CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2642 

 

 

n°2642
 
" Mes petites amoureuses "

 

 

(1974)-(Fr)-(2h03)  -      Comédie dramatique   

 

Réal. :     Jean  Eustache   

 

 

Acteurs:  I.Caven, D.Mascolo, M.Loeb ...

 

Synopsis

 

 

Daniel, est un jeune garçon taiseux qui observe les filles avec convoitise. Il est élevé par sa grand-mère, à la campagne. Quand il atteint l’âge de 13 ans, sa mère, qui vit avec un ouvrier agricole dans un tout petit appartement à Narbonne, décide de le prendre avec elle. Daniel arrête l’école à contrecœur et entre comme apprenti chez un mécanicien. Il se lie d’amitié avec d’autres ouvriers qui passent leur temps libre au café, à fumer et à échafauder des stratégies pour séduire les filles.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

  Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première    Ecran Large     Elle    Ouest France   L'Obs   Critikat.com   La Croix 

 

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Quand la France des années 70 redécouvrait la campagne, la ruralité plus exactement. Il y a eu quantité de films qui se placent sur ce même point ("La gueule ouverte" sorti la même année, "Moi, Pierre Rivière..." un peu plus tard) par des cinéastes profondément ancrés dans la culture de ce pays. Pourtant Eustache ne place pas ce film sous le signe d'une franchouillarderie inique, il charge d'une poésie rare les endroits les plus triviaux, place ses jeunes acteurs sous le chaperon de la cruauté, de l'accession au verbe, de la connaissance de l'être social. Le film est cruel, forcément, mais jamais sans le vouloir, et jamais de manière continue. Au bout d'un moment il efface sa propre dimension temporelle, on ne sait plus si le film dure 2 heures ou 4, on voudrait qu'il ne s'arrête jamais.

Dans Mes petites amoureuses Jean Eustache nous raconte une partie de son enfance, comment il a dû abandonner l'école, sa découverte du monde professionnel et surtout son rapport aux filles. Ce qui est formidable c'est qu'on se rend immédiatement compte que ce n'est pas un film aseptisé qui va être là pour se mettre en valeur. C'est même tout le contraire puisque dès le début du film on le voit en train de faire des attouchements à une fille pas franchement consentante lors de sa Première Communion. Le cadre est posé.Eustache ne s'interdit rien, mais ne juge pas non plus. Il n'est pas là en train de dire au spectateur quoi penser des agissements de son avatar. On se retrouve donc avec un film où clairement les mecs agissent de façon plus que limite avec les filles, se retrouvent au café pour les mater passer dans la rue, mais à aucun moment on ne sombre dans un rapport moral. Mes petites amoureuses raconte juste de quoi étaient faites les journées d'un gamin en province fin des années 40, début des années 50... (je suppose, le film étant assez hors du temps) ça sera donc au spectateur de se faire un avis sur ce qu'il voit et rien que pour ça, il y a un côté rafraichissant à ce film. Regarder Mes petites amoureuses, ce n'est pas être pris pour un con à qui il faut tout expliciter. Tant mieux ! (mais ça en fait un film qui ne pourrait peut-être plus sortir aujourd'hui).

Bref, tout le dispositif mis en place ici sonne tout simplement authentique et forcément ça parle au spectateur... et ceci même si la vie de Daniel n'est heureusement pas la nôtre (on ne peut étonnamment plus envoyer un gamin d'une dizaine d'années aller bosser chez un type de la famille, sans doute la faute au wokisme) Mes petites amoureuses est donc d'une grande justesse et arrive à capter ce que c'est que la fin de l'enfance et le début de l'adolescence, parce que justement il ne cherche pas à présenter son héros sous un angle positif ou moral.

Je découvre le cinéma de Jean Eustache avec Mes petites amoureuses, évocation en grande partie autobiographique du déménagement de Daniel à la ville et de son apprentissage des codes qui régissent la vie des adultes, notamment (mais pas exclusivement) en matière d'amour. Avec sa caméra discrète et son sujet qui rappelle un peu Pialat, le parti pris d'Eustache semble à première vue naturaliste ; pourtant, des dialogues à la réalisation, tout est en fait très écrit, réglé avec une précision d'orfèvre. On pourrait dire que Mes petites amoureuses ressemble à la vie, mais en plus beau. C'est donc un film très réussi qui laisse après son visionnage un sentiment diffus de joie teintée de nostalgie.

Monsieur Eustache, vous êtes parti bien tôt. Vous avez de quoi rendre nostalgique les générations suivantes...oui, je suis nostalgique. Quand on passe deux heures aussi merveilleuses, à suivre une histoire apparemment anodine, et regorgeant en fait de subtilité et d'authenticité, il y a de quoi regretter Truffaut et sa bande. Rien que pour sentir une atmosphère, une époque, le film vaut la peine. Tout y est authentique. Le jeune Martin Loeb est formidable dans sa capacité à en dire beaucoup en en faisant si peu. L'intrigue se déroule doucement, avec une intensité insoupçonnable, et une douceur un peu noire. On en sort bouleversé. On ne sait plus bien ce qui s'est passé exactement...mais on y était, oui, on y était. On a été témoin d'une vie pendant deux heures, et il est dur de s'en détacher après. Pas de complaisance, pas de déjà-vus, juste une histoire vraie, qui suit son cours, du début à la fin.

 

"Mes petites amoureuses" est un film tendrement cruel signé Jean Eustache, qui raconte ici les errances et les amourettes d'un adolescent, au milieu de ses désirs d'amourette et de recherche de soi-même. Un film bien plus profond et pertinent qu'on pourrait le croire, et donc à la durée de vie conséquente, seulement il a beaucoup vieilli dans le choix des costumes, des dialogues et des personnages. Ainsi, ce qui devait être un drame sur l'adolescence ne devient qu'un drame sur l'adolescence des années 70. Ça fait son charme et surtout se défauts. Pas décevant ni irritant, mais un peu rance tout de même.

Mes petites amoureuses, de Jean Eustache, semi-autobiographique, raconte un éveil aux sens, au monde du travail (et au cinéma) d'un jeune garçon empêché de poursuivre ses études. Entre Pessac et Narbonne, le cinéaste réalise une œuvre impressionniste, une suite de vignettes douce-amères, parfois commentées en voix off (pas nécessaire) et sans musique, après le Douce France de Trenet en ouverture. L'interprétation blanche des jeunes acteurs rappelle Bresson, le naturalisme n'est pas celui de Pialat (que l'on est ravi de voir interprète, même brièvement) et Nestor Almendros sait capter la lumière du sud de la France. Qu' Eustache n'ait pu tourner que 2 longs-métrages et une poignée de courts et de moyens est désolant.

Après le succès de "La Maman et la Putain", Jean Eustache tourne en 1974 "Mes petites amoureuses", son second et dernier long-métrage. Comme son prédécesseur et à l'image de l'ensemble de la filmographie du cinéaste, celui-ci possède une large portée autobiographique. Eustache conte ici une partie de son enfance, lorsqu'il était élevé par sa grand-mère et dut se diriger rapidement vers la vie active. Plus largement, c'est à une véritable peinture de l'adolescence naissante à laquelle se livre le cinéaste. Sa mise en scène est précise, ciselée et l'utilisation de la voix off s'avère pertinente. Cependant, si sa vision reste juste, le film finit par traîner en longueur. Le succès de ce second long sera d'ailleurs moindre et on en comprend les raisons : Eustache possède une excellente perception de cet âge marqué notamment par l'éveil des premiers émois amoureux, mais peine à insuffler un réel dynamisme à l'ensemble.

 

Le début semblait intéressant mais la lenteur de la deuxième partie m’a achevé. Comme la mère d’ailleurs qui préfère voir son fils végéter dans ce commerce ennuyeux….. Je n’ai pas été emballé. Sur le même thème il y a « le grand chemin » beaucoup plus dynamique et avec des acteurs de qualité.

 

 

 

Index Films

 

Sommaire  MAGALMA