CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2656 

 

 

n°2656
 
" La porte du diable "

 

 

(1950)-(Am)-(1h24)  -      Western   

 

Réal. :     Anthony  Mann   

 

 

Acteurs:  R.Taylor, L.Calhern, P.Raymond ...

 

Synopsis

 

 

Au 19e siècle, un sergeant-major de l'armée fédérale est de retour dans son village natal. D'origine indienne, il est, malgré les récompenses obtenues au fil des ans, toujours mal considéré.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Cela aurait pu être un chef d’oeuvre tant il y a de magnifiques moments et tant la sincérité du réalisateur est grande. Il est une fois de plus regrettable que par instants le coté démonstratif domine et abîme l’art cinématographique. Mann a sans doute voulu trop bien faire comme c’est souvent le cas lorsque le sujet est trop fort et le passé trop lourd. C’était son premier western, il saura par la suite moins s’investir dans la morale, montrer davantage et donner plus priorité aux espaces et aux déplacements. Il nous gratifiera alors de purs bijou du septième art. Le fait que le sujet de ce film soit désespéré rend un vibrant hommage à la vérité, la nature conquérante de l’homme n’est pas à son honneur, surtout lorsque elle va aussi loin; nous le savons tous mais le voir rendu de cette façon est sacrement culpabilisant. La scène du baiser avorté est une des plus belle idée dans l’oeuvre de Mann et le couple Lance Pool / Anne Masters est d’une tenue exemplaire. A ma connaissance aucun western n’a rendu avec autant de force le problème indien .

Ce premier western de Mann n’est peut-être pas un chef d’œuvre mais à mon sens il vaut largement Winchester 73. Je suis peut-être mal placé pour juger n’étant pas un spécialiste du genre mais il me semble que les thèmes soulevés sont largement au niveau du film suivant de la tétralogie avec James Stewart. On voit que malgré la volonté affichée d’intégration (le héros a servi sous les couleurs de son pays) celle-ci demeure le plus souvent un vœu pieux. La prestation de Robert Taylor dans le rôle difficile d’un indien obligé de retourner à ses sources profondes à cause de la violence des blancs est tout à fait honorable. Louis Calhern fait un méchant détestable à souhait. Film certainement mésestimé qu’il est urgent de réhabiliter dans la filmographie de Mann.

Pour se replacer dans le contexte, la Porte du Diable est sorti la même année que la Flèche Brisée. Bien que très différents l'un de l'autre en ce qui est le ton et l'intrigue, ces deux films partageaient le meme but qui était de réhabiliter les Indiens. Toutefois, Anthony Mann opte pour une approche beaucoup plus dramatique que Delmer Daves. Alors que la Flèche Brisée apportait un espoir de paix, la conclusion de la Porte du Diable se révèle d'un étonnant pessimisme : en plus de la mort du héros, le monde des Indiens y est montré comme irrémédiablement voué à la disparition, sans espoir de survie. Evitant tout manichéisme, le film délivre sa morale avec une grande force dramatique qui doit beaucoup à la performance de Robert Taylor, par ailleurs si remarquable que l'on en oublie son physique peu crédible pour un personnage indien. Un vibrant hommage au monde indien disparu qui nous laisse avec un serrement à la gorge. Une des grandes réussites d'Anthony Mann.

Supérieur à "La flèche brisée" de Delmer Daves, pourtant très beau, mais qui véhicule une certaine utopie. Je crois qu'on est beaucoup plus proche de la réalité dans le film de Mann. Le conflit intérieur du personnage de Robert Taylor accentue la véritable violence de l'affrontement entre les nations, comme si les indiens étaient déjà irrémédiablement amenés vers leur déclin. Il y a des similitudes avec "Le sorcier du Rio Grande" de Charles M. Warren, moins brillant dans la mise en scène.

Un western à voir obligatoirement si on est fan du genre. Déjà pour les paysages du Wyoming absolument splendides! Ensuite l'histoire pas si commune à l'époque (et toujours pas vraiment actuellement) de mettre en scène le point de vue des indiens face à l'inévitable vague de colonisation. Ici le traitement est sans trop de concession. Si l'apport du personnage féminin n'est pas toujours pertinent il apporte une dimension tragique dans le dernier dialogue. Et puis on se sent vraiment révolté pour ce héros de guerre qui est en quelque sorte trahi par le gouvernement qu'il a défendu.

Anthony Mann frappait fort pour son premier western avec La Porte du diable, car rares sont les western de cette époque qui défendaient ouvertement la cause des Amérindiens et le vol de leurs terres lors de la conquête de l'Ouest. Pourtant, sa cause a beau être claire, Mann et Guy Trosper nuancent autant que possible le propos. Si il y a des racistes du côté des éleveurs blancs, leur comparaison avec Jeff Brook, le personnage principal et chef de sa tribu, provoque le sentiment escompté. Lui qui croyait aux lois et à la fraternité entre le peau rouge et l'homme blanc, la vague de xénophobie impulsés par l'avocat démagogue et la nécessité de devoir partager ses terres pour nourrir les bêtes et subsister le rendront tout aussi intraitable. Ce refus de l'écoute et du bon sens des deux côtés au nom de préceptes culturels (dont on nous laisse juger de la pertinence) n’amènera tout logiquement qu'à des débordements qui écartent à chaque coup de feu la possibilité de faire la paix et des concessions. L'avocate moderne rappellera constamment cette absurdité de l'appropriation d'une terre mourante qui se débat, ne pouvant amener qu'à des horreurs inutiles. L'un dira que l'aboutissement du conflit est une honte, un autre dira qu'il vaut mieux ne pas perdre de vue le plus important.

 

Ce film d'Anthony Mann est l'un des tout premiers westerns pro-indiens avec La flèche brisée de Delmer Daves, si Mann fera beaucoup mieux par la suite (L'homme de la plaine en tête), ce film reste intéressant à suivre surtout pour le contenue. S'il y a un manque de souffle et que le film est en noir et blanc (vraiment dommage car on ne peut pas apprécier les paysages), le scénario est bon. Les personnages sont très fouillés et non manichéens et l'histoire est réaliste. La porte du diable dénonce l'injustice et le racisme qu'a connu le peuple indiens, ce qui en fait un film forcément intéressant.

Injustice et racisme au menu de ce premier western d'Anthony mann, qui met en vedette Robert Taylor dans le rôle d'un indien (Lance Poole) ayant combattu pour son pays pendant la guerre de sécession mais qui découvre à son retour presqu'avec étonnement que, malgré tout, les choses n'ont pas changées : les indiens sont plus que jamais mal vus, d'autant plus ceux qui ont réussi. Les bergers, contraints à l'affrontement pour la survie de leurs troupeaux, ne sont que l'instrument d'une Amérique avide d'espace représentée par un Louis Calhern (l'avocat Verne Coolan) absolument odieux. Et ce ne sont pas les efforts de Paula Raymond, interprétant le rôle de Orrie Masters (l'avocate de Lance Poole), qui agit en quelque sorte en tant que médiateur, qui changeront la donne, l'obstination toute légitime de ce dernier à défendre son territoire le menant immanquablement à sa perte. Anthony Mann réalise un très beau western avec de superbes paysages (dommage qu'ils soient filmés en noir et blanc) et des scènes d'action efficaces et bien mises en scène.

 

 

Un western sombre et pessimiste qui dénonce le sort réservé aux Indiens d’Amérique, à travers le destin tragique d’un sergent d’origine indienne luttant pour la défense de ses terres, interprété par un Robert Taylor grimé et peu crédible.

 

 

 

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