Fiche 2758
| n°2758 | |
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" L'aîné
des Ferchaux "
(1963)-(Fr)-(1h42) - Aventure, Policier, Drame
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Synopsis
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Un banquier doit fuir la France, afin de s'installer en Amérique. Il engage un boxeur raté comme chauffeur et garde du corps, et entretient avec ce dernier des rapports violents et étranges.
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Critiques Presse
bonnes moyennes mauvaises critiques nd
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Critiques Spectateurs bonnes moyennes mauvaises
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Je suis en train de me demander si les "films de route" ne sont tout simplement pas le meilleur du genre dans le cinéma. Le cheminement du corps avec celui de la pensée, les rencontres, la variété des plans, des mouvements de caméra et des histoires nouvelles à chaque lieu. Un très bon film de ce duo d'acteurs exceptionnels. Adapté d'un roman de Georges Simenon, L'aîné des Ferchaux est un film absolument sublime. L'histoire, qui se déroule entre Paris, New York et La Nouvelle Orléans, offre à Jean-Pierre Melville la possibilité d'exprimer sa fascination pour les Etats-Unis et le cinéma américain comme jamais. Sa mise en scène est juste géniale, comme d'habitude : plans merveilleux, décors envoûtants, jeux de lumière magnifiques. Ce face-à-face psychologique intense entre deux hommes qui n'étaient pas prédestinés à se croiser mais qui vont avoir besoin l'un de l'autre à un moment de leur vie – un vieux banquier véreux fuyant la France et un jeune voyou sans le sou – est superbement porté par Charles Vanel et Jean-Paul Belmondo. Et comment ne pas mentionner la musique sublime de Georges Delerue, dont les douces mélodies accompagnent cette œuvre avec une grande sensibilité ? Beaucoup d'originalité dans le propos, dans le regard sans concession porté sur ses deux tragiques personnages d'une lâcheté absolue et qui déambulent comme des fantômes finissant par être réduits à l'état de bête au coeur d'une jungle suintante. Ce que j’estimais auparavant désarticulé (la partie road-movie qui tranche avec le prologue - à mon avis extraordinaire -) me paraît aujourd'hui prendre tout son sens ; comme si Melville en faisant s'entrechoquer deux univers nous entraînait vers une même vision, noire et fatale, comparable à la brillance de Scarface qui n’est que le vernis de sa déchéance. Dans cette fuite en avant où les extérieurs ne sont que les reflets des intérieurs, il capte au passage comme dans un documentaire la maison où est né Sinatra, signe de deuil d’un monde en train de disparaître et illustration d’un rêve américain qui n’aura jamais lieu, tant pour ses personnages que pour Melville lui-même allant jusqu’à mettre en scène des Chevrolet sur l’autoroute du Sud…nLe cinéaste qui a emprunté son pseudonyme à l'auteur de Moby Dick, semble dans ce film désespéré faire un parallèle entre ses mythes et sa propre vision du monde, se calquant sur ses personnages comme dans la fameuse citation qu’il emprunta à Courteline dans L’armée des ombres : « Mauvais souvenirs soyez pourtant les bienvenus, vous êtes ma jeunesse lointaine ». La partition de Delerue, empreinte de nostalgie, est effectivement superbe. Ce n’est pas le meilleur Melville mais son cinémascope lui confère une réelle beauté, et sa liberté de langage une certaine modernité. "L'aîné des Ferchaux" est un polar comme sait si bien les faire le très talentueux Jean Pierre Melville. il Choisit dans nous emmenant dans un polar se transposant aux Etats Unis pour se transformer en sorte de road trip propre aux films que l'on fait outre atlantique. Une véritable déclaration d'amour aux films noirs hollywoodiens et autres buddy movies nous faisant découvrir la beauté de l'Amérique. Jean Paul Belmondo est excellent dans son rôle de commis pour un banquier d'affaire joué par Charles Vanel, acteur très connu pour "Le salaire de la peur". Un film réussi par le réalisateur français qui s'est déplacé aux Etats Unis pour faire un film hommage au cinéma américain qu'il aime tant.
Belmondo et Melville se retrouvent pour leur troisième et dernière collaboration. Il s'agit de la moins excellente. Le début est super, notamment la relation des deux personnages principaux, puis une fois arrivé en Louisiane la relation change, se détériore et le film avec. Dans l'absolu, un film moyen qu'il n'est pas nécessaire de connaître pour être heureux. Bon pour compléter sa connaissance de Melville, de Belmondo, de Vanel ou si vous vous ennuyez le dimanche, mais rien de plus. On sent ici que Melville profite de la beauté des Etats-Unis à travers un petit road-trip ensoleillé, mais on est scénaristiquement et artistiquement en bas de ses capacités. Le plaisir est neutre, l'ennui nous gratte un peu, mais une pincette d'un tas de petites choses nous garde attentif : principalement les personnages, l'histoire et le décors. Coché dans ma liste des trucs à voir, ce sera la dernière fois.
Je gardais un excellent souvenir de ce Melville, vu à plusieurs reprises lorsque j'étais enfant puis ado. Force est de constater que cette admiration était liée principalement aux deux interprètes principaux, "l'homme de Rio" en tête. Aujourd'hui, même si j'ai pris du plaisir à revoir le grand Charles Vanel dans un rôle taillé pour lui (pas si éloigné de celui qu'il tient dans le film de Clouzot), je trouve que la sauce ne prend plus. D'une part, l'évocation des Etats-Unis tient trop de la carte postale et on peine à ressentir la moiteur de la Louisiane ; d'autre part, la confrontation entre les deux vedettes tourne rapidement en rond et finit par lasser. Certes, Simenon est un auteur compliqué à adapter mais, peut-être par respect excessif, Melville ne parvient jamais à créer l'ambiance sulfureuse à laquelle prétend le scénario. On retiendra la bonne prestation de Vanel et l'assez bonne de Belmondo, même si on leur fait dire des âneries (la réplique en référence à Brutus est à mourir de rire au second degré. Les autres acteurs sont transparents, quant aux femmes, on se demande si elles intéressent Melville !. Mais parlons du film, on croit être parti pour un polar mais ce n'est pas vraiment ça, alors un film sur l'évolution entre un homme et son employeur, ici cette évolution au lieu d'être graduelle parait artificielle, non maîtrisée, la même année Losey sortait The Servant, et il n'y a pas photo,) de plus il faut faire avec les séquences et les plans inutiles, des invraisemblances, des passages incompréhensibles, et ces longueurs qui ne génèrent que l'ennui, et en plus c'est réac (Belmondo qui se permet de reprocher à Vanel d'entretenir des femmes, alors que lui-même est abject avec sa petite amie) Quant à la fin… bof ! Un film assez décevant de la part de Jean-Pierre Melville, malgré une très belle photographie. On n’est pas réellement passionné par son intrigue. Cela est peut-être une conséquence des relations conflictuelles entre le réalisateur et ses deux comédiens principaux : suite à une violente dispute (Belmondo gifla Melville), ces deux derniers quittèrent le tournage pour ne plus jamais y revenir, ce qui força le cinéaste à finir tant bien que mal le tournage sans eux. Ce film marque donc la dernière et moins intéressante collaboration entre Jean-Pierre Melville et Jean-Paul Belmondo (qui reprendra d'ailleurs le rôle de Charles Vanel dans une nouvelle version télévisée réalisée en 2001 par Bernard Stora).
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