Fiche 2526
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" Goutte
d'Or "
(2022)-(Fr)-(1h38) - Drame
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Synopsis
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Ramsès, trente-cinq ans, tient un cabinet de voyance à la Goutte d’or à Paris. Habile manipulateur et un peu poète sur les bords, il a mis sur pied un solide commerce de la consolation. L’arrivée d’enfants venus des rues de Tanger, aussi dangereux qu’insaisissables, vient perturber l’équilibre de son commerce et de tout le quartier. Jusqu’au jour où Ramsès va avoir une réelle vision.
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Critiques Presse
bonnes moyennes mauvaises critiques nd
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Le Monde Le Parisien Le Journal du
dimanche Les Inrockuptibles
L'Express
Télérama Cahiers du Cinéma Positif
Paris Match Le Figaro Libération L'Humanité Première Ecran Large Elle Ouest France L'Obs Critikat.com La Croix
Comme dans Braguino, Clément Cogitore guette au cœur du réel les traces d’un monde fabuleux qui le sous-tendrait. Si la réalité la plus concrète se teinte ici de fantastique, ce n’est pas par l’adjonction de quelque effet, mais plutôt parce qu’elle a perdu son évidence. Tendu par la trame policière, le film, d’abord réaliste, presque documentaire, s’enfonce dans une étrangeté mystique à mesure que le mage sans scrupule vacille au contact des mineurs isolés. La croyance guide les pas du héros et du spectateur de ce deuxième opus long signé Clément Cogitore. Une plongée dans les méandres d’âmes habitées, avec un Karim Leklou hallucinant. Un film mystique et troublant, une œuvre comme un trou noir, la plus sombre des nuits d’où peut, peut-être, émerger la beauté. Artiste multicarte (danse, opéra, vidéaste), cinéaste à part (« Ni le ciel ni la terre »), Clément Cogitore bâtit une œuvre forte, hors des sentiers battus. Clément Cogitore explore un territoire parisien, le quartier de la Goutte d’or, et en tire un magnifique polar mystique où Karim Leklou, impressionnant en escroc reconverti en médium, absorbe toute la souffrance de ses habitants. Porté par un Karim Leklou habité, son récit souvent nocturne mais lumineux mêle vérisme et étrangeté pour rendre au réel sa part de mystère. Là réside la beauté d’un cinéma à la fois double et cohérent sondant subtilement notre rapport aux croyances. Le deuxième film de fiction de Cogitore confirme sa volonté de faire apparaître des lieux et des personnages, ici un marabout dans le quartier de la Goutte-d’Or, peu filmés. Le résultat est virtuose, tranchant, mais reste aussi un peu froid et distant. Tout à la fois pas assez ethnologique et pas assez chamanique, le film joue et perd sur les deux tableaux. De ses thématiques sociétales (l’arnaque à la voyance, le quotidien interlope d’enfants livrés à eux-mêmes) émane une telle force de fantasme que le fantastique fait l’effet d’un ajout superflu : c’est presque trop d’idées fortes pour un seul film, et cela laisse paradoxalement un goût de jamais commencé.
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Critiques Spectateurs bonnes moyennes mauvaises
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Ramsès a de la prescience et cela lui joue des tours, alors même que son succès met ses concurrents en rage et que le film tourne au polar. On sent Cogitore passionné par les liens entre le réel et le mythe. C’est ce qu’il met en scène, pour nous égarer peu à peu, nous qui croyons si volontiers ce que le cinéaste nous raconte. Il en joue adroitement, entre l’ancrage de Ramsès dans l’énergie de ce quartier populaire et son trouble face à l’incertain. Il est la consolante voix des morts mais est lui-même confronté à l’irrationnel et à la mort. Et bascule… « L’enfer est vide, ils sont tous ici », lâche son père (Ahmed Benaïssa, merveilleux acteur malheureusement disparu le 20 mai 2022, en plein festival). Car en filmant la tension et la beauté de la ville confinée entre vitalité et chantiers, Cogitore en dégage aussi l’instabilité. Il le fait de main de maître, si bien que Goutte d’or est un des films les plus dérangeants et donc marquants vus à Cannes cette année. Clément Cogitore qui avait réalisé le magnifique Ni le ciel ni la terre nous transporte dans son univers onirique où le réel et le mystère s'entremêlent. Karim Leklou incarne avec précision et talent un mage halluciné plongé dans une sorte de descente aux enfers dont personne ne remontera indemne. Un très beau film noir, porté par la photographie magnifique de Sylvain Verdet et un casting exceptionnel.
Difficile de poser un avis définitif sur ce film. Même 24h après
l'avoir vu. Ce film se déroule dans le quartier de la Goutte d’Or à Paris. On y découvre une faune interlope. Le réalisateur nous raconte l’histoire d’une sorte de mage magnifiquement interprété par Karim LEKLOU en prise avec un environnement hostile qui vient perturber son petit commerce florissant. Le film est bien réalisé et décrit bien la précarité et l’insécurité qui règne dans ce quartier parisien. J'ai adoré. Je ne suis pas fan de films intellos mais là j'ai pris une claque. C'est brutal mais avec de la poésie. Je connais bien le quartier de la Goutte d'Or mais mais je l'avais jamais vu filmé comme çà. L'acteur qui joue Ramses, aussi dans BAC Nord, est géniale et les jeunes marocains sont ouf! Allez-y ! Cà fait du bien les bons films. Un film envoûtant, où la réalité brute et violente se noie dans un univers onirique et magnétique. Le mensonge côtoie la vérité, les deux s'entremêlent et l'on se perd avec ces personnages lumineux prient dans la tourmente. Un film d'une grande poésie à voir absolument !
POUR
: arnaque bien organisée à la voyance (complices étudiant les
portables et les réseaux sociaux pour récupérer les infos et ainsi
enfumer les clients désemparés), qui se retourne contre Ramsès qui
devra assumer ses "pouvoirs" de mage face à la bande de mineurs
sauvageons, une grand-mère sage, des femmes "gestionnaires de la
crise",
Goutte d'or semblait devoir être aussi bien le portrait d'un quartier populaire de Paris que d'un personnage ambigu, un vrai faux médium qui a fait du marché du deuil et de la consolation un commerce lucratif basé sur une arnaque bien huilée. Cependant, le film de Clément Cogitore semble prendre un malin plaisir à brouiller les pistes, en faisant soudain de son antihéros un clairvoyant de nuit, par ailleurs harcelé par une bande de gosses venus de nulle part. Difficile de ne pas ressentir un brin de confusion devant un scénario parfois peu lisible, surtout au démarrage, en dépit d'une poignée de scènes bourrées d'énergie, quoique les enjeux n'apparaissent pas si clairs en définitive. Cogitore aime depuis ses débuts mêler réalisme et mysticisme, ou quelque chose qui s'en approche, et c'est précisément cette spécificité qui en fait un cinéaste un peu à part dans le paysage français. Goutte d'or n'est pas la moins singulière de ses œuvres mais il est difficile de prétendre qu'elle possède un réel pouvoir de conviction ou de séduction. Karim Leklou, toujours aussi insaisissable, n'a lui strictement rien à se reprocher, jouant parfaitement sur le caractère équivoque d'un escroc pas totalement antipathique, qui a tôt fait de passer de victime à marabout sans que cela paraisse une aberration complète. Marabout de ficelle. Karim Leklou est un comédien formidable mais il ne peut pas à lui seul sauver cette histoire abracadabrante. Certes il y a des moments magiques dans ce film mais ils sont trop peu nombreux. C'est la tendance sociale-sociologisante qui l'emporte. La mayonnaise marabout-escroc-film noir-social-ésotérique ne prend jamais. C'est bien connu : celui qui court plusieurs lièvres à la fois n'en prend aucun. Pas du tout convaincu par ce personnage de médium à la petite semaine. Ce n’est peut-être que moi mais je n’apprécie pas le jeu d’acteur de Karim Leklou dont le côté sombre, ténébreux et taciturne et le visage fermé me semblent toujours exagérés, à moins qu’il ne soit comme ça en vrai ? Autour de ce personnage sans attrait, la misère sociale et économique, les trafics, les arnaques, dans ce quartier atypique qu’est devenu la Goutte d’Or. Les spectateurs (de province) qui ne connaissent pas peuvent aller se renseigner sur la notice Wikipédia pour y lire le catalogue de toutes les misères du monde qui se concentrent là, alimentées par la délinquance incontrôlable (puisque mineurs isolés étrangers), les trafics en tous genres (y compris du pire), l’insécurité urbaine. Les secrets de tournage nous disent que le réalisateur aime ce quartier. On n’a pas les mêmes goûts ! Rythme lent, intrigue minimaliste, filmé en permanence dans la pénombre (supplément d’ambiance). C’est lassant et ennuyeux. Je suis resté jusqu'à la fin mais c'est vraiment pour ne déranger personne dans la salle.
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