Fiche 2672
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" Le
désert rouge "
(1964)-(It,Fr)-(2h00) - Drame
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Synopsis
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Mariée à un riche ingénieur, Giuliana est sujette à de fréquentes crises d’angoisse. Dans la banlieue industrielle de Ravenne, elle cherche le réconfort auprès de Corrado, un collègue de son mari venu recruter de la main-d’œuvre...
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Encore un chef d'oeuvre du grand Michelangelo Antonioni. Il s'agit là d'une oeuvre plastique, d'une succession de peintures animées et ravissantes...Pourtant, nous ne sommes pas au musée mais bel et bien au cinéma . Pour son premier film en couleurs, le réalisateur italien a fait fort : en donnant chair aux détails les plus insignifiants, il signe l'un de ses films les plus profonds et les plus tristes : perfection de la chevelure flamboyante de Monica Vitti ( son meilleur rôle avec L'Eclipse ), manteau vert faisant figure de mirage dans l'immensité grise des usines, séquence éphémère dans laquelle une jeune femme s'allonge sur le sable rouge...Ici, les couleurs ont leur sens, il ne s'agit pas d'un simple caprice de modernité. Le Désert Rouge traite en partie des affects et des attaches, d'un homme voyageur et d'une femme sans repères. En cela, le travail d'Antonioni sur les contrastes est prodigieux. Aucunement illustratif et toujours subtil, ce chef d'oeuvre est donc une splendeur visuelle doublée d'une invitation à la méditation. Monica Vitti, plus désespérée que jamais, est extraordinaire. L'un des meilleurs films d'Antonioni. Après la trilogie de l'incommunicabilité, Michelangelo Antonioni passe à la couleur avec "Le Désert Rouge", film déroutant et abstrait qui met en scène un personnage totalement désespéré (Giuliana), interprété par la magnifique Monica Vitti. Alors que les précédents films du maître italien se focalisaient sur une incapacité des êtres à communiquer entre eux, celui-ci est plutôt la représentation d'une difficulté à vivre dans un monde incompréhensible et nuisible. Si Corrado (Richard Harris) semble pouvoir évacuer son malaise en voyageant sans cesse, en échappant donc à un décor uniforme, Giuliana ne trouve pas d'issue, condamnée à errer dans un monde pollué par l'expansion des zones industrielles, qui inspirent pourtant fortement Antonioni sur un plan architectural - et donc cinématographique. Le désespoir de Giuliana contamine les lieux dans lesquels elle évolue, il ne contraste avec le monde que par sa veste verte qu'elle porte au début et à la toute fin du film; hormis cet écart, sa chevelure fait écho au bois rouge de la cabane dans laquelle elle se trouve avec certaines connaissances et dans sa maison où, pendant une nuit d'amour qui engendre la séparation avec son amant, sa vision est absorbée par un rouge perçant et artificiel au-dessus d'elle. Giuliana doit se résoudre à accepter son état de dépression perpétuelle et dans son rêve de liberté qu'elle évoque à travers une histoire qu'elle raconte à son fils (une jeune fille vivant seule sur une plage déserte et qui soudain entend un bruit continu qu'elle ne peut localiser), réside l'idée que le bonheur est illusoire et que même dans le lieu le plus idyllique qui soit, l'harmonie sera toujours brisée par un événement irrationnel. Peut-être le film le plus sombre d’Antonioni, « Le Désert Rouge » est une œuvre exigeante au fort pouvoir de fascination, une pièce importante dans la filmographie du cinéaste. De tous les films d'Antonioni, "Il deserto rosso" (1964) est peut-être celui par lequel mon coeur est le plus vivement chaviré. Et cela parce qu'il constitue le point d'aboutissement de cette courte et fulgurante période créatrice qui commence en 1960 avec "L'Avventura" et qui voit le réalisateur italien produire ses ouvrages esthétiquement les plus radicaux et les plus purs. À partir de "Blow up", il s'orientera vers un cinéma, certes de qualité, mais davantage en phase avec les attentes du grand public. Cela n'est pas un mal en soi, mais explique que ses partis pris ne s'y retrouvent plus avec la même acuité. Pour ce qui est du contenu, "Le désert rouge" s'inscrit dans la continuité avec les films précédents. Il se présente comme l'exploration de l'âme d'une jeune femme dépressive en déphasage complet avec son entourage, et nous fait vivre de l'intérieur la vision convulsive qu'elle a du monde. La forme qui résulte de ce contenu et qui l'épouse à la perfection est d'une beauté sans pareille. Elle se distingue dans l'oeuvre du réalisateur par la découverte éblouie de la couleur. Et cette découverte s'opère, comme chez tous les grands réalisateurs (on songe ici à Fellini, à Ozu, à Kurosawa, à Tati, à Godard, à Bergman, à Tarkovski...), sous le signe de la responsabilité la plus assumée. Si le cinéaste fait usage de la couleur, il ne peut le faire avec désinvolture. Il ne s'agit pas de reproduire les couleurs naturelles triviales, mais d'inventer un monde nouveau aux mille teintes nouvelles. Antonioni compte certainement au rang de ces cinéastes qui ont su éviter le piège du naturalisme et on se surprend à rêver, à la vision des splendeurs du "Désert rouge", que nos contemporains puissent se souvenir un jour que la couleur était à la fois une chance et un danger! Premier film d'Antonioni en couleurs et sans conteste, l'un de ses meilleurs. D'une beauté visuelle splendide, les tons rouges, verts et jaunes notamment ou encore les plans en extérieur (Le paysage industriel désolé), on a l'impression de voir des fresques et peintures en images. Chaque plan est une merveille qui nous amène à nous poser des questions. Monica Vitti est formidable de justesse dans sa triste descente aux enfers. Une expérience esthétique unique.
Dans « Le Désert Rouge », la tragédie n’est qui prétexte pour sublimer l’horreur. Sorte d’épopée au cœur de la solitude dans une atmosphère industrielle et dévastée, ou une palette variée construit un tableau mal dans sa peau à travers les yeux de Monica Vitti, qui en dehors de sa beauté, saisit sur le bout des doigts la complexité de son personnage. Une héroïne perturbée, perturbante, distante, attachante, visible et invisible, dont Antonioni laisse planer l’ombre dans un déluge de couleurs et de pollutions qui ressemble à une vision quasi post-apocalyptique. Car dans ce désert rien n’est beau, le gris domine, les marécages sont jaunâtres et le brouillard repoussant et irréel.Plein d’ambiguïté, languissant, excellemment mis en scène, Antonioni exerce un véritable trip au sommet de l’angoisse existentielle et conduit à une œuvre morte dans l’âme qui aurait tout aussi bien pu avoir été réalisée par un Andrei Tarkovski ou encore Bergman. Mais loin des grands, Antonioni offre sa véritable personnalité à travers le plastique, mis en image par un sens de l’esthétique absolu, enivrant et brutal, presque insupportable au fur et à mesure d’être à la traine sans dévoiler sa longueur forcée et désespérée, aussi seule que cette sublime Monica Vitti, une sorte d’archétype de la douceur absolue et de la beauté italienne dans tout son éclat, qui lorsqu’elle raconte cette simple histoire devient aussi onirique de fascinante. Un très intéressant travail technique de la part de Michelangelo Antonioni... "Le Désert Rouge" brille par l'originalité et la force de sa narration, seulement, si la mise en scène est très bonne et les acteurs loin d'être mauvais (surtout Monica Vitti), le peu de contenu scenaristique, même s'il est magistralement traité, est parfois difficile a subir... Un film des plus intéressants, dans lequel la psychologie des personnages est extraordinairement bien étudiée, qui saura surement emmener très loin certains, mais qui m'a laissé un peu trop les pieds par-terre.
Il est de bon ton de tenir Antonioni comme un immense réalisateur et de considérer ses films comme des chefs d’oeuvre. C’est peut-être vrai. Antonioni est le cinéaste de la modernité, de la solitude, de l’incommunicabilité, du désarroi qui ronge les classes sociales enrichies par les Trente Glorieuses, de la difficulté des rapports homme-femme. Mais Antonioni est aussi le cinéaste revendiqué de l’ennui (comme Moravia qui en fit le titre d’un livre pas ennuyeux du tout). Le problème avec Antonioni est que son cinéma distille sciemment l’ennui. J’ai conscience du sacrilège que je commets en avouant m’être considérablement rasé devant le Désert rouge, comme je m’étais déjà rasé devant "L’Avventura", "La Nuit" ou "L’Eclipse". La lecture de l’immense Jacques Lourcelles m’a désinhibé dont le "Dictionnaire du cinéma" n’a pas de mots assez durs pour Antonioni : « componction », « dialogues de photos-romans », « gravité solennelle », « glaciation de l’impuissance »…Monica Vitti a beau être « belle comme un papillon de jour, mystérieuse comme un papillon de nuit », sa beauté hiératique qui s’agite nerveusement en talons mi-hauts sur les rives boueuses du delta du Pô finit par lasser. Et la succession de longs plans fixes, aussi léchés soient-ils, a eu sur moi pour effet final de me plonger dans une somnolence que seul le générique de fin, après deux heures bien sonnées, a réussi à interrompre.
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