CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2881 

 

 

n°2881
 
" Fantôme utile "

 

 

(2025)-(FR,Thaï)-(2h10)  -      Drame, Fantastique   

 

Réal. :     Ratchapoom  Boonbunchachoke   

 

 

Acteurs:  M.D.Hoorne, W.Himmarat, A.Nitibhorn ...

 

Synopsis

 

 

Après la mort tragique de Nat, victime de pollution à la poussière, March sombre dans le deuil. Mais son quotidien bascule lorsqu'il découvre que l'esprit de sa femme s'est réincarné dans un aspirateur. Bien qu'absurde, leur lien renaît, plus fort que jamais — mais loin de faire l'unanimité. Sa famille, déjà hantée par un ancien accident d'ouvrier, rejette cette relation surnaturelle. Tentant de les convaincre de leur amour, Nat se propose de nettoyer l'usine pour prouver qu'elle est un fantôme utile, quitte à faire le ménage parmi les âmes errantes...

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Avec sans doute l’un des concepts les plus intrigants du dernier Festival de Cannes, le film thaïlandais "Fantôme Utile" fut l’une des grandes surprises de la Semaine de critique, dont il est reparti avec le Grand Prix. Une récompense fort méritée pour ce film fantastique, qui démarre presque comme une parodie façon série Z, pour aboutir à une parabole politique inattendue sur l’Histoire du pays.

Un premier long métrage jubilatoire, d’une richesse inouïe, qui renouvelle totalement le film de fantôme par un scénario à la fois fluide et à plusieurs lectures, et une parabole sur les affres de la mémoire.

Les arguments comiques du film, qui relèvent d’une sorte de burlesque inversé (non pas du « mécanique plaqué sur du vivant », mais du vivant plaqué sur du mécanique), nourrissent une fable politique d’une certaine richesse.

Pour du réalisme ou du premier degré, passez votre chemin. En revanche, si vous goûtez au cocktail proposé, vous découvrirez une vraie saveur locale, un curieux mélange de fantastique, d’humour et de candeur sucrée. Une curiosité !

Pour son premier film, le réalisateur thaïlandais s’amuse à orchestrer un film de fantômes queer et visuellement magnifique. Il est d’autant plus regrettable qu’une fois la sidération retombée, la charge, politique notamment, ne soit pas plus consistante.

Il y a quelque chose de réjouissant dans cette manière qu’a Ratchapoom Boonbunchachoke, dont c’est le premier long métrage, de s’amuser à étirer les capacités de croyance à la fiction jusqu’à un affrontement entre l’aspirateur et un frigo (on songe au Dupieux de Rubber).

Le film ne tarde pas à converger vers la fable politique convoquant les fantômes, et souffre cruellement de la comparaison avec un modèle qui revient sans cesse en tête : Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (2010), de son aîné thaïlandais Apichatpong Weerasethakul.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Attachante création (pour les amateurs de créations cinématographiques - les autres sortiront vite de la salle !). Prix de la Semaine de la Critique à Cannes 2025. À la base, ça parle de fantômes, mais on ne fait pas qu'en parler. On côtoie quantité de fantômes. Ils tentent d'exister dans une Thaïlande qui a oublié de prévoir leur existence dans ses lois... Ce qui en fait un film drôle. Mais qui dit fantômes dit défunts ; et qui dit défunts dit tristesse, oubli, colère... de ceux qui restent en vie. Il y a donc deux populations qui coexistent, et qu'il faut gérer (et soigner !). Et donc deux aspects du film, l'un comique et l'autre tragique. Le rêve et de l'oubli font partie des leitmotivs tragiques du film. De quoi ou pourquoi rêve-t-on ? Pourquoi oublie-t-on ? A-t-on le droit d'oublier ? Le seul fait d'en faire des sujets et d'y revenir encore et encore nous oblige, intelligemment, à y penser et y repenser. On finit par en être touché. Mais l’auteur en profite : il vide son sac. Tout son sac toutefois, semble-t-il, ce qui est trop, beaucoup trop pour nous autres qui aimons marcher sur une route à la fois. Ce qui est génial est de nous faire rire en même temps. Le comique vient du scénario, scénario burlesque évidemment. Il vient aussi des acteurs dont l'expression est pétrifiée (comme en stop motion), ou dont l'action est exagérée (slapstick) - sauf quand il s'agit de scènes sexuelles gay, où là l'auteur redevient (étonnamment) explicite. Cette façon de jouer des acteurs en fait des pions plutôt amusants, voire hilarants comme cet aréopage d’oncles et de tantes, parfois rejoints par des moines et des inspecteurs de police. Mais ne nous trompons pas : derrière, les messages sociaux et politiques sont clairs et terribles.

An Useful Ghost surprend par son originalité et sa capacité à mêler humour décalé, émotion et réflexion. Le film réinvente le thème du fantôme avec une approche à la fois légère et touchante. La mise en scène est soignée, les personnages sont attachants, et l'équilibre entre comédie et moments plus profonds est maîtrisé. Une œuvre qui, sous des airs décalés, aborde avec subtilité des questions humaines essentielles. Une belle surprise !

Boonbunchachoke, le réalisateur de Fantôme utile, n'est pas si éloigné de son éminent compatriote Weerasethakul, à ceci près que lui n'hésite pas à mélanger les genres, y compris le burlesque et les situations les plus incongrues. En Thaïlande, après la mort, il semble bien qu'on ne retourne pas nécessairement à la poussière, mais à la condition d'esprit, qui peut s'incarner par exemple dans un aspirateur, ce qui ne nous éloigne pas tellement de la poussière, en définitive, dans l'aspiration, c'est le cas de le dire, à une après-vie réparatrice. Mais passé un moment, paraît dire le cinéaste, finie la plaisanterie et place à des sujets plus sérieux, même vus à travers une bonne dose de fantastique, de symbolisme, de poésie ou d'onirisme. Il y a bien quelques chutes de tension dans Fantôme utile, mais sa créativité constante, et le droit au délire, cependant signifiant, persistent, avec plus que des allusions aux massacres perpétrés dans le passé par les forces gouvernementales du pays. L'acuité politique et sociale du film est tranchante, singulière et osée par sa forme, dans une réactivation audacieuse et souvent jubilatoire du film de fantômes. Pour un ménage à fond, qui traque toutes les poussières accumulées, il n'y a rien de mieux que ce premier long métrage (vraiment ?) d'un réalisateur dont il faudra retenir le nom (oups) : Ratchapoom Boonbunchachoke.

 

« Un fantôme utile » ose, sans doute, en bousculant les codes et en mélangeant les genres pour livrer un objet vaguement original. Mais cette audace s’émousse : le dispositif narratif en strates, multipliant les niveaux de lecture, finit par affaiblir la portée politique. Le film tente d’embrasser beaucoup — la mémoire traumatique, les morts au travail, la pollution atmosphérique et la crise environnementale, la critique du capitalisme, la question queer, la résonance des fantômes dans la culture thaïlandaise — sans pousser aucune des pistes jusqu’au bout. On sort de la projection avec l’impression que Ratchapoom Boonbunchachoke a surtout voulu montrer qu’il savait manier les outils, en jouant le « bon élève », plutôt que chercher à frapper véritablement le·la spectateur·rice.

Sincèrement le film ne m’a pas accrochée. Le synopsis loufoque m’a intriguée, je l’ai vu en festival, mais je n’y serai sûrement pas allée sinon. La première partie est assez marrante et absurde, la deuxième m’a paru beaucoup plus longue, ça devient complètement décalé, voire ça tend vers le « gore », j’ai trouvé le temps long et je n’ai juste pas compris…

 

Difficile de saisir l'engouement autour de Fantôme utile. Si l'on passe en revue les critères habituels pour défendre un film, rien ne va. Le scénario n'est pas bon, les acteurs jouent assez mal, la mise en scène est plate, on s'ennuie, le propos est confus, on est parfois gêné par des scènes franchement ridicules. Le film s'inscrit clairement dans la suite de Weerasetakul. On dirait même une imitation parodique d'un film précis du maître thaïlandais : Cemetery of splendour. Mais ici tout est tourné en dérision, le rythme est lent, l'histoire très simple, l'enjeu franchement minime. Du moins dans la première partie.
Deux fantômes hantent une famille. L'un dans l'usine appartenant à la mère, l'autre son fils en prenant la forme d'un aspirateur. Pendant plus d'une heure le récit tient sur un timbre poste, et l'on ressent l'inconfort de supporter des scènes où des gens parlent à un aspirateur comme s'il était vivant. Cela rappelle un peu le pitch de Jumbo, un film français où une jeune femme tombait amoureuse d'un manège dans une fête foraine. L'ensemble prend une tournure plus politique dans la deuxième partie. C'est davantage convaincant. Mais là encore le message reste très simple à comprendre et n'a pas lieu d'en passer par tant de métaphores.

Mais quel ennui abyssal ! Peut-être est-il normal pour un film mettant en scène des fantôme d'être mortellement ennuyeux, mais là j'ai atteint mes limites. Pourtant j'aime les propos décalés et les univers absurdes, mais il y a très clairement dans ce film un problème de rythme. Pourtant on y voit de très bonnes idées et une bonne volonté évidente, mais ça ne fonctionne pas. La dernière partie est d'une lourdeur didactique épuisante. La scène de combat entre l'aspirateur et le réfrigérateur qui aurait dû me faire hurler de rire m'a juste achevé. 

 

 

 

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