CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  663 

 

 

n°663
 
" Thérèse Desqueyroux "

 

 

(1962)-(Fr)(1h49)  -      Drame    

 

Réal. :     Georges Franju   

 

 

Acteurs:  E.Riva, P.Noiret, S.Frey ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Georges Franju possédait le sens des atmosphères insolites et donne ici une remarquable adaptation de "Thèrèse Desqueyroux" où l'on a le sentiment de capter, parfois, bien plus que des images et des sons: des senteurs, le chaud, le froid, le vent...En dècors naturels et en extérieurs, les municipalités de Bazas, Villandraut et Uzeste font place à Argelouse! Ici la nature au coeur des Landes est reine et la pinède, à première vue monotone, réserve bien des surprises à la rètine! Rare sont les actrices qui savent jouer de leur èclat pour éviter d'éblouir le spectateur, pour lui laisser voir le personnage! Et Emmanuelle Riva en épouse prisonnière du conformisme de sa belle-famille se ternit avec Thérèse Desqueyroux! Elle est juste, touchante, frémissante, dans le dans le dèsespoir comme dans la solitude ou l'enfermement! Libre, que souhaiter de plus ? ce n'est pas le ville de Pierre (excellent Philippe Noiret) que Thérèse chérit, c'est la forêt vivante qui s'y agite et que creuse des passions plus forcenées qu'aucune tempête! Le gémissement des pins d'Argelouse n'était émouvant que parce qu'on lui dit humain! C'est dire que tout est dans le dètail, les mots justes et précieux de François Mauriac, l'intonation exacte! Avec un souci de fidélité admirable, sublimé par une vibrante narration en voix-off et par une photo lumineusement triste de Christian Matras, Franju signe un oeuvre majeure du cinéma français avec la superbe musique de Maurice Jarre qu’il compose et dirige avec une sobriété exemplaire...

Georges Franju cinéaste rare met en scène en pleine Nouvelle Vague une adaptation du célèbre roman de François Mauriac « Thérèse Desqueyroux » (1927). Le film est très fidèle à l’œuvre de l’écrivain bordelais, ce dernier ayant activement participé à l’écriture du scénario aux côtés de Franju. C’est une peinture désabusée de la grande bourgeoisie provinciale que Mauriac connaît parfaitement pour en être le produit que propose « Thérèse Desqueyroux ». Pour son roman, Mauriac s’inspira d’un fait divers qui défraya la chronique à Bordeaux en 1906 (l’affaire Cannaby). C’est à travers le rite du mariage que Mauriac démontre l’immobilisme de cette bourgeoisie refermée sur elle-même qui préfère le plus souvent le renoncement à l’amour au risque de voir la fortune se disperser.

Une adaptation fidèle du roman de François Mauriac. Et pour cause : l'écrivain est coscénariste et dialoguiste du film. Ce qui donne une oeuvre très littéraire et classique, avec voix off et flash-back, à contre-courant de l'esprit "Nouvelle Vague" qui régnait alors. Mais la qualité est là, dans la précision du trait, dans la nuance du portrait de Thérèse Desqueyroux, qui s'inclut dans le tableau plus large d'une bourgeoisie de province. François Mauriac et Georges Franju, s'appuyant sur l'interprétation impressionnante d'Emmanuelle Riva, donnent naissance à l'écran à un personnage fort et ambigu, d'une intelligence froide et calculatrice, finalement vaincu par un milieu qui l'écrase.

Si l'on excepte quelques longueurs et baisses de rythme, cette adaptation du roman de Mauriac est donc une belle réussite, laissant une impression de lucidité acérée, douloureuse et infiniment amère. Philippe Noiret (très bon ici) retrouvera un autre rôle de châtelain, cette fois-ci débonnaire et aimable, trois plus tard, dans La Vie de château, de Jean-Paul Rappeneau.

Le jeu d'Emmanuelle Riva est magnifique, ses regards, ses gestes et ses dialogues cyniques et acérés rendent bien la psychologie de son personnage. Je comprend mieux pourquoi l'on considère cette grande actrice comme "la Thérèse Desqueyroux". Ses regards et ses silences trahissant une attente de mots d'amour ou de reconnaissance, voir sa lassitude sont superbement soulignés par Franju. Pour incarner le mari, Franju a choisi Philippe Noiret, qui livre une de ses plus belles performances des années 60, si ce n'est la plus belle de cette période. Il "incarne" le bourgeois provincial fermé, celui de la terre, dans toute sa splendeur, avec bonhomie, autorité naturelle et spontanéité. Il prouvera par la suite que ce genre de personnages, avec toutes les nuances que cela suppose, seront ses préférés dans sa carrière et parmi ses meilleurs.

Comme quoi parfois un grand livre peut faire un grand film. Superbe adaptation où toute la cruauté de Mauriac se retrouve. Cette vision de la bourgeoisie de Province est tout à fait abominable sous ces apparences de bienséance. Si tout le casting est parfait, Emmanuelle Riva dans le rôle titre est admirable, encore plus étonnante que dans son rôle mythique "Hiroshima mon amour".

 

La réalisation austère et théatrale gache une grande part du film, le reste est bon.

 

Après l'étonnant "Les yeux sans visage", j'avais été déçu par Franju... Mais là, avec Thérèse Desqueyroux, c'est une nouvelle déception et même un certain agacement. C'est difficile de ne pas comparer le film de Franju avec celui de Miller sorti récement... Et la comparaison n'est pas flatteuse pour le film de 1962. Il y a un vrai problème chez Franju, que j'avais déjà remarqué dans Judex, c'est la façon qu'il a de diriger les acteurs sur les dialogues. Emmanuelle Riva n'est pas une actrice dont je suis très fan (sacrilège, désolé, je le reconnais). Elle a une façon très particulière de clamer ses répliques qui me gènent. Dans Hiroshima mon amour, ça donnait au film quelque chose, mais là ça n'apporte rien (et dans Amour non plus au passage). Alors combiné avec Georges Franju, ça ne fait que renforcer un film impersonnel. Et puis Franju n'a pas vraiment d'idées de mise en scène. Il reprend le roman dans sa forme narrative (sous forme de flash back) mais comparé à l'ordre chronologique de Miller c'est beaucoup moins intéressant, beaucoup moins bien. Bref, pour le moment, je crois que je vais arrêter la filmographie de ce réalisateur.

Lors de la sortie du film de Claude Miller, ces messieurs dames de la critique avaient pour refrain "Pourquoi refaire Thérèse Desqueyroux" quand Franju et E. Riva, etc. etc. " Eh bien , après avoir vu le Franju (sur petit écran, il est vrai) on peut le trouver décevant, impeccable et académique (!).. La voix off est très démodée, le jeu d'E. Riva aussi, le procédé retour en arrière ringard, et la réalisation plate au possible. Seul Noiret tient le coup. Sinon, pour tout le reste, le dernier film de Cl Miller est bien supérieur! Le Franju fait incroyablement vieillot..

 

 

 

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