CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2396 

 

 

n°2396
 
" Anna et les Loups "

 

 

(1973)-(Esp)-(1h42)  -      Drame   

 

Réal. :     Carlos  Saura   

 

 

Acteurs:  G.Chaplin, F.Fernan Gomez, J-M.Prada ...

 

Synopsis

 

 

L'arrivée de la belle Anna bouleverse la vie d'une famille bourgeoise espagnole. Les névroses, peurs et désirs des quatre membres de la famille s'exacerbent à son contact.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

  Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première    Ecran Large     Elle    Ouest France   L'Obs   Critikat.com   La Croix 

 

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Sorti deux ans avant la mort de Franco, ce film est une véritable allégorie sur la société espagnole sous la dictature franquiste. Les trois obsessions de cette société traumatisée y apparaissent comme celles de trois frères : la volonté de dominer, de régir la vie des autres dans ses moindres détails, le refoulement des pulsions sexuelles, l'hypocrisie religieuse et mystique. La partie sur le mysticisme peut sembler parfois un peu longue et décalée par rapport aux préoccupations d'aujourd'hui, mais elle correspond à une époque où il était difficile de parler de l'Espagne sans évoquer le rôle castrateur de l'Eglise et de la religion. La jeune Géraldine Chaplin apparait ici comme une comédienne formidable qui, confrontée à cet univers hystérique, sait incarner non seulement la beauté et la tentation, mais l'humour, la fraicheur et parfois la ruse face à ces loups. Mais son personnage n'a pas mesuré pleinement leur cruauté et leur cynisme : elle paiera cher cette erreur. Face au fascisme, c'est une lutte à la vie ou à la mort qu'il faut mener, il n'y a pas de demi mesure, même la fuite ne règle rien, nous dit Carlos Saura. L'âpreté du paysage renforce celle des relations humaines. Un très beau film.

Hou là ! Sans doute un des meilleurs films de Carlos Saura. L'arrivée de la gouvernante dans cette famille richissime qui se révèle un noeud de vipères, avec trois hommes frustrés (les fameux loups) va faire l'effet d'un révélateur, un peu comme le jeune homme dans "Théorème" de Pasolini. La noirceur l'emporte, avec sans doute tous les fantasmes et la charge symbolique d'un franquisme en voie d'extinction... Superbe, on est scotché sur son fauteuil ! Formidable Géraldine Chaplin...

Le portrait d'une jeune femme, le portrait d'un famille et à travers elle, le portrait d'un pays, l'Espagne en plein franquisme. C'est un cinéma très adroit, bien écrit, peut-être un peu trop bordé, un peu trop sage, la violence du sujet est assez sous-jacente finalement. La grande force de ce film, près de 50 ans après, c'est la complicité qui unissait Géraldine Chaplin et Carlos Saura. La comédienne est touchante et inspirée comme elle le sera par la suite dans les autres films de son mentor.

"Anna et les loups" est un des sommets de la filmographie de Saura. Attirant toutes les convoitises, le personnage d'Anna, superbement incarné par Géraldine Chaplin, est confronté aux représentations classiques de la société franquiste : l'armée, l'église et le sexe, tabou entre tous. Étonnée puis amusée, l'héroïne, ingénue diablesse, entrera dans le jeu des trois frères par curiosité, gagnera leur sympathie avant d'être bannie par la matriarche. La fin est terrible mais tient autant de la farce que de la chronique d'une mort annoncée. Fustigeant l'hypocrisie d'une société en fin de vie, le cinéaste livre une œuvre forte, souvent drôle, aux traits appuyés mais lucides. Incontournable.

Deuxième Carlos saura que je mate (après Cria Cuervos qui m'avait moyennement emballé). Celui-là est bien meilleur, et mets à mal l'Espagne bien pensante franquiste de l'époque à travers la religion, l'armée et la sexualité (3 piliers de fondement de toute société). J'y ai vu aussi beaucoup de références vu dans ma loute de Dumont qui a sans doute vu et adoré ce film de Saura. La fin est percutante et coupe net la morale et la fin du film. Bonne surprise donc.

 

On voit tout de suite dans ce film la survivance de Théorème de Pasolini. La femme arrive et devient le catalyseur des diversions de la famille. Chacun va chercher en elle une justification de son état de péché. C’est moins mystique néanmoins et les hommes ici sont considérés comme coupables. Ils doivent expier. Mais ne savent pas comment sauf à maltraiter la femme qui devra abandonner au final cette famille sans véritablement la sauver. Je n’ai pas compris totalement la relation à la politique de l’époque. Mais j’ai préféré le relatif dépouillement de Pasolini.

En Castille, près de Madrid, une aguichante gouvernante, plutôt laxiste, tente de comprendre les fantasmes de trois frères décadents, un militariste dominateur, un ermite renonciateur, et un refoulé sexuel. Il y a du Pasolini (je pense à Théorème) ou du Busnuel là-dedans, mais c’est trop intello-sociétal pour moi et j’ai eu du mal à tenir jusqu’à la noire conclusion finale. Géraldine Chaplin tire son épingle du jeu dans son rôle ambigu.

 

La lourde dénonciation des tares du franquisme dans Ana y los lobos (1973), à travers diverses caricatures, réduit le film à un pamphlet, certes courageux et militant. On peut aussi souligner la grâce de Géraldine Chaplin et une lointaine influence de Bunuel. Saura fera nettement mieux avec Cria cuervos.

Anna est une jeune étrangère engagée pour s’occuper de 3 fillettes dans une grande maison isolée dans le maquis où vit toute une famille de personnes désaxées : la grand-mère, épileptique, impotente et regrettant l’époque d’avant la guerre civile et ses 3 fils : l’un célibataire, militaire raté (il collectionne les costumes de l’armée) et partisan de l’ordre, l’autre, célibataire également, à tendance mystique et se réfugiant dans une grotte à proximité et le dernier, marié, père des 3 fillettes et refoulé sexuel. Bien sûr, c’est une allégorie de l’Espagne franquiste (2 ans avant la mort de Franco) avec l’armée, l’église et le machisme mais la critique reste modérée, censure oblige. Le film devient vraiment intéressant… dans la dernière scène, révélant la vraie nature du franquisme.

 

 

 

Index Films

 

Sommaire  MAGALMA