CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2772 

 

 

n°2772
 
" La femme de Tchaïkovski "

 

 

(2023)-(Rus,Fr,Sui)-(2h29)  -      Drame, Biopic  

 

Réal. :     Kirill  Serebrennikov   

 

 

Acteurs:  A.MikhaIlova, O.Lund Biron, F.Avdeyev ...

 

Synopsis

 

 

Russie, 19ème siècle. Antonina Miliukova, jeune femme aisée et apprentie pianiste, épouse le compositeur Piotr Tchaïkovski. Mais l’amour qu’elle lui porte n’est pas réciproque et la jeune femme est violemment rejetée. Consumée par ses sentiments, Antonina accepte de tout endurer pour rester auprès de lui.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Plusieurs séquences oniriques à la beauté funèbre et toxique achèvent de faire de cette Femme de Tchaïkovski, en compétition à Cannes 2022, une œuvre mélodramatique vertigineuse, puissante et ambiguë.

Dans la lignée de sa Fièvre de Petrov (2021) en plus narratif et en moins effréné, Serebrennikov signe un film à la fois noir et lumineux, concentré sur la perdition de son héroïne incandescente, maudite.

La relation toxique entre une jeune femme naïve et le compositeur qui tente de masquer son homosexualité au XIXe siècle est au centre de cette fresque somptueuse qui ne sera pas distribuée en Russie.

Cette mise en scène spectaculaire, ultra-précise, où le décor se modifie sans coupure temporelle, où réalité et rêves se confondent, est très impressionnante et envoûtante, obéissant à une chorégraphie magique – mais d’une magie noire.

Courageux et fidèle à l’histoire, La Femme de Tchaïkovski ne provoque cependant pas l’enthousiasme de Leto ou de La Fièvre de Petrov. Il est plus tiède, sans doute parce qu'il oscille entre hardiesse et classicisme.

La caméra a beau opérer des mouvements millimétrés et jouer de l’ambiguïté entre fantasme et réalité, comme dans Leto et La Fièvre de Petrov, le récit, lui, reste tristement rectiligne : un homme hait une femme ; une femme s’obstine à être haïe.

La Femme de Tchaïkovski est peut-être à ce jour le Serebrennikov le plus digeste, le cadre du biopic tempérant sans doute légèrement ses ardeurs de cinéaste foufou. Mais cette relative épure met aussi plus crûment en lumière les limites de sa mise en scène.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

On n'entend plus guère cette maxime, très patriarcale, qui disait que, derrière chaque grand homme, il fallait chercher la femme. C'est pourtant assez vrai dans le cas de Tchaïkovski, de manière ironique et cruelle, sachant l'homosexualité du compositeur et l'érotomanie de son épouse honnie dont Kirill Serebrennikov dresse un portrait en forme de requiem. Dans cet entrelacs des signes qu'est La femme de Tchaïkovsi, le cinéaste russe fait se succéder les scènes comme autant de toiles de maître, dans une beauté crépusculaire, où le réalisme se mélange harmonieusement avec l'univers des fantasmes, avec plusieurs moments d'acmé saisissants (les hommes nus, l'incendie ...). Plus lisible que La fièvre de Petrov mais moins exaltant que Leto, ce qui est bien logique eu égard à son thème, dans une Russie tsariste effrayante en toile de fond, le film confirme, sans l'ombre d'un doute, la grandeur de mise en scène de Serebrennikov, qui devient (presque) l'égal d'un Zviaguintsev. Les 2 heures et 20 minutes de projection sont une sorte d'enchantement funèbre, excusez l'oxymore, qui en disent aussi long sur l'âme russe qu'un roman de Dostoïevski (un tantinet exagéré, peut-être, mais pas tant que cela). Dans ce drame puissant, l'interprétation d'Alyona Mikhailova est sidérante de bout en bout, anti-héroïne aux regards hagards, dont on se souviendra longtemps.

On a évidemment affaire à une œuvre majeure, totalement russe: climat angoissant, couleurs sombres, caractères tourmentés. La mise en scène est totalement au diapason, aucune anicroche. La tonalité est respectée d'un bout à l'autre.
Étonnamment, la musique est omniprésente (etlimite assourdissante), mais ce n'est pas celle du Maître, ce que l'on peut regretter. Je préfère me limiter au ressenti plutôt qu'à l'analyse psychologique du scénario. Pour qui ne serait pas imprégné de « l'âme russe », le film paraîtra long. Mais les Russes ont le temps… et l'espace, comme le président Poutine le faisait remarquer à notre président ! Cette âme russe ne craint d'ailleurs pas les paradoxes, ce qui ne laisse pas de nous étonner : L'homophobie est quasi générale, alors que l'homosexualité de leur plus grand musicien est totalement attestée ; le violent racisme anti noir est également général, alors que Pouchkine avait des origines africaines. Une explication peut-être : en Russie, l'artiste est une sorte de déité. Enfin, il l'était, quand on sait qu'aujourdhui, de nombreux artistes -- dont Kiril Serebrennikof -- sont inquiétés voire emprisonnés.

Excellent film qui fait découvrir une partie (la plus intime!) de la vie de Tchaikovsky. Gay, grave erreur commit-il en acceptant de se marier à une fille très persévérante et lui vouant un véritable culte. Cela les lia à vie, dans une haine et des relations humaines très toxiques et destructrices. Très belle image dans ce film, le ton est froid, pluvieux, sans issue.

Film sombre, âpre, malaisant, qui déroule la folie amoureuse d'Antonina pour Tchaïkovski jusqu'à la mort de ce dernier, que la scène d'ouverture ressuscite de son lit de mort dans une séquence onirique de toute beauté. Sublimes cadres picturaux, couleurs fauves et ocres, admirables plans-séquence chorégraphiés comme des ballets, on sort de la projection étouffé par cette atmosphère lourde et pesante, mais impressionné par la maîtrise formelle du cinéaste, qui sert magnifiquement le récit de cet amour pathologique. Une explication en est donnée, lors d'un repas familial mouvementé, par la mère d'Antonina, qui révèle que son mari était un homosexuel refoulé (il fricotait avec le laquais). Mais ce n'est qu'une piste, et insensible à toute raison et à tout raisonnement, la femme du compositeur du Lac des Cygnes se laisse emportée dans une course à l'abîme, qui la conduira à l'asile, où elle mourra en 1917, soit 24 ans après le décès de son idole. Elle sera, jusqu'au bout, restée fidèle à cet amour insensé, mais pas chaste, et ses multiples aventures extraconjugales, en dehors de sa liaison avec son avocat, dont elle aura trois enfants, abandonnés à la naissance, sont évoquées dans une scène incroyable, où elle soupèse le sexe de ses amants, alignés nus devant elle, et respire l'odeur de leur peau. Un grand film russe (même si bizarrement, les personnages parlent ukrainien, et non la langue de Pouchkine).

 

Comment peut-on aimer à ce point là un homme qui n'éprouve absolument rien pour vous ? Comment peut-on s'acharner à gagner son amour et ne pas voir qu'en fait TchaÏkovski n'éprouve que de la haine pour sa femme (qu'il n'a épousé que pour l'argent qu'elle pourrait lui fournir) ? Il faut être complètement folle, c'est en fait ce qu'elle est...Ses jours sombres et toute le côté obscur de sa vie sont fort bien décrits dans ce film dont on sort un peu perturbée. Comment aimer à ce point un homme (qui en plus n'éprouve absolument rien pour vous...que du mépris) ?

 

Ce film a pour héroïne la femme du compositeur russe que Tchaïkovski accepte d'épouser par arrangement, pour cacher son homosexualité. Ce mariage factice ne fera illusion que deux semaines... Alyona Mikhailova interprète le rôle titre avec un talent éclatant. Le travail de reconstitution de la Russie impériale est impressionnant. Certaines scènes du film sont féériques mais... Cette énième histoire d'une femme exaltée jusqu'à la folie, écrite et filmée par un réalisateur, s'étire sur près de 2h30 sans la moindre émotion. L'ennui suinte gentiment de ces images où s'animent parfois des corps d'hommes nus, exhibés sans raison apparente, tout comme les corps crasseux des indigent·es de Moscou.

Ah que ce film est long ! Sur un argument de peu de consistance - une jeune étudiante du conservatoire tombe folle amoureuse d'un professeur, le futur grand Tchaikovsky, et finit par l'épouser - dont l'intérêt (?) est fondé sur l'homosexualité du musicien, le réalisateur tourne en rond, va un peu de l'avant puis revient sur ses pas, plonge dans les rêves de l'héroïne et nous assomme d'images enfumées. A intervalles réguliers, les obsessions de Serebrennikov sur le corps dénudé d'hommes qu'il nous montre sans excès de pudeur, rythment le film sans que l'on en perçoive vraiment la pertinence. La reconstitution de l'époque est plus que limitée et il ne semble pas que l'on parle du même Saint-Petersbourg que celui qu'on avait aperçu dans le dernier Anna Karénine (Joe Wright) vu en CinémaScope...

La femme de Tchaïkovski est donc souvent, comme les films précédents du cinéaste russe, un véritable tour de force formel, que ce soit dans la mise en scène (ici aussi fluide que celle de La fièvre de Petrov était fiévreuse) que dans la photographie. Les longues cent quarante trois minutes que durent le film sont baignées d'une lumière iréelle, dans laquelle flotte la poussière de vieux greniers et le souvenir des temps passés.

Plus le film avance, plus le réalisateur se permet de fantaisies (plongées intégrales, plans séquences, chronologie bousculée), jusqu'à une fin d'un goût discutable à mon sens. En ce qui concerne l'histoire, elle est édifiante et sinistre : une jeune femme tombe amoureux du maître Tchaïkovski, qui préfère les hommes. Elle sera donc réduite à un rôle d'épouse-écran, jamais aimée et même humiliée par son génial salaud de mari, jusqu'à aborder les rives de la folie. Le sujet est intéressant, mais la sombre obstination de Serebrennikov à enfoncer plus bas que terre son héroïne esseulée rend le film un peu indigeste dans son masochisme forcené. Autrement dit, on en a vite marre de voir grandir l'aveuglement de la pauvre Antonina, merveilleusement jouée par l'actrice Alyona Mikhailova.

Tout est faux ou presque dans ce topic ! Le cadre, les noms sont vrais ...Mais qui ne sait pas que Tchaïkovski s'est marié pour essayer de jeter un voile sur son homosexualité ? Que deux mois après il faisait une tentative de suicide et qu'ils n'ont passé que quelques mois ensemble et encore !! On ne sait pas grand chose de cette femme sauf qu'elle lui avait ecrit une lettre passionnée (comme à d'autres hommes connus apparemment) menaçant de se suicider s'il ne la recevait et à fini sa vie pour des raisons inconnues dans un hôpital psychiatrique. Alors quel est le propos de Serebrennikov ? Pourquoi utiliser ces deux personnages qui n'ont quasiment jamais vécu ensemble ? Pour le nom ? La période qui lui permet de faire un film en costumes ? C'est grandiloquent mais creux. Belle image mais sans véritable propos. Quid de l'homosexualité du compositeur ?

 

 

 

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