CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2777 

 

 

n°2777
 
" La victime "

 

 

(1961)-(An)-(1h30)  -      Drame, Policier   

 

Réal. :     Basil  Dearden    

 

 

Acteurs:  D.Bogarde, S.Syms, D.Price ...

 

Synopsis

 

 

Grand avocat londonien et père de famille, Melville Farr est sur le point d'embrasser une carrière de juge. Il est rattrapé par son passé lorsque " Boy " Barrett, son ancien amant victime de chantage, l'appelle à l'aide. Farr refuse de l'aider, craignant pour sa carrière, et peu de temps après Barrett est retrouvé pendu dans sa cellule. Bouleversé pas cette nouvelle, l'avocat décide alors de retrouver la trace des maîtres-chanteurs. Il accepte de participer à l'enquête aux côtés de la police, malgré le scandale qui s'annonce et malgré le danger que cela représente pour sa famille, sa vie intime et sa carrière...

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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(Reprise en 2009)

Grand thriller social, injustement oublié, "Victim" de Basil Dearden offre à Dirk Bogarde un rôle en or.

Malgré le caractère maladroit du récit policier, le film réserve quelques moments étonnants.

ce thriller en noir et blanc de Basil Dearden reste une oeuvre étonnante. Mélange d'étude psychologique à la Joseph Losey et de suspense hitchcockien.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Très bon film prenant pour cible la législation britannique de l'époque qui faisait de tout homosexuel un criminel. Le sujet est abordé de façon frontale dans un thriller remarquable qui témoigne des modes de pensée de la société et des individus (combien de fois le mot anormal est-il prononcé ?). Formidable composition de Dirk Bogarde, incroyable de fragilité et de force mêlées. Une vraie découverte que ce film-là.

L'ouverture du film est nerveuse et énigmatique avec une longue séquence plutôt trépidante et qui montre presque l'envers du décor. Suit une succession de scènes qui nous perdent encore un peu plus, on constate vite que le scénario est d'une habilité rare où on ne parle, dit, explique ou exprime jamais le fond du soucis. On devine, évidemment, mais le flou, le tabou plutôt, est idéalement suggéré, subtilement, secrètement, à la façon d'un policier qui précise que ce serait plus facile s'ils avaient à faire à des voleurs. Evidemment, le film a une portée d'autant plus forte quand on sait que l'acteur principal, Dirk Bogarde, était homosexuel, et qu'il accepta parce que malgré tout le film était aussi un compromis intelligent puisque l'avocat reste intègre, mais surtout aimant et fidèle qui a préféré dire non à ses penchants "déviants". Sur ce point on pourrait être déçu par ce point moral un tantinet lâche, mais il est pourtant essentiel et nécessaire d'abord et avant tout pour bien contextualisé l'histoire dans une époque qui était bel et bien répressif et dangereux pour les homosexuels. Basil Dearden signe son meilleur film, un scénario remarquable et un projet plein de courage. Grand film à voir, revoir et à conseiller.

Il y a deux sujets. Le chantage et la traque aux "pervers". Les homosexuels de l'époque qui n'avaient aucun droit. Le film oscille franchement vers ce deuxième thème comme une charge contre ces lois et contre les soi-disant bien pensants. Ceux qui croient bien faire en les dénonçant. Le film devient plus dur quand l'homme avoue à sa femme la vérité.
Vraiment intéressant.

Un très beau film qui n'a pas pris une ride, et qui reste d'actualité. Mais c'est surtout la réalisation qui est très brillante , très soignée , qui trouve le ton juste , tout en finesse, ni larmoyant , ni pontifiant. Le sujet était extrêmement délicat surtout à l'époque , où l'homosexualité était encore durement réprimée, toute cette partie est superbement traitée, et heureusement les temps ont changé. Mais le film peut permettre une lecture complètement contemporaine , avec le principe des rumeurs des " fake news" , du dégât que peuvent faire les réseaux sociaux . Car c'est cet aspect là qui reste complètement actuel : comment la vie privée peut -elle être étalée sur la place publique ? et comment les "médias" peuvent récupérer et manipuler les faits. Une thématique intemporelle donc, avec un Dirk Bogarde exceptionnel , tout en finesse et subtilité. Tous les seconds rôles sont excellents.

 

Un intéressant réquisitoire sur cette loi stupide en Grand Bretagne qui envoyait en prison les homosexuels avérés au milieu du 20ème siècle. Pourtant, l’homosexualité a existé de tous temps et jamais personne n’a jamais pu expliquer ce penchant que les intéressés n’ont pas choisi. J’ai bien apprécié la pudeur du propos (ah ces Anglais !) et l’absence totale de naïveté. Une curiosité à voir, car en 1961, c’est le premier film à aborder ouvertement ce sujet. Excellents acteurs.

Sorti la même année que La Rumeur de Wyler, ce film britannique traite lui aussi le sujet de l’homosexualité sous l’angle de l’homophobie, mais de manière plus frontale (on utilise pour la première fois le mot « homosexual » à l’écran) et avec plus d’ampleur puisqu’on parle ici d’une homophobie institutionnalisée. Le principal mérite du film (par ailleurs très bien réalisé) est de montrer avec une implacable précision en quoi la pénalisation de l’homosexualité constitue une double peine, puisqu’elle expose les personnes concernées à la violence d’un chantage permanent. Autre mérite (surtout pour l’époque): celui de ne céder à aucune caricature ni à aucun manichéisme. La figure de l’homosexuel n’est pas réduite à un seul personnage, mais multipliée avec beaucoup de nuance et sans aucun angélisme. Le film est un peu froid et laisse difficilement filtrer l’émotion, notamment avec cette fausse atmosphère de thriller et cette BO grandiloquente, mais il est un premier jalon essentiel du cinéma queer et un excellent film, injustement méconnu.

 

 

 

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