Un poétique Cayatte emmené par un
duo étincelant et un maléfique Brasseur. Une tragédie
shakespearienne magnifique à découvrir et une des plus belles œuvres
parmi la filmographie de Cayatte.
Les amants de vérone est un film culte
du cinéma français et c'est aussi la meilleure adaptation de Roméo
et Juliette. En outre il a le mérite d'avoir véritablement révélé
Anouk Aimée, qui aura la carrière que l'on sait. Serge Reggiani,
Martine Carol sont lumineux et apportent beaucoup a ce film
Un joli film tout en finesse, pas du
tout alourdi comme je le craignais par le mythe Roméo et Juliette.
Les acteurs sont excellents.
Un drame romantique ou Anouk Aimèe, à la
beautè secrète et troublante, tient son premier grand rôle aux côtès
de Serge Reggiani, frais et candide, en modeste ouvrier! Les dècors
naturels et artificiels particulièrement bien rendus et la
magnifique photographie d'Henri Alekan font des "Amants de Vèrone",
sorte d'innocents qui s'aiment, rayonnants et condamnès, un grand
classique du cinèma français des annèes 40.
Les Amants de Vérone est à la lisière, une sorte de mélange
hybride entre un cinéma à thèse balbutiant, sans grandes nuances et
du réalisme poétique et romantique du cinéma d'avant-guerre et du
cinéma d'occupation cher à Carné et Prévert. L'idée du scénario de
Cayatte de mise en abîme de l'histoire de Roméo et Juliette au XXème
siècle par l'intermédiaire d'un tournage de film est ingénieuse et
originale pour aborder sa vision de l’œuvre de Shakespeare, il faut
le souligner ! Mais Cayatte hésite trop entre dénonciation et
critique d'un milieu social (bourgeoisie désargentée) et romance
échevelé. Du coup, des ruptures brutales de ton et de rythme. En
tous cas, le duo Aimée-Reggiani est lumineux et romantique à souhait
et cela nous vaut les plus belles scènes du film. Reggiani avait un
charme fou et une fraîcheur, un quelque chose dans le regard qui
fait craquer !
Une adaptation originale de Roméo et Juliette, un scénario de
Jacques Prévert, des jeunes premiers radieux (Anouk Aimée - sublime
et Serge Regianni) donnent un film malheureusement inégal. Quelques
jolies scènes (les amants se baignant dans le fleuve) et surtout un
acteur immense (Pierre Brasseur). Mais le film a pas mal vieilli et
les lourdeurs (la famille de la jeune Anouk) cassent la poésie à
laquelle on s'attendait.
La transposition des" Amants de Vérone" ne m'a pas vraiment
plu. Marcel Dalio en fait trop dans le rôle du frère cinglé de Louis
Salou. La fin est une tragédie à la Roméo et Juliette,mais c'est
trop de cabotinage de la part de tous les acteurs,excepté Pierre
Brasseur qui s'en sort le mieux.
Un film qui a pris un sérieux coup de
vieux, qui d'ailleurs a dû déjà paraître vieux l'année de sa sortie.
Les trucs poétiques et naïfs de Prévert qui passaient avant et
pendant la guerre apparaissent totalement dépassés. Le scénario
tombe dans tous les poncifs auxquels on pouvait s'attendre et la
réalisation, très Qualité française, manque sérieusement de
subtilité, le pire étant peut-être Marcel Dalio qui cabotine
atrocement dans le rôle du cinglé de la famille. Une variation de
"Roméo et Juliette" aussi ratée que désespérément désuète.
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