de nous parler à l'instant ou il y a quelque temps ?

-Absolument pas. Je vous ai dit, oui ça c'est vrai, un grand panneau publicitaire mais représentant un taureau, un énorme taureau avec les deux cornes dépassant au-dessus et généralement posé sur l'horizon...A chaque tournant, on en découvrait un autre...c'était sans fin. La seule similitude avec le vôtre c'était la couleur, une couleur noire, plus que noire, ténébreuse, ténébriste !

-Là par contre ce taureau nous n'avons rien remarqué de semblable. Rien du tout et au demeurant ça n'a peut-être jamais existé...Et nous avons parcouru toutes vos archives !

-Je ne partais pas pour prendre cela en photo, c'est ridicule! Un simple souvenir... Et puis ce que vous appelez mes archives ne sont souvent que de vagues brouillons ou des pages tirées d'un petit carnet, perdues pour la plupart ou à peine reconstituées !

-C'est exact, nous n'avons pas trouvé cette image dans vos affaires puisque nous n'y avons pas accès mais dans Google-Past-Explorer à la page adéquate. Elle est du reste apparue dès que vous avez prononcé le nom de la boisson en question. Nous l'avons juste dépixélisée.

 (C'est pourtant interdit. Ce sont de drôles de gens. Il va falloir que je me méfie.) 

-Vous savez sans doute que la preuve par le Net est irréfutable ! Vous aviez donc, pour une fois, dit la vérité en premier...Vous avez ensuite inventé ce taureau !

-J'ignorais tout auparavant de ce taureau découpé, je n'aurais pas pu l'inventer ! Découpé dans du carton et posé à même l'horizon. Les cornes en l'air sur le ciel. Je le revois très bien. C'est la vérité.

-A-t-il seulement existé en dehors de votre imagination? Vous avez cru voir cela. Quel rapport  avec l'affiche ?

-La cape peut-être, la cape du toréro! Je n'ai jamais bu de cet apéritif, les cantinas me paraissaient très éloignées de la route...

-Assez d'enfantillage, soyez sérieux. Ce n'est pas que ce soit grave mais c'est important. Vous savez où nous voulons en venir...

-Non pas vraiment. Il y aurait lieu je crois de préciser...

(Oui, ce sont de drôles de zigotos...Et ce local où nous nous sommes rencontrés soi-disant par hasard mais où il y avait aussi comme par hasard déjà des chaises et en nombre approprié...Certes il y en a une de vide avec la pancarte "Absent autorisé" mais je me demande si ce n'est pas la mienne justement. Et en ce cas où serait ma table et pourquoi n'aurais-je pas de table ? Même une toute petite pour la forme. J'ai bien encore mon petit fauteuil d'enfant à la maison. Mais voilà où est ma maison ? Pas ici en tout cas. J'ai dû encore atterrir dans une cave ou des couloirs en faisant office ou oui c'est ça des sortes de bureaux finalement...)

-Mais mettez-vous à votre aise ! Reculez un peu votre chaise si vous voulez contre le mur, vous aurez plus de champ. Et puis ne faites pas cette tête, c'est agaçant à la fin, pénible même de vous regarder. Et encore une fois nous ne sommes pas ici pour vous poser des questions mais pour écouter, à votre demande, vos requêtes ou objections en tout genre sur tout ce que vous voudrez. On ne peut pas mieux dire. Alors détendez-vous donc, et puis dans deux  minutes ce sera la pause de midi et nous partirons déjeuner. Et comme nous ne reviendrons sans doute que demain matin, vous serez peut-être libre tout l'après-midi. Demain c'est vous qui ne serez pas là et vous aurez donc tôt fait de nous oublier entièrement comme si nous n'étions jamais venus ! Du reste c'est déjà fini, voyez, je vous quitte...

-Les autres sont déjà partis !

-C'est exact, et vous voyez on a déjà enlevé toutes les chaises, sauf la vôtre bien entendu...

    (Avec toujours cette pancarte "Absent autorisé". Pourtant, je suis là ! J'aurais dû poser davantage de questions, montrer plus d'intérêt !)

-Mais je ne pourrais pas vous revoir tout de même ? J'avais des questions à vous poser. Ici, je ne vois jamais personne ! Des questions sur mon passé justement, que vous connaissez peut-être. Et puis avec toutes ces photos que vous sortez en boules de vos poches et que vous défroissez par de grands aplats de la main et sur lesquels je dois paraît-il absolument me reconnaître, c'est qu'il y a bien un lien entre vous et moi ! Restez encore un peu ! Il y a des bus toute la journée sûrement et des restaurants pas loin, de la lumière partout à peine la nuit tombée, je connais c'est à l'autre bout et cela ne ferme jamais !

-Ici même les cantines ne sont pas sûres non plus et elles ont dû fermer un beau jour. Je vous laisse en fermant à clef derrière moi mais vous pourrez sortir en abaissant simplement la poignée...Bon courage, ne vous laissez pas aller, vous êtes encore jeune !

   (Et voilà je me retrouve seul et sans élément valable concernant ma situation. Ah si, ils m'ont tout de même laissé une photo on dirait...Si j'arrive à la défroisser suffisamment j'apprendrai peut-être quelque chose... Sans plus aucune chaise ici sauf, paraît-il, la mienne, mais alors pourquoi n'a-t-elle plus la petite pancarte, cela ne ressemble plus du tout à des bureaux et je serais aux Cheminées Rouges ou à Bons Enfants que cela n'y ressemblerait pas davantage. Et voilà, une fois encore, je ne sais plus où je suis ! Livré à moi-même et du coup délivré des autres c'est entendu mais cela ne fait pas un tout. Ici on dirait un peu le Bureau des Longitudes de  Bir-Hakeim, sous le pont, ou à côté... Je me demande si j'aurai un jour de leurs nouvelles. Probablement car cet entretien, si c'en était bien un, et s'il a duré assez longtemps pour qu'on ait pu m'entendre ne serait-ce qu'une fois, sera sûrement noté et j'en serai alors notifié en bonne et due forme par leurs bons soins. Ont-ils mon adresse ? Ma nouvelle adresse ? Mais voyons plutôt pour le moment si cette boule est bien une photo...Ah c'est un plan. Ils m'ont tout de même laissé un plan. A moins que ce ne soit celui qui leur a servi pour parvenir jusqu'ici. Je distingue mal.S'agit-il de rues ou de couloirs je l'ignore, c'est très mal indiqué...Est-ce au dehors ou dedans ? Certes les couloirs se croisent aussi mais tout de même de tels carrefours à l'intérieur ! Ce sont peut-être des arrêts d'autobus ces points ou des stations de métro... En tout cas cela ne représente pas l'entrelacs de chemins par lesquels je rejoignais notre maison de campagne quand j'étais petit et où je traînais un peu s'il devait y avoir de l'orage pour attendre les premières rafales dans les arbres ou laisser s'approcher davantage les roulements encore lointains du tonnerre. Et j'en profitais parfois pour faire voler une fourmi en avion sur une brindille! Non pas pour lui faire gagner du temps mais pour me retarder moi ! Et rentrer avec l'orage !... Sur un plan, tout de même, je sais faire la différence entre un couloir et un chemin! Ce sont donc bien des couloirs. Alors où sont-ils ?

Ils auraient pu tout visiteurs qu'ils étaient ou qu'ils se donnaient l'air d'être, me laisser le choix d'une direction pour sortir de ce couloir rectiligne et sans carrefour aucun ! A gauche ou à droite quand on est comme moi assis sur l'unique chaise de l'endroit le dos contre le mur mais assez heureusement un peu de guingois ! Et c'est heureux parce que cela signifie que le couloir est en pente ! Donc me fiant à l'adage selon lequel il vaut mieux monter que descendre, dès que je pourrai me lever je prendrai sur ma droite où effectivement la pente semble grimper quelque peu...Tout de même le plancher du bureau où l'on m'avait affecté sous les combles pour finir était beaucoup plus pentu que cela. Je risque de ne pas aboutir. Et de l'autre côté sur la gauche cela ne paraît pas plus descendre...C'est plat, le grand plat des origines. Et je suis donc coincé, l'horizontalité ne menant à rien !...Je vais donc me lever comme si de rien n'était et marcher au hasard dans ce qui est tout de même bien un couloir. Et puis ces photos qu'ils m'ont montrées il doit bien en rester une ou deux collées sur le mur ! Ils n'ont pas pu tout emporter ! Et ce n'était tout de même pas une projection ! Seulement je me demande si je les reconnaîtrai...Laissons cela. Je vais faire demi-tour, remonter de l'autre côté, dans l'autre sens ! Repasser par l'endroit de la réunion. Ce ne sera peut-être pas encore éteint ! Et puis l'avantage ici est que le sens de l'orientation ne sert à rien et où que l'on aille, ou veuille aller, c'est toujours tout droit et ce, que l'on chemine ou qu'on se tienne immobile !  J'ai tout à y gagner. Une fois de plus le mieux est d'attendre que cela se passe. Ils viendront bien me chercher, ou mieux me rechercher ! Une porte finira bien par s'ouvrir quelque part ou même un bruit de porte seulement fera l'affaire...La porte ! Ils ne l'ont pas fermée exprès pour moi, pour que je puisse quand même sortir ! Elle existe bien ! Ils ne l'ont pas refermée exprès ! Seulement où est-elle ? Ce n'est tout de même pas un leurre, on n'en peint plus sur les murs depuis longtemps ! Il doit bien y avoir un appel d'air si elle est ouverte ! Elle donne bien quelque part et au dehors ! En tout cas l'extérieur n'est pas loin, en venant j'ai mis...voyons...mais je ne suis pas venu seul je crois, et on marche plus lentement accompagné c'est bien connu...c'était un appariteur non ?...Il s'était au bout d'un moment éclipsé tout soudain par un demi-tour inattendu et assez vif mais il venait de m'indiquer avec beaucoup de soin que je n'allais pas tarder à voir surgir sur la droite et à condition de marcher d'un bon pas une porte devant laquelle une chaise se trouvait sur laquelle je devais m'asseoir et attendre...Ce que je fis. C'était probablement la porte qu'ils avaient refermée derrière eux en partant mais qui restait ouverte pour moi. J'étais semblait-il à présent de l'autre côté, du reste il n'y avait ni poignée ni serrure. Attendre mais attendre quoi ? Et  je m'expliquais difficilement ces petits bruits de clapots de vagues ou de rames qui me parvenaient par instants. Quel grand tour avais-je bien pu faire ou alors m'avait-on joué ? Il me faut à tout prix remettre la main sur ces images que j'ai vaguement entrevues un moment sans avoir donc pu sérieusement les critiquer...Tout ce que vous pourrez reprocher à ces images, vous devrez vous l'imputer à vous-même car elles émanent toutes du tréfonds de votre âme ou quelque chose comme ça... Ils se moquaient de moi probablement...Pourtant depuis le début je n'avais pas prononcé un seul  mot même pour faire semblant de répondre à leurs questions. L'au-delà de moi-même m'intriguait, me soufflait quelque chose. Et du coup, je n'en ai reconnu aucune de leurs photos ! Elles doivent venir d'ailleurs, vous vous trompez ! Et bien qu'on ne voie pas mon visage, je n'ai pas cette tête-là tout de même ! Et ce n'est pas mon genre non plus ! Je n'ai pas de genre...Disons que vous avez un drôle de genre ce n'est pas exactement la même chose ! Et il va me falloir à tout prix récupérer ces images qui sont en moi je le sais bien ou plutôt qui étaient en moi autrefois à un temps donné puis reprises par on ne sait qui on ne sait comment ou dont je suis responsable par un trop grand laisser-aller de mes pensées et de mes souvenirs qui comme tout souvenir ne demandent qu'à s'échapper...Ce n'était pourtant pas des souvenirs anodins, comment ai-je pu m'en désintéresser pendant aussi longtemps? Là encore j'ai été négligent, je pensais sans doute que tout peut toujours se récupérer plus ou moins, tout ce qui est en nous en tout cas et qu'on ne laisse pas sortir si facilement tout de même...Je revois un enfant la nuit avec un lampion allumé à la main...oh c'était sûrement moi...dans la montagne justement...avec d'autres aussi je crois pour une sorte de procession, de fête nocturne...qu'il faisait sombre tout autour!... Les photos qu'on m'a montrées n'avaient rien à voir, c'était beaucoup plus loin je crois, oui plus loin que cela, beaucoup plus loin et avant aussi, bien avant...Et me revoici à nouveau en déambulation moi...Si seulement je retombais sur l'escalier, mais non et je me demande une fois encore comment je vais changer d'étage s'il y en a plusieurs, ou simplement de niveau ce qui s'est peut-être déjà produit étant donnée l'inclinaison incontestable de ce drôle de boudin que je m'efforce de suivre depuis... J'ai déjà travaillé de la sorte, en ambulation. J'avais été affecté aux salles d'attentes qui s'organisaient un peu partout en bureaux à cause du manque de place qui avait résulté de la fusion un peu trop rapide de trois anciennes directions générales en une seule. Je passais par exemple de la salle d'attente d'un médecin à celle d'un avocat puis à celle d'un orthophoniste ou d'un sophrologue et ne pouvant rédiger mes rapports sur place à cause de l'exiguïté des lieux et de la confusion encore trop fréquente entre vrais clients ou patients et bureaucrates en réinstallation supposée provisoire, je le faisais en chemin à même les rues et passages grâce à une sorte d'écritoire butant contre mon ventre et soutenu par une courroie autour du cou à la manière des ouvreuses de cinéma qui dans l'ancien temps vendaient ainsi pendant les entractes bonbons et esquimaux ! Toutefois mon statut était tout de même plus enviable et je n'étais du reste pas peu fier de cet attirail car si au début on n'ignorait d'où je survenais exactement et ce que je pouvais bien fabriquer à déambuler de la sorte sur les trottoirs en m'évertuant à tâcher d'écrire malgré l'évidente difficulté due aux tressautements rythmés par la marche et aux  inévitables brinquebalements latéraux eux-mêmes dus à une étrange scoliose en S prononcé découverte par hasard à l'âge de dix-neuf ans au cours de mes trois jours quand on me demanda si en oscillant de la sorte je souffrais beaucoup et si vraiment je tenais à faire mon service militaire. J'avais répondu que oui j'y tenais absolument sans préciser que c'était surtout en pensant à ma tante qui m'avait averti qu'être réformé pouvait constituer un handicap si jamais je voulais entrer dans l'Administration ! On me déclara donc apte sous condition en me précisant qu'à l'issue de mon sursis je devrais repasser une visite pour le cas où mon déficit pondéral par ailleurs également conséquent n'aurait pas diminué.   " Monsieur, suite à votre lettre du 8 courant nous informant de l'arrivée à son terme de votre période d'études et votre demande concernant votre situation au regard de vos obligations militaires, j'ai l'honneur de vous faire savoir qu'après examen de votre dossier vous avez été déclaré "exempté de service actif".  C'était sûrement à cause de mes pieds plats. Ils ne m'en avaient rien dit mais je savais que ça pouvait constituer un motif de réforme et la façon que j'avais eue en marchant devant eux de rehausser ma voûte plantaire comme je croyais savoir le faire n'avait pas dû porter ses fruits. Et même j'ai tout lieu de penser que cela en réalité n'avait fait qu'exagérer mon balan scoliastique ou scoliaire je ne sais pas comment on désigne au juste cette façon tout à fait involontaire, inconsciente jusque-là, de se tortiller un peu, de chalouper presque tout en croyant cheminer d'une manière plutôt stricte, voire guindée...  Bien sûr exempté n'est pas réformé mais la nuance est fragile et je me faisais surtout du souci à l'idée d' annoncer cela à ma tante... Pourquoi cette lettre se trouvait-elle ici dans cette armoire que j'ai ouverte par mégarde l'ayant prise pour une armoire à niveaux ? Il faudra qu'on m'explique cela également. Cette pièce était-elle dans mon dossier personnelle ? L'avais-je envoyée à l'époque lointaine de ma titularisation afin d'attester d'une mise à l'écart des drapeaux tout à fait légale et codifiée ? Et pourquoi la porte de cette armoire n'était-elle pas verrouillée ?N'importe qui aurait pu lire ce document qui ne regarde que moi ! Enfin il prouve en tout cas que l'on peut très bien intégrer la grande famille, le grand bazar ou le grand navire (arrimé à l'époque rue de Rivoli)en étant un tantinet tordu ! Ma tante du reste avait bien du convenir que ses précautions ou scrupules s'étaient révélés une fois encore excessifs. Il y avait bien des nains et des tout petits hommes-enfants dans la grande maison, alors pourquoi pas moi ? Et de fait ils n'y virent que du feu vu que j'étais  tout de même reconnu apte, paraît-il, à la surveillance des ponts ou au classement des papiers à l'Etat-Major ou au service des archives du Ministère ! C'était probablement toute la différence entre réformé et et exempté ! En tout cas et une fois encore je me sentais ici dans ces couloirs sans doute en rapport avec cette administration où je n'aurais jamais du mettre les pieds un rien débusqué ou même détroussé de l'intérieur ! Se sentir étalé comme ça devant on ne sait trop qui pour on ne sait trop quoi me devenait insupportable. Et puis toujours, par intermittence, ces bruits de rames, ces clapotis plus ou moins cadencés produits par je ne savais quoi ! Je n'étais tout de même pas dans un sous-marin ! J'avais connu tant de bureaux si différents dans des locaux si variés que ces bruits ne m'étonnaient pas vraiment...Des bureaux d'un noir le soir, presque sans lumière n'était celle des réverbères du boulevard, car tous les autres partis, j'allumais très rarement...Et il y a tout lieu de croire que là-bas aussi j'avais ce même genre de bruits d'origine indéterminée et de nature plus que drolatique, énervante au possible, inconcevable même parfois...Au début je croyais que c'était peut-être moi qui les faisais sans m'en rendre compte ou en me forçant à ne pas les entendre ou à les oublier mais non, ils venaient d'ailleurs, d'un autre bureau ! Et cela ne provenait pas du ménage, à cette heure tardive de la soirée, il était fini depuis longtemps ! Certes dans le noir les bruits sont amplifiés c'est bien connu mais le timbre qui les fait reconnaître tout de même ne change pas ! En tous les cas dans ce couloir qui n'en finissait pas j'avais plutôt l'impression de me trouver dans une sorte de gare maritime souterraine ou qu'elle n'était pas loin , juste de l'autre côté des murs, autour, au-dessous, je ne savais pas... Des échos de clapots, de clapotis, des cordages qui tombent à l'eau...Une passerelle qu'on tire sur un ponton...Certes je revenais d'Irlande ou avais l'intention de m'y rendre à nouveau sans doute mais je ne suis pas sujet aux hallucinations et sais faire la différence entre un bruit imaginé ou remémoré et un bruit extérieur même factice ou reproduit sur un phono voire imité ou tout simplement naturel, survenu sans artifice ni amplification. Et bien c'était encore autre chose. Alors quoi ?    J'ouvrais souvent la fenêtre comme ça pour savoir si le vent du soir justement n'en venait pas d'Irlande. Oh les courants d'air viennent souvent de loin ! Quant au petit placard dont je m'étais plus ou moins bien arrangé pour finir par m'y ranger tout à fait, sa résonance  n'était pas manifeste pas plus que ses sonneries éventuelles, ayant depuis le début débranché le téléphone ! Une fenêtre oui mais minuscule et si haute que je devais me servir d'une perche de deux mètres pour pouvoir l'ouvrir ou la fermer et qu'à la réflexion je revois davantage comme une lucarne ou un vasistas que comme une véritable fenêtre ! Ah par contre le vent s'y engouffrait bien oui certains soirs sans aucun doute et en ouvrait même tout seul le battant ...Ce qui me faisait dire à chaque fois que non seulement je n'étais pas tout à fait seul, puisqu'on  semblait venir de très loin pour me sauver, mais qu'en plus je ne pouvais que donner raison au poète Guillevic, il y a bien quelqu'un dans le vent ! Mais du vent ici il n'y en a pas ou plus, pas le moindre courant d'air arrivant de près ou de loin, ce qui est plutôt curieux pour une gare maritime même imaginaire ou résultant à la longue d'un dimorphisme quelconque par quoi des impressions sonores sont provoquées...Rien de tel en l'occurrence. J'étais donc bien dans des bureaux et même dans mon bureau probablement, mon drôle de bureau ! Et je n'allais sûrement pas tarder à le reconnaître, à le voir passer sur ma gauche ou sur ma droite ou finir, à force de marcher, de paraître avancer je ne savais où, par y pénétrer sans même m'en apercevoir et m'y sentir à nouveau comme dans un refuge, un refuge paradoxal, et comme si je ne l'avais jamais quitté ou venais juste de l'abandonner ! De m'en extraire furieusement ! Oh pour quelques minutes simplement ! Et maintenant c'est malin je ne sais plus ni où il est ni où je suis ni depuis combien de temps je l'ai quitté ! Mais non, la machine à café était en maintenance, je suis juste sorti en boire un au bistrot d'en face comme beaucoup de collègues un peu accros au jus de zinc comme moi. Juste la rue à traverser ce n'est pas le bout du monde...Et je ne vais pas tarder à refaire surface je sens cela...Seulement je ne descends pas plus bas alors et je m'arrête tout de suite! Non? Si !D'autant plus que les bruits de wagons ou d'aiguillages qui me parviennent à présent semblent indiquer que cela se passerait plutôt en haut et non en bas à l'inverse de ce que j'avais conjecturé à tort au début . D'où le choix, dans cette sorte de couloir incliné, de la descente. Des bureaux embarqués ! Voilà où j'ai fini par atterrir. J'en avais entendu parler mais je doutais que cela existât bel et bien réellement ! C'est peut-être la chance de ma vie. J'aime le roulis et ne souffre pas de travailler en cabine, en cabinet, sûrement aussi dans cette structure appelée soute à boxons aménagée au plus profond de ces ferrys par ailleurs tout à fait ordinaires !  Je vais m'y présenter, on verra bien...Mais dans l'autre sens, cela ne remonte pas, ça descend toujours! Quel drôle de couloir, cela descend à présent dans les deux sens sans être tout à fait à l'horizontal ! A gauche comme à droite, une même inclinaison qui n'en est pas une! Je n' y arriverai jamais !"Qu'est-ce que j'apprends ? Que tu veux t'embarquer!  Sais-tu que ces structures oscillantes ne sont à ce jour qu'une vague contrefaçon des locaux de l'Administration terrestre qui du reste ne les connaît pas ou disons ne les reconnaît pas encore comme émanant de son sein ni de ses annexes agréées ! Du reste elle ignore où elles se trouvent exactement, ne possédant à leur sujet qu'une longue liste de navires ayant à un moment postulé pour des "travaux rénovants" ! On dirait la voix de mon père!Qu'est-ce que cette manigance, ce tourlourou, cette drôle d'affaire ? Il ne me parlait pas comme ça, jamais aussi sérieusement...Ce serait plutôt ma mère dont la voix certes déformée conviendrait mieux pour ce qui est des jérémiades et des visions d'apocalypse, elle-même justement autrefois dans l'Administration ! Alors c'était peut-être elle qu'on entendait ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Ce n'est tout de même pas le Voyage chez les morts ! Comment les aurait-on prévenus de mon arrivée ou plutôt de mon passage ici-bas plus ou moins voulu et prémédité ? Toujours à me tromper à bon escient ! Car tout compte fait c'est peut-être bien ici que je voulais effectivement aboutir! Dans ce lieu où sur un fond de fleuve qui clapote on entend aussi le son de leur voix! Semblant provenir de dessous des pontons ou d'autres structures d'ancrage... J'ai déjà entendu cela quelque part...oui au théâtre radiophonique...Et ici on s'y croirait, la même sonorité, exactement le même bruit, donc du bruitage ! Je ne suis pas sorti de l'auberge ! Il n'aurait plus manqué que je crusse entendre la voix de ma tante ! Heureusement cela ne s'est pas produit car la confusion eût été à son comble ! Car je me serais alors probablement trouvé à Genève comme autrefois, entre les Pâquis et Vidollet ou mieux rue Varembé ! Ou dans les lavabos du square des Cropettes un jour de forte chaleur à boire au robinet ! Ce même glou-glou dans les tuyaux et dans la solitude de ces mois d'août si solaires d'autrefois ! Des bruits de tuyaux bien sûr !  Et à présent dans  des cabinets de bureaux forcément ! Ou alors je n'en suis pas loin ! Ils vont déboucher ! De quelque part !  Peut-être des cabinets ambulants, cela existe. Des heures entières dans les waters ! J'ai connu cela au début, quand il fallait s'habituer, s'acclimater à tout prix, tenir bon jusqu'au soir ! Prendre bonne figure avant d'y aller, d'y retourner, dans son propre bureau où l'on est pourtant seul là aussi ! Mais ce couloir à remonter qui vous en sépare... On ne tiendra pas la distance et on attend encore un peu. Arrêtons là cette histoire car enfin je n'y suis pas ou je n'y suis plus là-bas ! Et bien oui i j'étais encore aux cabinets je le saurais tout de même, j'ai passé l'âge et l'échelon des grandes frayeurs, des commencements douteux, des protections hasardeuses! Et puis il y a cabinets et cabinets et là je confonds peut-être avec ce qu'on appelait les travaux de cabinet et qui se menaient également dans des locaux fort restreints et obscurs ! Des maniements d'archives à l'odeur parfois putride ! Finalement ce qu'il me faudrait ce n'est pas tant prendre du recul, tout mouvement par ici étant devenu impossible ou très pénible, que de la hauteur! Ou mieux, monter à force de reculer ou quelque chose comme ça , non ? Mais voici sur le sol des photos, dirait-on, mais oui et des images imprimées qui semblent échappées tout droit et encore une fois de mon dossier personnel !Que font-elles là ? N'importe qui pourrait les voir, les regarder, les emporter peut-être pour les jeter tout simplement par dépit ou par pitié mais de quoi je me mêle ? Du reste je ne vois pas très bien ce qu'elles représentent...On dirait des photos prises d'avion, des sortes de Google-Earth avant l'heure, des vues de Chésières peut-être, du Pré Fleuri ! Des vues d'oiseau! De l'époque de ces retraites aux lampions justement sur les pentes de la montagne la nuit, objet initial de ma venue ici ce matin me semble-t-il !C'est décidément très mal géré car il n'y a pas de courants d'air par ici ! On les a jetées délibérément ! Voilà c'est ça et afin que je les trouve. Pas étonnant que personne d'autre ne les ait trouvées, ne les air vues. Oh ils se doutent peut-être de leur existence, et en ont sans doute donné des versions imaginaires plus ou moins désobligeantes quant à leur sujet, leur nature argentique ou non, par le simple jeu des clapets buccaux d'un bureau l'autre mais rien qui puisse leur permettre d'en attester une origine valide ! En tous les cas je suis donc sur le bon chemin et cela finalement est plutôt rassurant de savoir que je ne vais sans doute pas tarder à retomber quelque part ! Donc je continue,  j'attends ici encore un moment. Il passera bien quelqu'un un jour ou l'autre !  L'un d'entre eux certainement ou alors un autre, encore un autre, d'autres sûrement, peut-être l'un de ceux de tout à l'heure si par hasard ils étaient revenus sur leurs pas? Mais où mènent les pas ici on pourrait se le demander !  Mon dossier a peut-être été révisé, revu de fond en comble une bonne fois pour toutes ! Passer, c'est faire des pas , non ? Le comble, au moment précis où rien ne passe, ne passe  plus, ne se passe plus! Faire encore une réclamation ? Un recours!Objet : demande de réintégration dans mon local à l'oeil-de-boeuf! Son espèce de vasistas circulaire est visible depuis la rue, l'avenue des Tilleuls plus exactement, vous voyez, vous aurez tôt fait de savoir où il se trouve! Et où donc je désire retourner ! J'y voyais comme une réusssite. Car on monte rarement aussi haut sans rien faire, je veux dire sans faire intervenir quelqu'un...Car penser qu'il s'agissait d'un grenier ou d'une remise à râteliers, d'une sorte de débarras serait la marque d'un esprit mesquin ou mal luné ! Certes le plancher en était légèrement pentu, mais m'étant calé dès le début dans les hauts et les girafes de classements ainsi que leurs armoires n'ayant jamais cheminé d'un pouce durant toute ma période là-haut, et n'étant plus dérangé par quiconque, je m'y suis assez vite senti chez moi ! Du reste je crois bien en avoir pris des photos de ce local à la fois lugubre et de bon refuge, seulement le film au  moment du rembobinage s'était comme déchiré  dans l'appareil qui était donc argentique car je ne crois  pas que le mode numérique fût déjà en usage à cette époque sinon très lointaine du moins plutôt surannée ! Et là-haut dans ce bric-à-brac poussiéreux, je ne rêvais jamais assez fort pour me sentir vraiment ailleurs et n'étais jamais suffisamment à ma tâche pour me croire vraiment solidaire des lieux, pour m'estimer tout à fait un passager dans cette sorte de cale inversée comme perpétuellement aux prises avec une houle immobile, phénomène assez rare au demeurant mais qui ne l'en maintenait pas moins en permanence dans cette position  légèrement oblique que j'avais fini par trouver à la longue parfaitement horizontale et même que j'eusse aimé que cela penchât à nouveau un petit peu de temps à autre ! Et cela probablement parce que je n'avais rien à faire ! Ou ne savais pas quoi faire ou ne savais plus comment ne rien faire ne m'en sentant plus la force ni le courage... J'avais une très belle vue de là-haut. Sous beaucoup de ciel un peu de hauts de verdure feuillue, de toits ou de terrasses. Mais je n'étais pas vraiment à mon aise pour observer tout cela ayant la hantise de voir la porte s'ouvrir à tout moment d'un seul coup. Et je m'imposais en permanence un curieux maintien sur ma chaise. Je veillais à ne jamais me départir de cet air non pas d'être absorbé dans un trvail  quelconque, c'était impossible, mais au moins de paraître préoccupé par quelque chose. Ou même simplement de tenir encore à quelque chose ! Et pourtant ce n'était pas les occupations qui me manquaient car j'avais emmené là-haut mes livres. On m'avait laissé faire, on avait eu pitié, tant de hauteur, tant d'isolement et d'heures à faire passer. La seule chance sans doute de m'en sortir on ne voulait pas m'en priver, je l'avais bien compris et cela m'avait même un peu ému. Car non content d'avoir gravi les étages, c'était à présent par les échelons que je voulais m'élever davantage. Je préparais un concours!  J'en avais encore le droit et la possibilité ! J'étais inscrit à la préparation ! J'y étais même allé moi-même rue des Bons-Enfants, réclamer tous les fascicules! C'était la même adresse que le Caméra-Club, alors je connaissais! Des concours j'en avais déjà eu deux mais il m'en fallait encore un pour monter encore un peu et à vrai dire le dernier car une fois dans la catégorie A il n'y en avait plus et pour monter davantage, "hors-catégorie", vers les vraies hauteurs, les sommets, c'était le sacro-saint et mystérieux mécanisme du passage au choix! "Non le cinéma c'est au sixième, tout en haut." Je m'étais trompé de carte une fois de plus mais retrouvai vite ma "Commission" dont je n'étais pas peu fier non plus à vrai dire ("Au nom du Peuple Français...") quoique dans la maison cela faisait moins d'effet auprès d'une collègue ! C'est pour Inspecteur ? Oui c'est cela...Interne ou Externe ? Interne, s'il vous plaît. N'ayant pas la licence en droit, mais étant déjà dans la maison depuis cinq ans et au grade immédiatement inférieur, je ne pouvais tenter de me hisser vers ces hauteurs que par le moyen du concours interne, spécialement conçu pour ces situations-là, ces gens qui ne manquaient pas de culot. D'Artagnan du fisc hein c'est ça ? On verra, on verra, chère madame. En réalité je n'en menais pas large. Je ressentais déjà ce mélange de gêne et d'infatuation par quoi je me figurais pouvoir d'autant mieux avancer, arriver à donner le change en permanence ! Et dans ce monde qui n'était pas le mien, passer pour un autre ! Cela n'irait pas bien longtemps et du reste on commençait peut-être déjà à se moquer de moi et moi le premier. Je commençais à pratiquer une sorte d'autodérision de sauvegarde, de pas fier du tout qui cache quelque chose ! C'est ça, qui a des talents cachés !  En attendant j'avais tout de même ces deux cartes à ma disposition et ce n'était déjà pas rien, on ne les donne pas à n'importe qui ! Toutefois il ne me servait à rien de monter là-haut ce jour-là d'abord parce que c'était fermé, ce club de cinéastes à la petite semaine et au Super8 boursouflé n'ouvrant et pour cause que le soir après les bureaux! Il paraît qu'il y avait des gens du Trésor, de l'INSEE, de la Garantie et même des douaniers ! Etais-je le seul des Impôts ? Non, je ne crois pas, mais je ne savais plus très bien. C'est que je n'y étais pas allé souvent. Il faut dire que j'avais tout de suite remarqué dans le règlement du Club un alinéa presque providentiel stipulant que pouvaient participer au concours de fin d'année  non seulement les films réalisés en équipe sur place avec le matériel du club mais également des réalisations produites indépendamment à l'extérieur en solitaire ou presque, avec un matériel autonome, tous les formats de pellicule jusqu'au 16mm étant acceptés !La caméra de Papa ! Sa vieille Paillard 16 qu'il avait achetée un jour, d'occasion, croyant pouvoir s'en servir alors qu'il ne se servait  déjà plus depuis longtemps de sa petite Semflex 8mm qu'il avait acquise flambant neuve en 1950 pour filmer mes premiers pas, forcément j'avais grandi et ne l'intéressais plus du tout de ce point de vue-là, et que j'allais donc pouvoir sortir de sa mallette-habitacle gainée de cuir et garnie de satin rouge, avec sa tourelle triple objectif, sa grosse manivelle rétractable et son correcteur de parallaxe sur le côté ! Un régal ! Comme neuve une fois huilée ! Et puis du 16mm un format quasi-professionnel, celui des premiers courts-métrages des plus grands cinéastes ! J'allais tout faire moi-même en plus ! En tout cas, c'est vrai que j'ai fini par y monter là-haut au tout dernier étage du grand bâtiment des œuvres sociales et culturelles, in extremis le soir du jour limite de dépôt des bobines. Sur la boîte de la mienne il y avait écrit au  feutre noir "Joseph pour Paris", c'était à n'en pas douter un titre de film et du mien incontestablement puisque j'avais aussi écrit mon nom juste au-dessous comme le règlement l'exigeait. Quand j'ai pensé qu'il figurait également au générique comme le règlement l'exigeait tout autant, j'en eus la gorge serrée. Et je me suis demandé si je n'aurais pas mieux fait tout bien pesé, de prendre un pseudonyme. C'est assez courant dans ces circonstances et il paraît que cela fait très bien, et même que cela vous pose. En tout cas je m'étais bien promis d'assister à la séance de projection, bien qu'arrangée en espèce de soirée de gala et devant se tenir dans la "Grande salle du Foyer du Ministère des Finances", rue de Rivoli !  A coup sûr, cela vous pose ! Mais il y avait cette projection auparavant qui gâchait tout dont je me serais bien passé et que je commençais à redouter terriblement. Du reste je n'y suis pas allé. Pourtant j'avais tout fait dans les règles et même au-delà. J'avais gonflé mon budget jusqu'à faire tirer une copie du montage initial craignant d'une part que mes collures ne tinssent pas, mais aussi pour un étalonnage et surtout pour que la piste magnétique que j'avais fait disposer tout au long diffuse un son exempt de tout craquement aux changements de plans et ne pâtît en aucun cas des chiures de colle et autres rognures de cellulose. J'avais planté et numéroté autant de petits clous tout en haut et sur toute la largeur de mon studio qu'il y avait de plans prévus dans le scénario ! La table de montage, succincte mais efficiente, avait du début à la fin de ce prestigieux assemblage remplit parfaitement son office, couvrant exactement la surface de mon bureau. Et j'avais parfaitement montré Paris puisque le sujet du concours, cela me revenait tout à coup, c'était un film ayant pour sujet ou décor principal la capitale ! Les enfants y élisaient dans le plus grand secret leur propre maire ! D'où le titre énigmatique  "Joseph pour Paris" ! Mais oui bien sûr, tout était prévu. J'avais même un opérateur et tout ce qu'il y a de vrai puisqu'il était à l'Ecole Louis Lumière de la rue de Vaugirard ! Et des enfants en ribambelle puisque j'avais passé des annonces dans "Annonces Quartier" et dans "Paris Paname" ! "Oui madame, c'est pour le Caméra-Club du Ministère des Finances."  Sois prudent quand même, m'avait dit M.T. une fois où je lui avais rendu visite à Choisel, littéralement émoustillé par mon entreprise ! Il faut dire que je venais surtout de trouver exactement chaussure à mon pied si je puis dire en la personne d'un garçon de douze ans qui correspondait tout à fait au  personnage de Joseph qui dans mon film, malgré son nom, n'avait pourtant rien d'un patriarche.  Je vis en effet un beau jour rue de Billancourt une sorte de petit Poulbot passer en trombe sur une planche à roulettes ! Et quel style ! Le génie de la Bastille sur un skate-board ! Ce serait donc celui-là et pas un autre.  Je n'eus pas à lui courir après bien longtemps car il habitait à deux pas et rentrait chez lui ! Je pus ainsi tout de suite faire connaissance de ses parents avant même de lui avoir adressé la parole ! Et donc strictement dans le cadre des recommandations impératives de M.T.qui m'avait fortement déconseillé en particulier de proposer quoi que ce soit à un enfant aperçu comme ça dans la rue avant d'avoir rencontré d'abord les parents.  Et donc de lui demander seulement son numéro de téléphone sans lui donner le mien ni même ma carte non plus !                                                                                                                                 

     
                 
                 
                 

 

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