CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2583 

 

 

n°2583
 
" Un monde "

 

 

(2021)-(Be)-(1h15)  -      Drame   

 

Réal. :     Laura  Wandel   

 

 

Acteurs:   M.Vanderbeque, G.Duret, K.Leklou...

 

Synopsis

 

 

Nora entre en primaire lorsqu’elle est confrontée au harcèlement dont son grand frère Abel est victime. Tiraillée entre son père qui l’incite à réagir, son besoin de s’intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Une plongée immersive, à hauteur d’enfant, dans le monde de l’école.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

  Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première    Ecran Large     Elle    Ouest France   L'Obs   Critikat.com   La Croix 

 

Ce que ce premier long métrage tenu de bout en bout nous dit du réel, sans jamais oublier de faire des images, d’être mouvement et son, est bien plus qu’un film à thèse, c’est une immersion, un voyage dans des sensations qui, bien que d’aujourd’hui, nous ramènent à notre enfance, à nos souvenirs et nos ressentis. C’est douloureux et poignant. Indispensable.

Porté par le regard attentif, précis et humaniste de Laura Wandel, incarné par des acteurs- enfants extraordinaires, Un Monde fait un sort à une vision disneyenne et bêtifiante de l’enfance. Dès le plus jeune âge, les gosses portent en charge à leur échelle les conflits de la société.

"Un monde" prend le spectateur par la main dès son ouverture et ne le lâche à aucun instant, happé par un récit fragmenté et immersif [...] Ce miroir-monde défile sous nos yeux à travers le récit intérieur de Nora magnifiquement interprété par la débutante Maya Vanderbeque.

Avec cette œuvre puissante, la cinéaste, d’une cour d’école, pose une loupe sur la violence de la société. C’est souvent dérangeant, toujours haletant et indubitablement brillant.

Il ne faut pas un plan entier pour être pris à la gorge par ce premier film qui fait d’une cour de récréation un monde aussi tumultueux que complexe.

Le film peut sembler parfois un peu théorique, mais la sensibilité et la rigueur avec lesquelles la réalisatrice Laura Wandel escorte son personnage donne au récit une densité poignante.

Il n'était peut-être pas utile de filmer tout cela avec une caméra à hauteur d'enfant, parti pris qui vire au procédé et dessert le propos d'un pessimisme lucide.

L’identification recherchée repose sur un principe d’isolement et de restriction : Nora n’est montrée qu’au sein de l’établissement, en particulier pendant les récréations, sans caractérisation psychologique extérieure ; la caméra s’en tient au point de vue de son corps timide qui évolue dans un environnement majoritairement flouté.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

1er film de la jeune cinéaste belge Laura Wandel, ces 75 minutes de vie scolaire vues à hauteur d’une petite fille de 6 ans sont tout simplement bouleversantes. Nora entre en primaire lorsqu’elle est confrontée au harcèlement dont son grand frère Abel est victime. Tiraillée entre son père qui l’incite à réagir, son besoin de s’intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Une plongée immersive, à hauteur d’enfant, dans le monde de l’école. Présenté à Cannes dans la sélection Un Certain Regard, ce drame ne sortira qu’en janvier 2022, mais il n’est jamais trop tôt pour parler de cette claque administrée par ce témoignage hors norme. Nommé 8 fois à Cannes, je pense honnêtement que ce drame aurait mérité un accessit pour l’originalité et la force de son propos. On sait peu de choses sur la genèse de ce film, mais le vécu paraît ici indéniable. Dans un huis clos étouffant, la caméra à l’épaule suit au plus près, - gros plan, et courte focale -, la petite Nora et nous fait partager ses souffrances, ses doutes, son conflit intérieur. Ce regard embué de larmes nous suit – que dis-je, nous poursuit - très longtemps après la sortie de la séance. La petite Maya Vanderbeque est absolument bouleversante … je n’ai pas de mots pour dire l’émotion qu’elle génère. Son « frère », Günter Duret est tout aussi convaincant. Les adultes Karim Leklou, Laura Verlinden, et beaucoup d’autres sont réduits à des rôles de silhouettes, de présences sonores hors-champ, tellement ils ont loin du drame vécu par cette petite fille inoubliable. Très fort !

Au cinéma, parler de l'enfance n'est jamais simple et souvent artificiel. Dans son premier long-métrage, la cinéaste belge Laura Wandel nous convie à une véritable immersion, d'un réalisme saisissant, dans le petit monde de l'école, principalement dans la cour de récréation, où les enjeux sont autrement plus cruciaux qu'il n'y parait, aux yeux d'adultes qui ont oublié leur propre expérience. Nora est la figure centrale de Un monde, témoin et actrice, et c'est à travers ses yeux et à sa (petite) hauteur que sont vus les jeux et drames d'un microcosme dans lequel elle doit trouver sa place, remettant en question sa relation avec son frère aîné, victime de harcèlement. Toute la violence de la société est déjà là, avec ses codes, sa hiérarchie et ses rapports de domination. Le corps enseignant, l'administration scolaire et les parents sont présents, en périphérie, mais ce ne sont pas eux qui expérimentent et ressentent la dureté de ce "vivre ensemble" qui passe parfois par la peur ou l'humiliation. Il y a des moments bouleversants dans Un monde, qu'ils soient de solitude, de rébellion ou d'abattement, au milieu d'un environnement saturé par le bruit de fond permanent de la cour de recréation (un travail admirable de l'équipe chargé du son). Le film ne dure que 73 minutes et laisse un peu frustré, tellement, malgré sa souffrance, on aimerait accompagner plus avant la petite Nora dans son apprentissage de la vie et, si possible, la voir enfin sourire. Maya Vanderbeque, 9 ans au moment du tournage, est d'une justesse incroyable dans un rôle pour le moins complexe et exigeant.

Dans son premier long-métrage, cette jeune réalisatrice belge a su parfaitement traduire cette histoire d’harcèlement à l’école. Elle s’est immergée dans ce monde de l’école à hauteur d’enfants et le casting des deux enfants est très réussi surtout la petite NORA qui est bouleversante. J’ai trouvé que la réalisation et le scénario de ce film sont bien maitrisés. Ce film peut faire l’objet d’un débat très intéressant comme j’ai pu le constater.

 

Film se mettant à la hauteur d'enfants pour nous parler du sujet du harcèlement scolaire. Les enfants jouent extrêmement bien durant toute la durée du film sans aucune fausse note, et c'est déjà une prouesse impressionnante. La réalisation est a travers les yeux d'un enfant, toujours sur un cadre rapproché, en laissant du flou autour pour ne se concentrer que sur une action particulière parfois où se concentrer sur le brouhaha ambiant. Il n'empêche que l'ennui apparaît parfois dans cet univers chaotique et dur qu'est la cour de récré. Le parti pris de filmer tout de façon rapprochée est cohérente par rapport aux personnages filmés, en l'occurrence des enfants, mais cela fait un peu mal à la tête au fur et à mesure. On aurait aimé prendre parfois du recul avec un adulte ou deux du film, tout en montrant justement la dissonance qu'il se crée entre les adultes et les enfants.

 

Un sujet, le harcèlement en milieu scolaire, encore qu’il ne s’agisse ici plutôt que de gamineries bêtes et méchantes d’où la passivité relative des adultes encadrants dans cette école, mais pas vraiment de scénario. Le parti-pris est de filmer, à hauteur d’enfant, en gros plan, sur fond d’image à dessein floue. De l’art de manier la caméra comme ça mais c’est lassant pour le regard du spectateur et le cinéma ce n’est pas ça. On aurait voulu, pour faire davantage œuvre de vulgarisation, d’éducation et de sensibilisation, que le sujet soit davantage développé au travers d’une narration, d’une mise en scène, d’un travail sur les ressorts (davantage est un euphémisme puisque rien de tout cela n’est développé !). La mise en scène se résume au regard d’une petite fille sur son frère en proie à des petits tyrans de cour de récréation, plus costauds et surtout querelleurs que lui et ayant l'avantage de la petite bande contre une victime isolée. C’est faire d’un enfant un souffre-douleur, c’est certain. Mais le harcèlement, le vrai, à cet âge-là c’est sans doute autre chose, davantage calculé, concerté et obéissant à des stratégies collectives de groupe. Ce dont aucune démonstration n’a été faite ici car ce n'était finalement pas... le sujet !

Tout le monde glose sur le fait que ce film est tourné « à hauteur d’enfants », c’est somme toute assez logique à moins de vouloir tourner tout un film en contre-plongée. Bref, rien de nouveau sous le soleil. En revanche, le fait qu’il soit filmé en plan serré dit davantage. On est enfermé au plus près des deux enfants, sans aucune contextualisation. Et tant mieux car lorsque contextualisation il y a, elle est caricaturale. Les adultes ne sont pas parfaits dans la vraie vie, mais ici, parents, personnels de l’Éducation nationale et enseignants font toutes les erreurs possibles dans ce genre de situations. On a du mal à y croire du coup. Dommage car le sujet, d’actualité, est essentiel et gagnerait à être davantage montré à nos têtes blondes.

Une noble cause ne donne pas nécessairement un bon film. La réalisatrice a sans doute pensé que le sujet, terrible et angoissant, suffirait à captiver et pourrait pallier le manque d'ambition. Ben non. Dès le départ, la petite fille Nora se montre crispante, et ça, c'est un très mauvais calcul : aucune empathie possible pour cette gosse. Ni pour aucun enfant du film, d'ailleurs. Quant aux adultes, presque toujours hors champ, ils sont veules, lâches, absents à leur mission d'éducation. Il n'y a donc personne à sauver ? Eh bien non, d'autant que les mécanismes du harcèlement ne sont même pas abordés. Ça valait bien la peine de prétendre illustrer un sujet tout en évitant soigneusement d'en parler un minimum. Ce qui me fait écrire que ce film est laid, dans sa forme comme dans son fond.

 

 

 

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