Fiche 2890
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" Justice
est faite "
(1950)-(Fr)-(1h35) - Drame
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Synopsis
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A Versailles, en 1950, le jury de la Cour d'assises doit se prononcer sur le cas du Dr Lundenstein, qui comparaît pour avoir pratiqué l'euthanasie
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Critiques Presse
bonnes moyennes mauvaises critiques nd
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Critiques Spectateurs bonnes moyennes mauvaises
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Déjà en 1950, « Justice est faite » se penchait sur la légalité et la moralité de l'euthanasie pour les hommes. Un sujet toujours d'actualité donc auquel on rajoute celui de la faillibilité de la justice. Ces thèmes sont intelligemment amenés par cette histoire juridique et surtout à travers le regard de sept jurés aux caractères et passé différents. Le propos est bien mené et amène le spectateur à réfléchir (même si certains arguments paraissent vieillots aujourd'hui). Chaque personnage est attachant à sa manière dont on découvre une partie de leur intimité via des scènes drôles ou tristes. Une réussite totale consacrée par un Ours d'or à la berlinale de 1951. Impossible de voir un tel film aujourd'hui tellement il est ancré dans son époque : les années 50 en France et en région parisienne, toute reconstitution ne pourrait lui être comparable. Il est avant tout passionnant avec une flopée d’acteurs de très hauts niveaux. Noël Roquevert exceptionnel, Valentine Tessier impeccable et Antoine Balpêtré comme on l'aime, le couple Poivre/Bussières en pleine forme. Les dialogues de Charles Spaak ornant magnifiquement le sens profond que Cayatte souhaitait leur donner. Dire que dans ces années là ce cinéma était considéré comme ‘’populaire’’ est une vérité. Le public venait même revoir ces films dont l'intelligence éclatait de partout. Avec un peu de recul, il est plus facile de trouver la faille, ce qui ne change rien à l’intérêt de ce spectacle plus revigorant que déprimant. C’est d'abord le jury que l’on pourrait qualifier d’ ’’introuvable’’ comme la chambre de 1815. Les 7 jurés sont exceptionnels de justesse et d’authenticité mais aussi beau parleurs et aussi doués pour l’argumentation: c’est du cinéma. C’est ensuite la véritable plaidoirie qui provient d’un citoyen lambda, témoin ordinaire alors que les avocats demeureront silencieux. Peu importe, nous ne remercierons jamais assez Cayatte d'avoir eu la bonne idée de quitter son métier d’avocat pour devenir cinéaste, ses films témoins de son temps sont irremplaçables. Dans ‘’justice est faite’’ Cayatte nous montre d'une façon parfaite le rôle énorme que les idées préconçues des jurés jouent dans leur verdict malgré la présence d'un juge professionnel pour aider à débattre. Encore un film sur un thème important pour Cayatte, la justice, et notamment la décision à prendre pour les jurés sur une affaire délicate. Le film est une véritable réussite tant il est est moderne et la réalisation est soignée et démonstrative. Les acteurs impliqués consolident le ton du film, pertinent. A découvrir. Un excellent film à tout point de vue, que j'ai eu la chance de voir dans une version totalement restaurée de très bonne qualité, dans le cadre du Festival Lumière 2019 de Lyon. Ce film de plus de 70 ans, a très bien vieilli quant à sa forme et à la façon de jouer des acteurs et reste d'actualité avec, en toile de fond, le thème de l'euthanasie. La réalisation est impeccable : une succession de scènes le plus souvent brèves et aux dialogues percutants ou très bien ciselés suivant le moment, une héroïne cornélienne, drappée dans sa dignité, des retournements de situations inattendus, et en accompagnement, ces tableaux de la vie sentimentale ou professionnelle des Jurés qui au final et dans une large mesure va expliquer leur verdict. Les personnages secondaires ont une véritable épaisseur et les acteurs second rôle jouent à la perfection. Et quel plaisir, de revoir, si mangnifiquement filmée, la France d'après guerre, que ce soit la ville, ses bistrots, ses taxis, ou la campagne avec ses paysans, ses gendarmes, et tous ces gens si touchants avec leurs coiffures et costumes de l'époque, sans parler de la mentalité, bourgeoises, militaire, paysanne, mais presque toujours très conservatrice qui régnait en 195 et qu'on ne peut regarder qu'avec nostalgie. Le seul petit reproche, peut-être, c'est le caractère didactique du film, sa volonté de trop démontrer ce qui aurait pu être seulement suggéré. Encore un film d'André Cayatte pointant l'arbitraire des jurys populaires. Un poil trop didactique, les explications finales en voix off étant bien superflues pour comprendre aussitôt le propos du film. Mais l'idée de suivre les jurés dans leur vie quotidienne pendant le procès est une bonne idée, Outre le fait que cela rende le film plus vivant, cela permet au spectateur de voir toutes les influences partiales que subit un esprit humain pour ensuite censément prendre une décision impartiale.
On ne peut qu'adhérer aux considérations éclairées et humanistes de Cayatte. Sans réfuter, bien sûr, la nécéssité d'une justice, le cinéaste, ancien avocat, dénonce ici la méthode du jury populaire dans les procès d'assises. L'intime conviction qu'on demande au juré est, selon lui, une aberration et, sous couvert de démocratie, le procédé le moins objectif qui soit pour rendre la justice; une thématique qu'on retrouvera de façon plus condensée dans le passable "Verdict" du même Cayatte réalisé quelque 24 années plus tard. Pour illustrer son propos, le réalisateur alterne les scènes de procès, où l'on juge une jeune femme ayant pratiqué l'euthanasie et, entre les audiences, des moments intimes des sept jurés de nature à influencer leur vote. La démonstration est évidente, de bon sens...et démonstrative. C'est la faiblese du film que d'user d'un procédé dramatique trop vu peut-être, et c'est le risque du film à thèse, aussi légitime soit-elle, que d'être partial et schématique. Par ailleurs, le cas d'Elsa Lundestein, criminelle par générosité, ne sert pas forcément la cause de Cayatte; son innocence, au moins morale, est flagrante, bien que son cas divise progressistes et conservateurs. L'accusée eut commis le pire méfait et le drame, le débat prenaient un tour plus délicat. Quoiqu'on en pense, on retrouvera dans le film d'excellents acteurs, incarnant la France dans toute sa diversité de moeurs et d'opinions, parmi lesquels Marcel Pérès en paysan fruste et Noël Roquevert dans sa composition récurrente d'un vieux militaire borné.
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