Fiche 2680
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" Voyage à
Tokyo "
(1953)-(Jap)-(2h16) - Drame
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Synopsis
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Un couple âgé entreprend un voyage pour rendre visite à ses enfants. D’abord accueillis avec les égards qui leur sont dus, les parents s’avèrent bientôt dérangeants. Seule Noriko, la veuve de leur fils mort à la guerre, semble réellement contente de les voir et trouve du temps à leur consacrer. Les enfants, quant à eux, se cotisent pour leur offrir un séjour dans la station thermale d’Atami, loin de Tokyo…
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Critiques Presse
bonnes moyennes mauvaises critiques nd
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Le Monde Le Parisien Le Journal du
dimanche
Les Inrockuptibles
L'Express
Télérama Cahiers
du Cinéma Positif
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Plus que jamais chez Ozu, le travail du temps est à l’œuvre. L'universalité des thèmes, alliés à la perfection de la mise en scène et à la rigueur descriptive de l'ensemble, offrent une quintessence du style d'Ozu, sans pour autant atteindre le degré d'austérité de ses opus en couleurs. Il a fallu le hasard d’une distribution à la sauvette pour que nous parvienne enfin ce Voyage à Tokyo dont la double perfection, fond et forme, tire des larmes, même à un critique chevronné. "Voyage à Tokyo" relate avec une précision poignante la délitescence d'une famille japonaise de la classe moyenne prise au piège de la société de consommation. Voici donc "Voyage à Tokyo", considéré par nombre de connaisseurs comme l'un des meilleurs films d'Ozu, sinon le meilleur. Il y a au cinéma les œuvres où il se passe beaucoup d’événements mais où rien ne se passe. Et puis il y a ceux plus rares qui laissent filtrer l’invisible. "Voyage à Tokyo" est de ceux-là. La modernité [d'Ozu] (ou sa nipponité ?) réside dans sa délicatesse de style, un mélange de douceur et d’acuité qui respecte chaque personnage dans toutes ses raisons. Ozu rejette bien plus que le "mélodrame" ou le "sensationnel", et le refus des événements exceptionnels entraîne le refus des personnages exceptionnels.
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Critiques Spectateurs bonnes moyennes mauvaises
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Beaucoup de Japonais considèrent qu�Ozu est le réalisateur qui incarne le mieux l�esprit de leur pays et de ses habitants. Cette façon de dire les choses presque sans avoir l�air de les dire, cette douceur des apparences sous laquelle pointe la cruauté du monde. C�est ce qui est le plus admirable dans ce "Voyage à Tôkyô". La tranquille assurance avec laquelle le cinéaste déroule son propos: l�arrivée de ce couple à la capitale, le décalage entre le Japon traditionnel qu�ils incarnent et la modernité dans laquelle leurs enfants sont immergés, la mesquinerie de ces derniers, l'approche de la mort... La précision, la vigueur et la finesse avec laquelle Ozu dessine chaque personnage est proprement ahurissante. C�est presque une démarche de peintre et de calligraphe... et comme dans toute bonne calligraphie, on sent le souffle de la vie circuler dans ces images. L�émotion est toujours là (le court face à face entre la grand-mère et son petit-fils !!!). La tendresse aussi, même pour les personnages les moins sympathiques. Et puis ces plans sur la ville, sur les trains, sur ce Japon qui se transforme à toute vitesse... Un peu étonnant, dans un tel contexte, que vers la fin apparaisse longuement en bas à droite de l�écran une publicité pour... Bridgestone ! Mais à ce degré de perfection, on est prêt à pardonner beaucoup. Un couple de sexagénaires vivant dans une petite ville de campagne se rend à Tokyo afin de rendre visite à leurs enfants. Seulement une fois sur places les dits enfants trop occupés par leurs propres vies voient l�arrivée de leurs parents comme un embarras? La famille, thème principal et récurent d�Ozu, est ici dépeinte dans toute sa modernité et dans le délabrement qui en résulte. Chacun vit à distance les uns des autres, et les joies des retrouvailles ne durent que le temps d�un souffle nostalgique avant que l�appel des obligations personnelles ne se fasse ressentir. La profonde détresse que ressentent ces personnages vieillissant face à la froideur de leurs propres enfants est poignante, imprégnant chaque instant d�une mélancolie douloureuse. Sans jamais user d�effets grandiloquents, Ozu se contente de les filmer avec de longs plans d�ensemble à hauteur de tatamis entrecoupés de plans rapprochés face caméra, laissant ainsi la place à l�expression du réel. Et cette réalité fait de plus en plus mal à mesure que grandit la solitude dans laquelle se retrouve relégué contre leur gré les deux seniors, finalement forcés de s�en aller chercher chaleur ailleurs avant de s�en retourner vers un chez eux qu�ils ne retrouveront pas. Car la paisible demeure qu�ils avaient quitté s�est transformé en antichambre de la mort, où seul persiste la froide attente qui les sépare du moment fatidique. Ozu montre avec dureté comment les enfants, après avoir drainé et absorbé, puis rejeté, la vie de leurs parents, les poussent eux-mêmes vers la mort, les désincarnant de force d�un monde qui ne veut plus d�eux. Terrible réalité fatalement promise à tout un chacun, où subsiste la rare lumière de quelques êtres moins égoïstes que les autres, mais finalement obligés de s�en aller vers leur vie et de laisser les vieux aller vers leur mort. C'est un grand film aux valeurs universelles, cette famille décrite dans ce film est aussi la notre, ce film possède une grande puissance, quelque chose de fort. Quelque chose de magnifique, on ne ressent à aucun moment la longueur du film, les plans fixes sont subtiles et l'absence de musique ne se remarque que lorsqu'Ozu pense à en ajouter. Vraiment un très beau film. Une autre merveille d'Ozu : précis jusqu'à l'extrême, minutieux jusqu'à l’obsessionnel, simple autant que beau, coulant doucement comme les jours qu'il décrit et décrivant avec tendresse mais néanmoins justesse la société qu'il croque. Le fameux plan au ras du sol est parfaitement maîtrisé par son inventeur et son style statique est au sommet. A recommander avec Ukigusa (la deuxième version) et Le Gout du Saké.
Possédant une filmographie impressionnante, Ozu n'est pas comme Kurosawa : il est plutôt le cinéaste de l'intimiste, où la famille et l'émotion sont primordiales dans ses histoires. Lorsqu'on regarde ce film, on est frappé par le choix du cadre qui est très intéressant : Ozu utilise à fond le surcadrage, caméra posée sur le sol, qui donne une vue sur plusieurs pièces à la fois et pour finir sur la rue ou un paysage. Il n'hésite pas à planter la caméra dans chaque pièce afin que le spectateur se sente comme chez lui, où toutes les allées et venues des personnages sont montrées ; cela ressemble au concept de la télé-réalité ( en plus digne ), où le spectateur est lui-même maître des lieux et rentre dans l'intimité des personnages. Ses cadres extérieurs sont encore fixes et renvoient au design de carte postale. Ce qui cloche avec Ozu, c'est sa difficulté à créer un rythme, surtout dans une histoire ne concernant que la famille. Il y a bien un conflit entre générations, mais le cinéaste donne une lente cadence au film, ce à quoi le spectateur a du mal à suivre et son attention devient fantômatique. Le jeu d'acteur est également un peu responsable de cette lenteur, sans être vraiment juste. Le film d'Ozu est à voir essentiellement pour sa construction du cadre, mais pour ce qui est de la narration il est assez moyen. Largement considéré comme un classique du cinéma, "Voyage à Tokyo" est aussi le film qui a fait connaitre Ozu et son oeuvre en occident. On y retrouve le style personnel du cinéaste japonais avec, entres autres, ses fameux plans fixes à hauteur de tatami. Ozu reprend une nouvelle fois des thèmes qui lui sont chers à savoir la famille et plus précisément la fin du système familial traditionnel nippon. Cette problématique s'exprime aussi par les différentes dualités existantes à son époque: rural/urbain, modernité/tradition, incompréhension entre chaque génération,... Il faut donc vraiment aimer le style d'Ozu pour apprécier ce "Voyage à Tokyo" et être sensible à aux ambiances qu'il met en place dans ses films. Ce n'est malheureusement pas mon cas. Son cinéma ne me touche pas et ne me captive pas totalement. Les lenteurs se transforment parfois en longueurs et l'intrigue, plutôt inégale, n'est pas toujours intéressante. Une œuvre surcotée pour ma part mais la réflexion dégagée mérite une attention.
"Voyage à Tokyo" est une authentique leçon de statisme, un tableau social qui s'étire sur 2h20, sans rythme, sans action et sans mouvement. L'ensemble se veut contemplatif, mélancolique, beau... un somnifère quoi! Une de ces "perles pures" qui ne sortent jamais des cercles de cinéphiles, qui ne retiennent que l'attention des gens éduqués, faute de savoir divertir. Personnellement, j'aurais toujours du mal avec ce cinéma "d'élites".
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