Fiche 2895
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" Traces "
(2022)-(Portu,Fr)-(2h07) - Drame
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Synopsis
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Dans un village du nord du Portugal, un rite de passage hérité d'une tradition païenne laisse des séquelles irréversibles au jeune Laureano, battu par trois autres adolescents. 25 ans plus tard, Laureano vit toujours aux abords du village, en marge de la communauté et entouré de chiens errants. Les agresseurs, devenus maintenant des hommes, se retrouvent un soir pour célébrer la fête du village. À la nuit tombée, un évènement fait remonter le passé à la surface et la tragédie s'installe.
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Critiques Presse
bonnes moyennes mauvaises critiques nd
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Le Monde Le Parisien Le Journal du
dimanche Les Inrockuptibles
L'Express
Télérama Cahiers du Cinéma
Positif
Paris Match Le Figaro Libération Transfuge Première Ecran Large Elle Ouest France L'Obs Critikat.com La Croix
L'exigence du scénario, la richesse des personnages, l'atmosphère rurale de ce village reculé et la beauté des images participent d'un film à l'inquiétante étrangeté, aux limites du fantastique. Un polar éclairant sur nos pires zones d’ombres. Cette exploration des ambiguïtés de l’être, de la permanence des rituels et du poids du refoulement, portée à un haut degré de maîtrise, est impressionnante. À la fois récit policier, conte ethnographique et plaidoyer en faveur du droit à la différence, le sixième long-métrage de Tiago Guedes est une franche réussite. Malgré une certaine pesanteur théâtrale, cette tragédie rurale pourrait bien laisser de notables traces dans le cinéma portugais. Coécrit par Tiago Rodrigues, ce scénario paraît d'abord tiré par les cheveux et sa mise en scène lente. Le tout s'avère en fait, chemin faisant, extrêmement précis et de haute tenue, parfois au détour de beaux plans séquences. Le soupçon circule partout, au point que dans un intrigant passage même les chiens sont suspectés de conspiration, leur simple présence dans le cadre devenant alors source de malaise, conformément à la noirceur sans issue du film.
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Critiques Spectateurs bonnes moyennes mauvaises
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Le long-métrage le plus dense et puissant de ce début d'année vient du Portugal et s'intitule Traces (Restos do vento en V.O). De sa scène d'ouverture, saisissante, à celle de "fermeture" (25 ans plus tard), terrifiante, le film de Tiago Guedes nous immerge en milieu rural, de la même manière âpre que As Bestas, pour une tragédie moderne, racontée avec une lenteur d'action somptueuse, privilégiant une atmosphère oppressante, au sein d'une petite communauté. Le personnage principal de Traces, faux idiot de village et marginalisé, entouré de chiens abandonnés, représente la mauvaise conscience des autres villageois, pour des faits enfouis depuis des années et qui ne demandent qu'à resurgir. Sorte de suspense shakespearien, à combustion lente, le film s'inspire de traditions païennes d'un autre âge, à base de virilité exacerbée, qui même caduques, restent dans l'ADN d'un village où règne un modus vivendi seulement tenable par le silence et la certitude que la loi des plus forts écrasera les plus faibles, dès que cela sera nécessaire. La manière dont le cinéaste exécute sa partition, en suggérant la violence larvée, dans une constante économie de dialogues, est impressionnante. Dans la représentation de la figure de l'innocence et de l'ostracisme subi, confronté aux préjugés et à la barbarie, l'acteur Albano Jerónimo se révèle bouleversant, dans le pur dépouillement de son incarnation. Ce bon film au scénario original et prenant est bien réalisé et construit. Il m’a paru intéressant à découvrir. Malgré la longueur du film que l’on ne ressent pas tellement, on est vraiment pris dans l’engrenage de cette affaire qui se situe dans ce village portugais avec ses traditions où tout le monde se connait. C’est en quelque sorte une tragédie grecque moderne qui se déroule sous nos yeux et c’est plutôt bien réussi. Laureano n’était encore qu’un adolescent lorsqu’il a été battu par ses camarades, le jour de la fête de son village, et laissé pour mort gravement diminué. Vingt-cinq années ont passé et tous les protagonistes de l’histoire sont restés dans le même village qu’ils n’ont jamais quitté : Laureano, vivant dans la seule compagnie d’une horde de chiens sauvages, Samuel, qui a prospéré et eut un fils, Paulo, devenu gendarme, Vitor, impliqué dans une sombre escroquerie, Judite qui a eu avec Vitor une fille, Salomé avant de refaire sa vie avec Paulo… Leur passé va refluer lorsque le corps du fils de Samuel est retrouvé mort, déchiqueté par les chiens de Laureano. "Traces" est un polar dont la durée de plus de deux heures pourrait sembler rebutante. Pourtant, hapé par le suspense, on n’y regarde jamais sa montre. On apprend bien vite le nom du meurtrier. Et on redoute que la fin du film y perde de son intérêt. Mais, contre toute attente, la conclusion de Traces, la mécanique implacable et tragique qu’elle déploie nous foudroie.
Tout le monde sait mais personne ne veut savoir. Silence sordide et secrets malsains. Mœurs anciennes traditions ancestrales cruelles ... Quand le passé rejoint violemment le présent. Film lent. Parfois les scènes se répètent et le temps s'installe enfin. Un film qui est loin de m'avoir laissé indifférente et pourtant je ne sais comment en parler sauf écrire qu'il me laisse un sentiment amer, une sorte de tristesse au fond du cœur : je n'aime pas l'injustice surtout quand elle touche un être fragile et pur . Je regrette tellement de ne pas avoir pu intervenir. Sorti dans très peu de salles, il y a fort à parier qu'il ne sera pas beaucoup vu, sentiment renforcé par le peu de spectateurs présents dans la salle ou je me trouvais le deuxième jour de son exploitation Situé dans un village de la campagne portugaise, où tout le monde se connait depuis sa plus tendre jeunesse, c'est une illustration de la théorie du bouc émissaire, chère au philosophe René Girard. Un meurtre survient dans la communauté. Pour que la paix et la tranquillité y revienne, un marginal un peu dérangé mais pacifique, s'accuse pour rendre service à une amie. Si " traces" n'est pas exempt de défauts ( longueur injustifiée au regard de ce que permet le scénario, description des personnages pas suffisamment fouillée, montage discutable - pas sûr que la première scène aurait dû figurer la ou elle se trouve et en tout cas pas d'une seule pièce -interprétation de certains acteurs imparfaites), on ne peut lui nier certaines qualités qui en font l'intérêt. La photo, les décors, l'ambition du cinéaste sont évidentes et certaines scènes sont adroitement troussées. C'est déjà pas mal, pour un film qui bénéficie d'un canevas intéressant mais qui manque tout de même, du moins à mes yeux, de finition. On est effectivement dans la même veine que « as bestas » même si on n’y retrouve pas la même puissance. Il y a quand même cette ambiance poisseuse où le coupable est vite trouvé dans ce drame qui survient à la moitié du film. J’ai préféré la fin terrible qui devient haineuse et qui laisse dans ces derniers instants un village désert et déprimant.
Dans ce petit village portugais la seule trace de modernité est la présence d'éoliennes non loin. Sinon que ce soit les fêtes païennes, le comportement des hommes envers les femmes et aussi envers leurs congénères, tout est archaïque. Une célébration idiote de la masculinité toxique, et des femmes soumises ou pleutres. Avec un tableau pareil et une mise en scène sans grâce ni génie, on est plutôt content quand le film s'arrête.
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