CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2741 

 

 

n°2741
 
" Limonov, la ballade "

 

 

(2024)-(Fr;It,Esp)-(2h18)  -      Drame, Biopic  

 

Réal. :     Kirill  Sebrennikov  

 

 

Acteurs:  B.Whishaw, V.Miroshnichenko,T.Arana  ...

 

Synopsis

 

 

Militant révolutionnaire, dandy, voyou, majordome ou sans abri, il fut tout à la fois un poète enragé et belliqueux, un agitateur politique et le romancier de sa propre grandeur. La vie d’Edouard Limonov, telle une traînée de soufre, est une ballade à travers les rues agitées de Moscou et les gratte-ciels de New-York, des ruelles de Paris au coeur des geôles de Sibérie pendant la seconde moitié du XXe siècle.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Une ballade cinématographique chaotique, d’une folle inventivité visuelle.

Ben Whishaw fou, sexy et monstrueux en personnage éminemment dostoïevskien.

La matière est là, bouillonnante, le cinéaste la transforme en grand spectacle punk et marginal, grandiloquent comme le personnage de Limonov, et il faut s’accrocher à son fauteuil pour suivre le rythme à travers des audaces cinématographiques folles comme deux plans-séquence qui feront date.

Suivant à la trace les différentes étapes de la vie de cet insaisissable punk à l’ego surdimensionné, le film semble célébrer ce personnage sans limites, opportuniste et violent. En enlevant le personnage du témoin admiratif mais inquiet qu'incarnait Emmanuel Carrère dans son livre, le cinéaste laisse du coup en suspend la question de ses intentions et de son propre point de vue sur cet homme trouble.

Se dessine néanmoins le portrait d’un Zelig de la fin du XXe siècle, d’une âme russe monstrueuse, symptomatique de plusieurs décennies de fourvoiements idéologiques ayant mené à Poutine et incarnée avec une détermination trouble par le caméléonesque (et britannique !) Ben Whishaw.

Tiré du livre d’Emmanuel Carrère, le film de Kirill Serebrennikov peine à restituer la vie sulfureuse de l’écrivain russe.

Le film ne trouve pas le point de vue qui l’éloignerait du tout-venant des biopics, habilement mais un peu superficiellement troussé.

Pas de distance critique chez le cinéaste ; on sent au contraire chez lui une forme d’empathie doublée d’une volonté de rendre l’auteur cool, jusque dans son virage crypto-fasciste des années 2000.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Le formalisme du réalisateur de Limonov lui attire régulièrement les propos les plus critiques. Sous un certain angle, cette débauche d'effets de mise en scène peut aisément passer pour de la prétention, et peut-être en est-ce d'ailleurs... La forme chez Kiril Serebrennikov écrase parfois (souvent ?) le fond. Avec Leto, le cinéaste russe en exil avait trouvé l'équilibre parfait, et il dépeignait avec une douce et enivrante nostalgie la disparition d'un certain monde russe des années 1980. La Fièvre de Petrov se trouvait déséquilibré par une invention formelle qui faisait éclater un récit d'ailleurs sans doute trop ténu. De la Femme de Tchaikovski, on se souvient de scènes éblouissantes, mais aussi d'un récit linéaire assez conventionnel. Il m'a semblé que Limonov la ballade retrouvait un certain équilibre, mais pour dépeindre un personnage à l'antithèse complète des aimables protagonistes de Leto. La fulgurance et le foisonnement de la mise en scène du cinéaste paraissent correspondre à la trajectoire de ce total insoumis, circulant de Russie en USA en passant par la France. La virtuosité kaléidoscopique du film trouve une parfaite incarnation dans la performance hors normes de Ben Whishaw. Et pourtant le cinéaste et le comédien suivent les pas d'un individu détestable, vaniteux, provocateur, violent parfois, d'un cynisme sans limite, basculant progressivement vers la plus extrême radicalité politique. Mais dès lors qu'on saisit la démarche et qu'on l'accepte, cette trajectoire est très intéressante à suivre. D'autant que jamais il ne m'a semblé que Kiril Serebrennikov ne faisait preuve de complaisance vis-à-vis de son personnage ; il fait état de son fonctionnement, et de son évolution, voilà tout.
On lit dans la presse beaucoup de reproches sur le fait que le film soit intégralement en anglais, et non pas alternativement en russe, anglais et français (voire ukrainien), selon le contexte. Mais peut-être y a-t-il un double enjeu derrière ce choix ? Le premier serait de faire appel à un comédien exceptionnel (Whishaw) sans lui imposer un doublage ou une expression en russe qu'il ne maîtrise pas forcément. Et surtout, tout mettre en anglais, c'est s'assurer une couverture internationale efficace (surtout aux USA). Or tout indique que par la trajectoire de ce provocateur, Kiril Serebrennikov cherche à nous alerter sur ce qu'est devenue la Russie et la menace (vitale...) explicite et évidente qu'elle constitue pour le reste du monde. Certaines répliques résonneront avec effroi dans quelques années, si jamais cela dégénère... Et le film sera alors considéré comme totalement visionnaire.

C’est magnifiquement filmé avec des nuances inspirées des thèmes et de la lumière de Dame Goldin. La trame du film et donc son découpage constituent une nouveauté qui mérite d’aller voir le film. En ce qui concerne la vie de ce qui est une petite frappe puis un personnage dangereux et peu fréquentable, on en savait quelque chose par le livre du Manu (Carrère d’) qui intervient dans le film dans une intelligente autocritique de lui-même en interviewer occidental. Film mal reçu alors qu’il est meilleur selon moi que les précédents tournés par le Kiril.

 

Un peu déçu par le début du film, ses frasques sexuelles incessantes, presque toute la première heure, je dois dire que la seconde heure rattrape car beaucoup plus politique, et sociétale, on peut dire que l’écrivain a tout essayer, c’était un anarchiste, un poète qui ne tenait à rien d’autre qu’à rester libre, quitte à se servir d’armes, quitte à semer le chaos….Bref sa vie ne peut laisser indifférent, d’autant qu’à la fin, elle rejoint l’actualité de la Russie et de l’Ukraine, je conseille sans insister car la première heure est un peu ennuyeuse…..

Comme beaucoup de gens, je suis un peu déçu par le portrait d’Edouard Limonov qui est fait par Kirill Serebrennikov. Il se concentre sur le côté poète punk et loseur magnifique de l’écrivain russe, nous le rendant plutôt sympathique… Tout en omettant le combat qu’il a mené en ex-Yougoslavie aux côtés des génocidaires serbes et en passant très vite sur le parti rouge-brun qu’il a créé et dirigé en Russie : le Parti national-bolchévique. Si la mise en scène de Serebrennikov est inspirée et généreuse, il est dommage qu’il n’ait pas su restituer toutes les ambiguités et les contradictions de cet homme peu recommandable, en en faisant une sorte d’artiste torturé et autodestructeur, sans traiter les aspects les plus sombres et les plus troubles de sa personnalité… Saluons tout de même la performance de Ben Whishaw, qui est excellent dans le rôle de Limonov.

 

Il était une fois un réalisateur russe dont le film "Le disciple" était arrivé sans tambour ni trompette au Festival de Cannes 2016 dans la sélection Un Certain Regard, un film qui, par la force de son discours, avait convaincu les spectateurs qu’un bel avenir se présentait devant ce réalisateur. Ce réalisateur a pour nom Kirill Serebrennikov, il avait 46 ans à l’époque et "Le disciple" était son premier film à atteindre les écrans français. Est-ce le fait que, depuis, tous les films que Kirill Serebrennikov a réalisés, "Leto", "La fièvre de Petrov", "La Femme de Tchaïkovski" et, cette année, "Limonov, la ballade", ont été systématiquement appelés à concourir dans la compétition officielle du Festival de Cannes qui a donné la grosse tête à ce réalisateur, toujours est-il qu’il nous « offre » des films de plus en plus prétentieux, tant au niveau du fond que de la forme.

Je n’ai jamais réussi à entrer dans le film malgré sa belle énergie, son esprit irrévérencieux , sa mise en scène enlevée . Je n’arrive pas à croire à Ben wishaw en Liminov. Je le vois constamment jouer, forcer sa voix, ses mimiques mais aurais je eu les même réticences s’il avait parlé russe?? Car là est le véritable problème ! Ce qui m’a constamment éloignée du film: insupportable d’entendre tout le long du film les acteurs parler en anglais avec un accent russe. Cela m’oppressait!! Quand Limonov est aux usa je veux bien!! Mais tous les moments en Russie, où entre russes sont insupportables. Je n’ai pas réussi à faire abstraction. L’âme russe n’y est pas. L’acteur n’en n’a pas la force, la brutalité intérieure , le charisme, ni la crédibilité du fait qu’il parle tout le temps anglais!!

J’aime beaucoup Serebrennikov, son côté panoramique qui l’amène à mettre en scène opéras, pièces de théâtre et films, et son doigt d’honneur permanent au pouvoir russe qui l’amène à vivre dorénavant à Berlin pour des raisons de sécurité. Mais je n’ai pas réussi à rentrer dans ce film tiré du roman d’Emmanuel Carrere. Trop kaléidoscopique, trop foutraque, même si le message politique est évident et fait écho à son réalisateur cette œuvre est d’une certaine manière trop libre. Pas assez maîtrisée.

 

 

 

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