CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2698 

 

 

n°2698
 
" Les Fantômes "

 

 

(2024)-(Fr,All,Be)-(1h46)  -      Drame, Thriller   

 

Réal. :     Jonathan  Millet   

 

 

Acteurs:  A.Bessa, T.Barhom, J. Franz Richter ...

 

Synopsis

 

 

Hamid est membre d’une organisation secrète qui traque les criminels de guerre syriens cachés en Europe. Sa quête le mène à Strasbourg sur la piste de son ancien bourreau.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Un premier long métrage stupéfiant de maîtrise, d’intelligence et de subtilité.

Avec un sens consommé de la structure dramatique, Jonathan Millet réussit un suspense au cordeau en même temps qu'une étude mélancolique et profonde des traces que laisse le trauma sur la personnalité. La naissance d'un cinéaste à suivre absolument.

Premier long-métrage de fiction de Jonathan Millet, Les Fantômes est une plongée dans le réel dans ce qu'il a de plus violent et brutal. Le réalisateur de 38 ans, venu du documentaire, a imaginé un thriller saisissant, une fiction donc, pour entrer de plein fouet dans l'histoire récente de la guerre en Syrie.

Le film de Jonathan Millet se révèle un thriller d’espionnage sensoriel, mais aussi une réflexion intime sur le deuil, la vengeance, la quête obsessionnelle, fragile et sans fin. On admire la précision clinique du récit (pas si loin de l’ambiance du Bureau des légendes) et l’interprétation magnétique du comédien franco-tunisien Adam Bessa.

Jonathan Millet signe un thriller lent, très sombre, mais particulièrement saisissant.

Pour ses débuts dans le cinéma de fiction, Jonathan Millet frappe fort. Dans son premier long-métrage captivant, l’ex-documentariste met en scène un jeune Syrien qui, à Strasbourg, traque un homme qu’il soupçonne d’avoir été son tortionnaire dans son pays natal. Un film à ne rater sous aucun prétexte.

Sonder cette matière bouillonnant sous un crâne (désir de justice, violence encaissée, plaies à demi refermées : la douleur-fantôme, en somme) sans percer la surface et en se tenant à l’extérieur : si elle s’estompe un peu une fois l’adversaire enfin dévisagé, cette foi dans la possibilité de tout miser sur le dehors d’un visage est le fil singulier par lequel Les Fantômes est maintenu sous tension.

De ce récit de deuil, Jonathan Millet tire une enquête à la lisière du film d’espionnage, mais qui repose sur une structure et des effets rebattus.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Attention grand film d'espionnage. Hamid traque son bourreau alors qu'il n'a jamais vu son visage, il doit se fier à son ouïe et son odorat pour le retrouver. Un thriller sensoriel qui avec pourtant pas grand chose réussit à maintenir la pression du premier plan jusqu'au dernier. Une réussite époustouflante pour un premier film habité.

De tension, il en est constamment question dans Les Fantômes, avec son héros syrien, survivant et exilé, aux prises avec un deuil personnel et un désir de vengeance qui rejoint une quête collective de victimes traumatisées. Mais cette tension ne se matérialise non pas par la violence mais par des états d'âme difficiles à maîtriser, pour une traque à l'encontre d'un bourreau en fuite. Il n'est pas interdit de penser aux rares films d'espionnage français, comme Les Patriotes de Eric Rochant, avec un côté implacable et une sorte de sécheresse de ton qui n'autorise l'émotion qu'à quelques moments-clés, bien entendu liés à la psychologie, fragile malgré les apparences, des bons de l'histoire. Ce qui est le plus marquant, dans Les Fantômes est l"évocation de l'horreur des tortures, non par des images de flashbacks signifiants, mais par des éléments sonores, le procédé s'étendant même à l'organisation et à la logistique de la traque aux monstres. Les Fantômes est un thriller spécial, original sur le fond, avec son immédiateté historique, mais aussi sur la forme, qui ne tutoie certes pas la perfection, mais qui a le mérite de choisir une ligne narrative et de s'y tenir, avec en sus une superbe conclusion,qui remet la balle au centre sur les éternelles questions de la vengeance et de la justice.

C'est un film de filatures, un nouveau genre... Notre filateur principal, Hamid (ou Bechir, ou Hassan ou Mohammed,...) ressemblant à Tahar RAHIM, est discret, tenace, guidé par ses démons du passé en Syrie... Il est en mission mais on ne le saura que plus tard. La traque est lente, longue, alimentée par des témoignages audio aux détails terribles. Un long échange improvisé à table dans un bistrot strasbourgeois, sera un moment fort : Harfaz est peut-être un tortionnaire mais il le cache bien et le suspense est total jusqu'à la fin pour connaître le verdict sur son hypothétique culpabilité. Passionnant!

Un premier film d’une totale maitrise pour Jonathan Millet qui vient du documentaire. Ce qu’il devait faire avec ce sujet à la base. Sa mise en scène en puissante, son scénario tout autant et en plein dans l’actualité. Fait autant de dialogues percutants que de gestes et de regards. Le tout est aussi fort que subtil. Une très belle interprétation à la tête de laquelle Adam Bessa brille. Il est formidable et tient tout le film sur ses épaules. Le tout est parfaitement ficelé et nous tient en haleine d’un bout à l’autre. Un acteur et un réalisateur à suivre assurément. Un excellent résultat pour leur travail commun. Puissant

 

Jonathan Millet choisit de ne rien montrer par l'image ce qui est à la fois le bon et le défaut du film. En effet la violence inhérente à la guerre et à la torture est évoquée par des enregistrements ou les dialogues ce qui appuie les failles post-traumatiques de Hamid/Bessa, mais en même temps on ne peut comprendre que de très loin ce qui pousse à croire que sa cible est bel et bien le tortionnaire. Ainsi la voix ou l'odeur de cet étudiant qui semble bien sous tous rapports restent des indices faibles voir même ridicules qui ne seraient pas recevables dans un tribunal sans preuves plus concrètes. Le scénario instaure en fait une facilité narrative aussi ennuyeuse qu'ennuyante puisque vu le speech on ne va évidemment pas nous faire croire à une erreur psychotique du héros ce qui biaiserait le propos derrière et donc tue dans l'oeuf tout suspense alors même que les preuves sont plus que légères. Le véritable bémol reste la façon de travailler de Hamid/Bessa, pas très discret dans ses filatures et donc pas très crédible de croire que l'étudiant suspect ne le grille jamais sans compter quelques invraisemblances.... C'est un film intéressant mais trop inabouti pour convaincre pleinement.

 

On nous vend un film avec "un suspense au cordeau", "une tension de haute volée". Bah pas du tout en fait. C'est mou, soporifique et lent. Il ne se passe quasi rien de tout le film. Adam Bessa fait la même tête de tout le film (de tous ses films d'ailleurs) mi-pensif, mi-perdu. Et au bout d'un moment on en peux plus de son personnage. C'est une sorte de bureau des légendes mais en bien moins réussi.

Le film est décevant dans le sens où l'on s'attendait à une chasse au tortionnaire trépidante. Au lieu de tout cela, nous avons une chasse dont la minutie était prévisible mais pas autant avec l'œil collé au microscope de la filature. Or, pour nous décoller l'œil de ce microscope, Jonathan Millet, nous sert quelques scènes de l'intimité du "stalker". Mais pas suffisamment pour nous sortir de l'ennui. L'approche filmique de Millet, habitué au documentaire, s'avère un choix finalement peu heureux. Il nous plonge dans une enquête apathique, nous focalisant sur les motivations des "stalkers" en laissant totalement dans l'obscurité les raisons qui auraient amené les bourreaux du régime syrien à les persécuter. Millet trahit d'ailleurs sa propre approche documentariste. Il annonce, d'emblée, que son intrigue est "basée sur des faits réels", or il ne donne aucune précision sur la tournure juridique qu'a prise l'affaire.

J'attendais davantage de la confrontation entre les 2 acteurs principaux, d'un côté Barhom que j'ai découvert dans "La conspiration du Caire" et qui sera dans le prochain film de Terrence Malick. Et de l'autre Bessa vu dans "Tyler Rake" 1 et 2 "Harka", "Le prix du passage". Ce sont 2 acteurs de la même génération avec une carrière en devenir. L'autre gros problème à mon sens vient également du rythme du film dont la 1ere moitié est trop longue et propose des scènes trop redondantes dans leur construction, leur contenue... De plus Barhom est trop dans l'ombre, ça apporte peut-être une part de mystère mais le voir si peu alors qu'il joue si bien c'est un point négatif supplémentaire qui a achevé mon mécontentement vis à vis de ce film.

 

 

 

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