Fiche 2835
| n°2835 | |
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" Manon "
(1949)-(Fr)-(1h40) - Drame
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Synopsis
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Transposition de l'histoire de Manon Lescaut dans la France de 1944.
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Critiques Presse
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Critiques Spectateurs bonnes moyennes mauvaises
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Réussir à transposer le roman de l'abbé Prévost de la France du XVIII ème siècle à la France d'après la Libération ce n'est déjà pas un mince exploit mais réussir à y enlever pratiquement toute parcelle de romantisme cela relève du prodige. Prodige que Henri-Georges Clouzot a réussi haut-la-main avec ce très original «Manon» en en faisant une oeuvre d'une noiceur incroyable qui permet de plus à son réalisateur de critiquer par ci par là la société française de l'après-guerre. Mais il serait injuste d'écrire que l'histoire d'amour y a été totalement occulté car même si c'est la saleté qui règne comme le dit l'héroïne «Rien n'est sale quand on s'aime !» à l'image de la scène finale morbide mais touchante. Quand au choix de la jeune débutante Cécile Aubry pour le rôle-titre, il s'est révélé excellent tellement qu'on ne peut imager personne d'autre pour l'incarner après la vision du film. Si «Manon» n'est certainement pas le meilleur film de son réalisateur, il est sans consteste sa création la plus étonnante. L'histoire se déroule en 1944, le jeune Robert Desgrieux tombe amoureux de Manon, un fille amorale. Il l'arrache à une maison close et l'emmènera pour la Palestine... C'est en 1948 que le cinéaste français Henri-Georges Clouzot réalise ce magnifique et troublant mélodrame, qui est servi par un excellent et touchant duo de comédiens formé de Cécile Aubry et de Michel Auclair, et par une mise en scène magnifique qui rend vraiment honneur à cette belle et grande histoire d'amour qui s'avère bien dur et émouvante à suivre. Il ne s'agit peut-être pas du meilleur film du cinéaste ( Les Diaboliques ou encore le Salaire de la peur lui sont quelques peu supérieur ), mais il est, à n'en point douter, l'un de ses plus riches visuellement. Un excellent Clouzot et qui mériterait d'être plus reconnu. Encore un grand Clouzot, ce réalisateur est hors normes, il a toujours des idées visuelles originales et riches de sens. Manon n’en manque pas, au final en particulier (le train, le bateau, le désert) mais également au début avec l’épisode du confessionnal dans l’église de Vire, lors du débarquement en Normandie, lorsque le visage (diable sous ange) apparaît à la place de celui réservé au prêtre. Malgré la noirceur du propos, un certain romantisme se fait sentir à travers des plans expressionnistes, mais c’est un romantisme douloureux. Le massacre des réfugiés juifs par les membres d’un groupe de bédouins est aussi terrifiant qu’incompréhensible. Ce film recèle de grandes richesses psychologiques impossible à résumer. A l’inverse d’autres Clouzot dont les rôles principaux sont joués par de grands interprètes aux talents équivalents, je suis gêné par le couple Aubry/Auclair sans vraiment savoir pourquoi alors qu’avec un tel scénario je devrais être enthousiasme. Connaissant les 11 films de ce cinéaste, je me demande si ce n’est pas voulu pour nous déranger encore davantage. Formidable récit transposé dans la France de la libération (et c'est pas joli joli la France à la libération sous le regard acéré de Clouzot). L'innocence de Manon s'oppose à la vertu supposée des mœurs, La candeur de Robert se confronte au réalisme des profiteurs de guerre. Le récit n'est pas si simple qu'il en a l'air au premier abord. Des peuples en souffrance recherchent une rédemption qui leur échappe, la métaphore avec l'exil du peuple juif emporte le récit final dans une image paradisiaque qui s'avère être là aussi une impasse. La beauté visuelle et la justesse de la mise en scène renforce le combat intérieur des personnages. Dans la cathédrale éventrée bien sûr, l'image de Manon prenant subrepticement la place du prêtre dans le confessoire, à côté des anges défigurés, annonçant déjà le martyre final. Dans l'oasis ensuite, court moment de sérénité renforcé par des images de la nature et de l'innocence préfigurant certaines scènes des films de Terrence Malic. A l'inverse d'autres commentaires je trouve que c'est une œuvre majeure de Clouzot injustement méconnue qui mérite plus qu'un simple coup d'œil. Une dernière image me trouble toujours, le corps et les longs cheveux de Manon glissant infiniment sur le sable des dunes et rappelant que Clouzot est l'un des plus grand faiseur d'images du XXème siècle.
Décevant ce "Manon". Je n'ai pas retrouvé le génie d'Henri-Georges Clouzot que l'on a pu voir dans "L'assassin habite au 21" et "Le salaire de la peur". Les dialogues et l'intrigue sont ici peu inspirés avec des passages franchement navrants et niais. Les deux personnages principaux sont fades et leur aspect psychologique peu travaillé. En revanche, la mise en scène relève le niveau avec une image et des plans de caméra soignés. On passe un moment plutôt agréable mais "Manon" manque d'atouts pour le rendre mémorable. On peut dire qu'on a connu Henri-Georges Clouzot plus inspiré ("Le Salaire de la peur", "Le Corbeau") que dans ce mélodrame trop et assez mal écrit, qui enchaîne les situations médiocres, mises en scène de façon banale. Sans que le film soit vraiment mauvais, on le regarde d'un œil détaché en comptant le nombre de très bonnes scènes, qui sont rares. Il faut attendre la dernière demi-heure et la traversée du désert des personnages pour voir une véritable intensité et plusieurs belles idées de mise en scène se dégager de "Manon"; et malgré une opposition paradis/enfer très forcée, Clouzot parvient à créer une hantise autour de son couple principal, qui doit subir l'aridité étouffante et la mort qui rôde, des sensations que le spectateur ressent parfaitement et qui lui permettent de se rapprocher des personnages dont il était tenu à distance. "Manon" est un film mineur du cinéaste, largement rehaussé par son final désertique éprouvant. Bien que lauréat du Lion d’Or remis lors de la Mostra de Venise de 1949, ce film, certes imparfait, demeure assez méconnu. Henri-Georges Clouzot y aborde l’immédiat après-guerre et notamment la violence de l’épuration engagée à l’encontre de ceux qui avaient collaboré avec l’occupant. Quelques plans furtifs marquent les esprits. À travers la jeunesse mise à l’écran, il fait peu de doute que le cinéaste a utilisé ce film pour régler quelques comptes avec l’épuration dont il fut également une des victimes d’un de point de vue professionnel. La symbolique d’ouvrir et de clore Manon par deux scènes de fuite de Juifs vers la Palestine prend aussi tout son sens et sa puissance, notamment pour la scène finale qui emprunte au surréalisme pour frôler la nécrophilie. Comme Manon, film de transition dans la filmographie de Clouzot, cette période aura été aussi éminemment transitoire pour la population juive d’Europe.
J'ai peine à croire que Clouzot est l'auteur de ce "film". Un mélodrame convenu au possible pour faire travailler les glandes lacrymales, c'est pas bien compliqué à faire, et c'est surtout indigne d'un aussi grand réalisateur qui réussi l'exploit de se rater lamentablement... La réalisation est laborieuse, sans une once d'originalité ; la photographie sans être ignoble est tout aussi fade et transparente ; les jeux des acteurs sont à la limite de l'amateurisme, j'ai beau chercher, je ne vois pas comment complimenter ce film. Cette romance tumultueuse entre une petite dévergondée, dispensant ses services au plus offrant, et un homme, à la caractérisation morale si inexistante que je ne saurais le décrire, n'est jamais passionnante, ni même un tant soi peu intéressante ; pire encore, elle ne parvient même pas à faire preuve du peu de cohérence qu'on est en droit d'exiger même devant le plus pathétique des navets : les réactions des personnages sont toutes plus absurdes et incompréhensibles les unes que les autres
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