CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2817 

 

 

n°2817
 
" Le vol du Phénix "

 

 

(1966)-(Am)-(2h27)  -      Aventure, Action   

 

Réal. :     Robert  Aldrich   

 

 

Acteurs:  J.Stewart, R.Attenborough, H.Krüger ...

 

Synopsis

 

 

Rescapés du crash d'un avion-cargo en plein désert, des militaires américains entreprennent de construire un avion, le Phénix, avec lequel ils espèrent échapper à la mort.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Il est bien entendu évident que ce film n'est en rien le plus personnel d'Aldrich, et vise surtout le divertissement de bon qualité. Pourtant, sous ses airs de grosse production calibrée, "Le Vol du Phoenix" demeure un film d'un réel intérêt. Alors il est vrai que les personnages sont pour le moins stéréotypés, mais l'ensemble sonne réellement juste, et tous ces personnages sont au final assez complémentaires, et nous donnent envie de croire à l'ensemble. De plus, l'atmosphère est bien rendue, et le huis clos se fait réellement intense par moment, grâce notamment à des dialogues plutôt solides. Ajoutez à cela un casting particulièrement bien garni, et vous aurez au final droit à un très bon moment de cinéma, avec son lot de suspense et de plaisir. C'est plus qu'on en demandait!

Que ce "Vol du Phénix" ne soit pas le film le plus personnel d'Aldrich est une histoire entendue. Ici, la seule chose qui est recherchée, c'est le divertissement. Mais, on retrouve quand même la patte du cinéaste. C'est un film d'hommes, joué intégralement par des hommes mais qui n'est jamais machiste. Certains disent que l'histoire est peu vraisemblable, elle l'est, c'est un fait, mais quelle importance ? Après tout, la fonction première du cinéma n'est-elle pas de laisser libre cours à l'imagination, d'apporter un peu de fantaisie et de donner du plaisir à celles et ceux qui lâchent du blé pour avoir un siège ? On a tous envie de voir, quitte à ce qu'elles ne soient pas crédibles, de belles aventures humaines. Et franchement, voir ces mecs perdus dans le désert se mettre à la colle (malgré leurs différences de caractère) pour reconstruire un avion et se donner l'espoir de s'en sortir, moi, je trouve ça beau. Voilà un film que j'ai adoré, qui a aussi ses petites faiblesses (quelques longueurs en fin de parcours) et qui remplit parfaitement son office.

Un avion s'écrase en plein milieu du désert et les survivants s'organisent, pensant que les secours ne vont pas tarder. Perdant peu à peu leurs espoirs et leur raison, ils décident alors de se lancer dans la construction d'un avion à partir des débris de celui qu'ils ont, se sachant condamnés à mort s'ils ne sortent pas rapidement de cet enfer. Le postulat de départ est aussi simple qu'il est efficace et Robert Aldrich est très doué pour mettre en scène les tensions entre les personnages au fur et à mesure que les jours avancent et que l'eau s'épuise. Misant tout sur son décor unique (magnifique désert) et sur ses acteurs et les personnages qu'ils incarnent, le cinéaste réalise un film dont la tension est constante (qui va craquer en premier ? Quels obstacles risquent de leur tomber dessus ? Sont-ils voués à mourir ou à réussir ?) et dont les péripéties sont imprévisibles. Si en prime, le casting est formidable (James Stewart, Richard Attenborough, Hardy Krüger...), à quoi bon refuser de voir ce chef-d’œuvre du genre ?

 

"Le vol du Phénix" est un curieux film d'aventure car il est ouvertement populaire dans la mesure où il s'agit d'un collectif qui doit passer par diverses étapes progressives pour culminer vers un but (la construction d'un avion pour quitter le désert et donc échapper à la mort) et en même temps pas du tout conventionnel dans sa gestion des péripéties, du rythme et son traitement des personnages. C'est toute la beauté du film que de proposer une aventure logiquement construite et à l'enjeu simple (l'accident, l'attente, l'idée trouvée pour s'en sortir et les conflits qu'elle engendre, la construction de l'avion, la résolution) tout en faisant ressentir la folie et la violence qui gagnent chacun des personnages. Aldrich ne se contente pas de mettre en scène des formidables batailles d'ego, notamment entre un James Stewart pour une fois dans un rôle peu sympathique et Hardy Krüger, mais rend compte de l'impact de la situation en représentant le plus souvent implicitement la chaleur, la frustration et l'instinct de survie comme moteurs de la déraison et du chaos qui se dévoilent au fur et à mesure que les chances de survie s'amenuisent. "Le vol du Phénix" n'est pas le film le plus flamboyant d'Aldrich mais, alors que son introduction ne présageait pas grand chose de bon tant le ton était académique, il emporte finalement le morceau par sa morale singulière et provocante qui place la solidarité forcée au-dessus d'une véritable amitié.

J’ai commencé par voir le remake gonflé aux effets spéciaux avant de me replonger dans la version de Robert Aldrich. Je n’ai rien perdu au change. La version d’Aldrich bien mieux lotie au niveau du casting apporte une dimension humaine plus développée qui la rend plus probable et pour le coup plus captivante, même si elle est moins spectaculaire. Une fois de plus la démonstration est faite que même pour des films d’actions les effets spéciaux peuvent affadir le propos qu’ils sont sensés transcender. Comme le disait Gabin « c’est chouette les acteurs ! C’est bat les acteurs ! » . Avec Aldrich à la manoeuvre pour un round d’essai avant « Les douze salopards », on se dit qu’il avait rudement raison. Il faut noter la prestation très convaincante de Hardy Kruger. Je ne parle pas de James Stewart dont le talent est depuis longtemps reconnu. Attention le film avec Dennis Quaid se laissait tout de même voir sans déplaisir.

 

Le Vol du Phénix est une légère déception tant son propos, ses acteurs et sa situation aurait pu tendre vers quelque chose de beaucoup plus exceptionnelle. Ce n'est pas pour autant que le film est totalement dénudé d'intérêt mais il en reste trop convenu et classique. A commencer par une réalisation pas nécessairement inspiré, une pléiade d'acteurs qu'on a dut mal à identifier et des situations qui tournent rapidement en rond. James Stewart ainsi que Richard Attenborough ont beaux êtres excellents, cela ne permet pas de hisser le film vers les classiques du genre d'aventure alors que le pitch du film le prêtait assurément.

On est ici en plein archétype du film de survie où Robert Aldrich dirige ici un casting de luxe. Il donne quelques grands temps forts, les scènes ayant directement un lien avec la construction de l'avion...
A part ça, Aldrich dirige certes un casting de luxe mais on se peut demander à quoi ça sert d'avoir autant d'acteurs, en plus d'aussi bons, si c'est pour résumer certaines interprétations à quelques courtes apparitions et donc sans bien les exploiter, en mettant par exemple en scène quelques intrigues secondaires. Seuls James Stewart et Hardy Krüger parviennent à se distinguer au final parce qu'ils jouent les seuls personnages vraiment essentiels à l'histoire. Un phénix qui manque vraiment de chair, Robert Aldrich a fait bien mieux...

 

 

 

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