CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2776 

 

 

n°2776
 
" Vortex "

 

 

(2022)-(Fr)-(2h22)  -      Drame   

 

Réal. :     Gaspar  Noé   

 

 

Acteurs:  F.Lebrun, D.Argento, A.Lutz ...

 

Synopsis

 

 

La vie est une courte fête qui sera vite oubliée.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Gaspar Noé a mûri, plus qu'il s'est assagi ; son cinéma a grandi et s'est épaissi, jusqu'à devenir soudainement immense, comme le prouve son nouveau film, "Vortex", chef-d’œuvre magistral et assurément ce qui est arrivé de mieux au cinéma français depuis "Mektoub My Love : Canto Uno" d'Abdellatif Kechiche.

Gaspar Noé signe, avec Vortex, son film le plus dépouillé, le plus pur, le plus émouvant. Un drame dur et doux sur l’amour et sur la vie qui finit.

Ce parti pris peut ­désarçonner de prime abord, surtout quand on aime le réalisateur pour son côté sale gosse, explosif et parfois éprouvant (Climax), mais le film finit, comme le Vortex du titre le suggère, par aspirer le regard.

Gaspar Noé a-t-il jamais filmé autre chose que la mort au travail ou, du moins, la mise en spectacle de la menace perpétuelle qu’elle fait planer sur tout ? La lourdeur du programme se raffine ici par la mise en scène enfin incarnée de cette précision : la mort à l’ouvrage n’a d’autre nom que la vie.

Avec un dispositif minimaliste inhabituel et une lenteur troublante, Gaspar Noé filme la tragédie de la vieillesse avec une sobriété bouleversante dans Vortex, captant la dégénérescence d'un couple entre solitude, crainte, mesquinerie, désolation de vivre et attente désespérée de la mort. Déprimant.

Pudique, bordélique, agaçant, fascinant, Vortex se range dans cette catégorie fantôme des films qu’on n’aime jamais complètement mais à qui l’on sacrifie volontiers un coin de neurones. Qu’on ne reverra peut-être pas, qu’on ne rangera sur aucune étagère, avec lesquels on se bat constamment, mais qui sera toujours présent, morcelé, désordonné, à portée de mémoire.

Gaspard Noé filme l’horreur d’une dégénérescence dans « Vortex ». Une démarche qui rejoint surtout une obsession du réalisateur qui, de « Irréversible » à « Enter the Void », ne cesse de filmer le cheminement vers la mort. Récit d'une agonie, bourré d'idées de cinéma, le film met trop longtemps à démarrer pour emballer vraiment.

Le sulfureux Gaspar Noé se penche sur les derniers jours d’un couple âgé et, malgré un dispositif virtuose sur le plan cinématographique, n’évite pas le piège d’une certaine complaisance morbide.

Il ne manque pas d’idées fortes de mise en scène (le diaporama final est dévastateur), mais pourquoi étirer sur deux heures vingt une expérience de court-métrage plombée par des considérations d’étudiant ?

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Chaque œuvre de Gaspar Noé est une expérience, souvent traumatisante, parfois à base de provocation et d'images hallucinées. Vortex se place dans un registre différent, dépouillé et faussement documentaire, mais ce qu'il exige du spectateur est immense, dans cette étude au noir qui ne laisse aucune place à la fantaisie. "On est bien peu de chose" (Mon amie la rose) interprète une Françoise Hardy juvénile, en ouverture du film, mais c'est bien son seul moment apaisé. D'emblée, le procédé du split screen divise l'attention : il n'est pas sûr qu'il soit bien utile, se dit-on, avant de se raviser et de comprendre qu'il est un moyen de montrer deux personnes, qui forment un couple depuis longtemps, qui s'isolent de plus en plus dans leur propre univers malade. Ce véritable crépuscule des vieux, dans la violence d'une dégénérescence annoncée, prend à la gorge et ne se desserre jamais, y compris quand le fils, irresponsable, daigne visiter ses vieux parents. Jusqu'au bout, Gaspar Noé maintient la note dans une atmosphère irrespirable que l'on ne peut comparer qu'à Amour de Haneke, auquel il n'est pas interdit de penser. Dans un rôle dément, c'est le cas de le dire, Françoise Lebrun dépasse l'entendement, niveau auquel ne saurait prétendre Dario Argento, dont le manque d'expérience d'acteur se fait parfois sentir. Quant à Alex Lutz, il élargit encore sa palette dans un rôle complexe dont il se tire bien. Certains cinéphiles, pour le moindre film marquant, utilisent le terme galvaudé de "claque." Et Vortez, ce serait quoi, alors ? Un KO assené par les poings de Mike Tyson ?

Un film qui fait mal... Sans provocation mais sans concessions. Bien sûr j'ai pensé à The Father et Amour... Mais le registre est différent. Plus encré dans la tristesse de la réalité. On est presque dans du documentaire. La déchéance est montrée dans toute sa terrible cruauté mais sans exagérations. "On est bien peu de chose" nous dit en introduction la chanson de Françoise Hardy, et tout le film nous le démontre... La maladie, la vieillesse, la détresse, la tendresse, l'isolement, le désespoir, l'inexorable... Tout est là, plus que palpable, montré sans fards. Jusqu'à la disparition totale. Que restera-t-il de nous : Rien ! Un appartement vide ! Et c'est tellement vrai...

C'était la conclusion (bizarre) de Irréversible. Il détruit au moins cette famille dont chaque membre semble désemparé devant la maladie et la sénilité. En abordant des thèmes aussi durs, Noé fait preuve d'une sensibilité insoupçonnée. Son style est bien là : split screen, plans-séquences, "clignements" etc. Mais l'approche de son sujet est différente, elle génère beaucoup plus d'empathie pour les personnages que dans ses précédents films. S'il garde un côté frontal, ce n'est plus pour dégoûter le spectateur des bas-fonds de Paris mais pour mettre à nu des personnages qui se dégradent et donc nous présenter des situations gênantes, taboues, tristes... Je ne peux conclure ce texte sans évoquer le casting. Le jeu de ce trio magnifique paraît tellement naturel que ça en devient troublant. Une belle réussite en somme !

 

Après le stroboscopique Lux Æterna (2020), Gaspar Noé est de retour avec cette fois-ci, un film bien plus grand public qu’à son habitude. Un film difficile mais à l’exercice de style particulièrement intéressant et soigné. Vortex (2022) est une plongée dans la dégénérescence du cerveau, où la vieillesse et la démence viennent mettre à mal l’amour qui unit ce couple. Le réalisateur a eu la brillante idée de filmer ces deux âmes en peine (noyées dans le capharnaüm qui leur sert d’appartement) avec deux caméras et en scindant l’écran en deux (durant toute la durée du film), comme pour mieux nous montrer à quel point ces deux êtres souffrent et luttent chacun de leur côté. En utilisant le split-screen, le cinéaste renforce à la fois la défaillance mentale et le côté labyrinthique du lieu où ils vivent, comme s’ils étaient tout deux en train de se perdre dans leurs propres souvenirs. Le film ne laisse clairement pas indifférent, il est rude et déprimant, impossible de ne pas repenser à des œuvres telles que Amour (2012) de Michael Haneke ou plus récemment The Father (2021) de Florian Zeller. Gaspar Noé se démarque complètement de ses réalisations précédentes pour une œuvre à la fois intimiste et proche du documentaire, le tout, magnifiée par un très beau trio d’acteurs (Françoise Lebrun, Dario Argento & Alex Lutz). Seule ombre au tableau s’il en fallait une, à savoir le rythme du film, d’une lenteur assommante (à contre-pied de ses précédents films).

Je suis un adepte de Gaspar Noe pour son cinema hors norme mais depuis son dernier film je suis moins fan. Enter The Void était monumental son meilleur film.. celui si est son moins bon. Peut être trop calme mais malgré tout touchant.

 

Je n'ai rien aimé dans le dernier Gaspar Noé. Au vu de son sujet, le film devrait être dérangeant, oppressant, déstabilisant, mais il est simplement chiant. Lui (Dario Argento) écrit un livre sur le cinéma, et dit parfois de jolies phrases. Elle (Françoise Lebrun) perd la boule. Alex Lutz est leur fils, ex-drogué. Et ? Rien du tout. Vortex ne raconte rien et la seule idée de mise en scène qu'il propose est le split screen, par ailleurs bien mieux utilisé dans Lux Aeterna. Certains diront qu'il n'a pas besoin de raconter puisqu'il montre : les deux acteurs pissent, se lavent, s'habillent, fréquentent les épiceries de quartier, errent dans un logement tellement envahi de souvenirs et de livres qu'il en devient un cauchemar de claustrophobe. Mais cette absence de point de vue lasse vite, après avoir brièvement intrigué. Il y a dans le film une complaisance benoîte à filmer la décrépitude, bien éloignée de l'exaltation des corps qui sublimait Climax. Le cinéma de Noé est avant tout sensoriel : quand il échoue à faire sentir, il apparaît comme une terrible et cruelle coquille vide.

Noé est un cinéaste de l'expérience et du sensoriel, et c'est pour ça que je l'aime (et continuerai à l'aimer). Son procédé du split-screen qu'il maîtrise ici à la perfection permet au spectateur de réaliser son propre "rêve dans le rêve" et certaines images évoquent mème Bill Viola. Si je souscris totalement à sa vision du couple qui n'est qu'une addition de deux solitudes le naturalisme du film, sa longueur et son improvisation revendiquée m'ont totalement ennuyé, perdu. Et "scusi" maestro Argento j'ai eu des fois du mal à vous comprendre. La fin est superbe et nous renvoie à une douleur qu'on a connu ou que nous connaîtrons un jour mais la vision de ce film reste aussi éprouvante que la dégénérescence qui nous attend tous.

 

 

 

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