Fiche 2539
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" Adieu
Philippine "
(1963)-(Fr)-(1h48) - Comédie dramatique
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Synopsis
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Paris, 1960. Michel doit bientôt partir en Algérie pour faire son service. En attendant, il travaille comme machiniste à la télévision, ce qui lui permet de faire croire aux filles qu'il est une vedette. C'est ainsi qu'il séduit Juliette et Liliane, deux amies inséparables "comme les amandes philippines". Les jeunes femmes, qui aimeraient le voir échapper au service militaire, essayent de l'aider à percer dans le cinéma, sans pour autant savoir qui sera l'élue de son coeur.
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Critiques Presse
bonnes moyennes mauvaises critiques nd
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Critiques Spectateurs bonnes moyennes mauvaises
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C'est l'exemple parfait du film qui ne vieillira jamais contrairement à nous spectateurs car il est filmé sans la moindre intention autre que celle de rendre le plus exactement possible le temps du moment. Aucun souci de spectacle ce qui évidemment peut faire naître l'ennui; Aucun dialogue autre que le langage commun de l'époque que cela soit celui des parents dans l'admirable repas de famille avec le retour de ''l'algérien'' ou en toutes circonstances de celui des enfants ayant 20 ans en 1960. La mise en scène est toujours simple, classique avec un réalisateur qui s'attarde selon ses choix sans jamais s'occuper d'un éventuel public. Peu de films savent rendre avec autant de justesse une ambiance du temps passé. Que cela soit les rues de Paris ou les routes et les ports de Corse, la priorité se porte sur les gens. Aucune démonstration de technique ni de mise en valeur des extérieurs qui sont pourtant si beaux...Du cinéma rare qui force le respect. Nous sommes en plein dans la guerre d'Algérie dont nous ressentirons l'angoisse lors de l'interminable départ du bateau, ce sera sur ce déchirement le seul jugement porté sur la guerre mais n'est ce pas l'essentiel? Parmi les jeunes cinéastes de la nouvelle vague Jacques Rozier est à part, il ne revendique rien, il se contente d'être authentique. Le premier long-métrage d'un cinéaste qui aura, hélas, trop peu tourné ; un des plus beaux films de la "nouvelle vague" naissante, où la liberté et la spontanéité l'emportent sur des scénarios sans saveur, ceux de la "qualité française" de l'époque. C'est du côté de Leenhardt que l'on peut tenter de trouver une filiation à ce cinéma pris sur le vif. Les scènes situées en Corse, notamment, sont un témoignage précieux d'une ambiance insouciante des vacances durant les 30 glorieuses, où la guerre d'Algérie ne représente ici qu'un danger lointain. En apparente légèreté, la datation volontaire du film (évocation de la guerre d'Algérie dès le premier plan), le film finit brutalement, sur un départ qui peut être sans fin... Rozier nous filme les années 60 (le film vaut surtout pour l'envie de retrouver cette époque...)autour d'une histoire de "minettes" qui fait autant rire qu'elle agace. D'un point de vue scénaristique, bien sûr, il y a certains improbabilités, mais la fluidité du montage, et le naturel des acteurs nous le font oublier... On passe un bon moment, entre les plateaux télé et le cha cha cha au club med. Le montage est dément.
Très Nouvelle Vague ce film donc possédant un ton très libre mais revers de la médaille une technique d'amateur, un scénario qui va souvent à vau-l'eau et parfois une direction d'acteurs hasardeuse. Reste une fraîcheur incontestable qui doit beaucoup aux deux jeunes et jolies comédiennes (avec qui on ferait bien un plan à trois !!!), des séquences drôles avec Vittorio Caprioli (l'acteur qui jouera par la suite le "méchant" dans "Le Magnifique" !!!) et un petit fond de gravité quand le conflit en Algérie est évoqué en filigrane. Donc une oeuvre faussement insouciante qui aurait pu être une réussite avec plus de rigueur.
Parfois drôle, parfois touchant, parfois barbant. Le film alterne
entre le très très bon, notamment les plans avec Yveline Cery, qui
sont pour moi très réussis, Jacques Rozier parvient à capter toute
la beauté de cette actrice talentueuse (on ressent bien les
sentiments du personnage contrairement aux deux autres qui sont
moins flagrants), et le moins bon, c'est loin d'être mauvais, mais
je ne sais pas, peut-être le manque de rythme, ou certains plans en
trop, en tout cas ce sont quelques détails qui font que ce film
mérite 2 étoiles pour moi.
"Adieu Philippine" peut se voir à la fois comme le prototype du film estampillé Nouvelle Vague et comme la preuve de ses limites. En effet, on retrouve ici la liberté de ton de la Nouvelle Vague, une chronique de la jeunesse des sixties avec les flirts et l'insouciance de ses années-là, bien que la menace de la guerre d'Algérie se profile à l'horizon... Pourtant, force est de constater que ses thèmes sont bien mieux traités dans d'autres films de la même époque et que le film de Rozier souffre de la comparaison. On pense bien sûr aux premiers Godard, à "Jules et Jim" de Truffaut, voir aux "Parapluies de Cherbourg" de Demy pour se qui est de l'Algérie. C'est au final avec un désintérêt poli que l'on suit les pérégrinations extrêmement répétitives d'un ersatz de James Dean et de ses deux amies dont l'amitié sera mise à mal par leur triangle amoureux. Tout cela reste bien vide, on cherche en vain une vraie réflexion sur la société française comme le faisait par exemple Chabrol. Ou encore un traitement un peu plus conséquent du sujet de l'Algérie. Ici, on se contente de voir un ami du héros revenir de la guerre et déclarant n'avoir rien à dire sur le sujet. Alors certes, l'anecdote est révélatrice du malaise et du traumatisme des combattants mais le sujet est immédiatement abandonné alors que le réalisateur aurait pu persévérer dans cette voie encore un peu. Reste seulement une critique de la médiocrité des la télévision et de la publicité pas inintéressante mais finalement peu traitée. Alors certes, Rozier n'avait probablement pas l'intention d'insuffler trop de gravité à son film puisqu'il lui préfère la légèreté mais cela aurait densifié le film. A la place de quoi Adieu Philippine se révèle terriblement limité. Sous prétexte de filmer l'atmosphère des années 60, Rozier en oublie le scénario. Les personnages vides et sans aucun intérêt produisent un ennui incommensurable. On se fout de cette histoire et des états d'âme de tout ce joli monde. Comme il faut que ça soit profond, la guerre d'Algérie vient en filigrane annoncer la gravité de l'entreprise. Pitoyable !
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